« Recruter des conducteurs handicapés ? Ce n’est pas un problème. »

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Des transporteurs du Rhône recrutent désormais des demandeurs d’emploi porteurs d’un handicap à des postes de conduite, grâce au centre de formation Marietton Pro qui organise leur sélection et leur qualification.

« Comme les transporteurs me disent toujours qu’ils ont du mal à recruter, j’ai eu l’idée d’élargir le vivier à des candidats porteurs de handicap, ne nécessitant pas pour l’heure un aménagement des cabines. » En 2019, Olivier Gros-Chevallier, responsable du développement commercial du centre de formation Marietton Pro à Vaugneray (Rhône), a ainsi ouvert une session de préparation du titre professionnel à des personnes ayant la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Une opération qu’il renouvelle en constituant un nouveau groupe pour février 2020.

Dans le groupe test de 2019, les candidats ayant la RQTH étaient six sur douze participants à la formation, qui s’est déroulée du 11 juin au 9 septembre sur les cinq pistes poids lourds du siège de Marietton Pro, à Vaugneray.

Titre pro et permis CE financés à 100 %

Parmi eux, tous sauf un ont réussi le titre professionnel du premier coup. Pour l’examen, les cartons à charger sont traditionnellement vides, ce qui rend leur chargement accessible à des personnes ne pouvant pas porter de charges lourdes. Une fois diplômées, celles-ci iront vers une entreprise où le port de charges est réduit. Quant à celles amenées à travailler en super lourd, elles ont pu également voir leur préparation au permis CE financée. « Il ne s’agit pas d’argent qui coule à flots, prévient Olivier Gros-Chevalier, mais d’un partenariat entre tous les acteurs nécessaires. » Premier partenaire : la Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a accepté de financer la formation aux côtés de l’Agefiph*. De son côté, Cap Emploi – l’équivalent de Pôle Emploi pour le public ayant la RQTH – a présélectionné des candidats. « Ces personnes sont généralement plus âgées que nos candidats habituels, constate Olivier Gros-Chevallier, car elles sont souvent en reconversion à la suite d’un accident ou d’une maladie intervenus au cours de leur première partie de carrière. » Exemple-type : un boulanger devenu allergique à la farine. « C’est l’idéal, car ce handicap ne gêne pas pour occuper un poste de conduite », estime Thomas Waquet, moniteur et chargé de recrutement de la société Servanin (groupe Brun), l’un des transporteurs partenaires pour le deuxième groupe.

« On ne nous propose jamais de candidats handicapés »

En effet, tous les candidats entrent en formation avec une promesse d’embauche. « Dans le premier groupe, pointe Olivier Gros-Chevallier, certains candidats, au 20 octobre, étaient qualifiés en super lourd et recrutés en CDI, alors que, début juin, ils étaient chômeurs de très longue durée ! » Si certains transporteurs sollicités ont demandé un temps de réflexion avant de s’engager, d’autres ont sauté sur cette occasion de répondre à leurs difficultés de recrutement. « En étant bien vigilant sur le profil de la personne, cela peut clairement nous permettre de combler des manques », témoigne Thomas Waquet. Olivier Thievenaz, codirigeant de Mollard et Thievenaz, qui vient d’embaucher un lauréat du premier groupe, confirme : « Recruter un conducteur handicapé, ce n’est pas un problème. Avec les boîtes automatiques et les transpalettes électriques, même une personne dont le bras droit n’a plus que 20 % de capacité, par exemple, peut convenir. » S’il en est convaincu, c’est parce qu’il a découvert qu’un de ses salariés avait la RQTH… deux ans après l’avoir embauché. Aujourd’hui, sa nouvelle recrue, venue du bâtiment, commence « en double » avec un tuteur interne. « Mais comme tous les gens que nous embauchons », assure-t-il. Quant aux clients de cette entreprise de location de véhicules avec chauffeurs, ils ne sont pas au courant : « Le travail qu’ils demandent est fait, c’est l’essentiel », assure le dirigeant, satisfait de cette « belle démarche : on nous dit toujours qu’il faut recruter des travailleurs handicapés, mais on ne nous en propose pas. Et nous, en tant que PME, n’avons pas le temps d’aller chercher ces candidats ». Une seule contrainte, en amont de ces recrutements : affiner plus qu’à l’habitude les fiches de poste. « Au cours d’une réunion, nous avons présenté aux candidats notre entreprise et nos postes. Après, ce sont eux qui choisissent plus que le contraire », rapporte Olivier Thievenaz. Thomas Waquet, qui rédige actuellement cette fiche de poste détaillée, y précise par exemple que ses camions-bennes circulent souvent sur des voies non carrossées ou encore que la conduite de citerne d’hydrocarbures implique la manutention du flexible. « Si l’on est sincère sur l’activité, la personne saura dire si elle peut l’assurer, estime-t-il. Il faut une confiance réciproque ».

*Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées

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