Happy end pour le Lyon-Turin

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Le projet Lyon-Turin, chantier le plus controversé, reste sans doute un dossier fort en matière de transport pour les régions frontalières avec l’Italie.

L’été dernier, les Italiens ont assisté au dernier épisode du feuilleton sans fin du chantier le plus controversé de toute la péninsule avec la chute du gouvernement « giallo-verde », les couleurs des deux partis alliés, la Ligue et le Mouvement 5étoiles (M5S). C’était le 7 août 2018 lorsque le Sénat italien a autorisé la reprise des travaux d’un projet datant du siècle dernier, bloqués par le M5S. Car pour conserver l’amitié de son électorat écologiste, le mouvement antisystème avait décidé de jeter l’éponge. La Ligue, au contraire, souhaitait appuyer sur le champignon pour garder le soutien des entrepreneurs du nord du pays qui réclamaient la continuité des travaux au nom de la modernisation. Le jour du vote, l’atmosphère était particulièrement houleuse au Sénat et la motion favorable au Lyon-Turin est passée de peu. Avec l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle coalition formée par les démocrates et le M5S en septembre dernier et le coup de pouce donné par l’Union européenne qui a remis la LGV sur le rail en annonçant une augmentation de sa participation à 55 % au bénéfice de l’Italie si les travaux avancent, la situation a changé. Dans ce nouveau contexte, les promoteurs du Lyon-Turin envisagent l’avenir de la LGV sous un angle nettement plus favorable.

Au niveau de l’ouvrage, 20 % du projet ont été réalisés

Depuis que les travaux ont repris du côté italien, une question est pourtant sur bien des lèvres : où en est-on ? En septembre dernier, le tunnelier Federica a officiellement achevé le creusement de la galerie de reconnaissance de Saint-Martin-la-Porte (Savoie). Cette galerie étant creusée dans l’axe et au gabarit du tube sud du tunnel, on peut dire qu’il s’agit bien des « neuf premiers kilomètres de l’ouvrage définitif, réalisés dans le respect du budget (390 M€) et du calendrier (trois ans) impartis », note un rapport publié en septembre dernier par le consortium TELT, chargé de la réalisation et de la gestion de la section transfrontalitère de la future ligne à grande vitesse. Globalement, 20 % du projet ont été réalisés avec la construction de 17 kilomètres de descenderies en France et en Italie permettant d’accéder au chantier sous la montagne. Elles seront aussi réutilisées comme galeries de maintenance et de sécurité du tunnel de base. Les prochaines étapes seront franchies avec le creusement d’un autre tronçon de gallerie à Saint-Martin-la-Porte. Côté italien, le tunnel de reconnaissance de Chaumont (Chiomonte) dans le val de Suse doit etre achevé. Les travaux comprennent aussi une extension du site et la construction d’un échangeur autoroutier sur l’A32. D’ici janvier 2021, les procédures d’appel d’offres retardées en raison des dissensions au sein du gouvernement italien, seront finalement attribuées. Cette démarche permettra de creuser rapidement les quelque 100 kilomètres restants jusqu’en 2027 afin de livrer l’ouvrage comme prévu d’ici à 2030.

Quelle rentabilité ?

Au niveau environnemental, la ligne Lyon-Turin devrait alléger la circulation sur les routes transalpines en éliminant un million de poids lourds et de réduire chaque année les émissions de gaz à effet de serre d’environ 3 millions de tonnes équivalent CO2. Au chapitre économique en revanche, la rentabilité de la LGV est controversée. Pour les promoteurs de ce projet, le Lyon-Turin devrait rapporter une vingtaine de milliards d’euros à condition que le trafic de passagers soit multiplié par 25 d’ici à 2050 et que le volume de fret soit multiplié par deux sur l’ensemble du parcours toujours d’ici à 2050. Cet objectif a été contesté par les Italiens dans un rapport à charge rédigé par le ministère des Transports et des Infrastructures sous le précédent gouvernement qui affirmait que les coûts étaient nettement supérieurs aux bénéfices. Toujours au chapitre économique, une étude de la Commission européenne consacrée à l’impact du Réseau transeuropéen de transport sur la croissance, l’emploi et l’environnement souligne les retombées essentielles de cet ouvrage d’abord sur un thème chaud pour bien des gouvernements, celui de l’emploi grâce à la création de 100 000 emplois sur dix ans. En ce qui concerne les usagers et l’acheminement des marchandises, ce rapport affirme que le gain de temps sera de 30 % pour les voyageurs et de 44 % pour les marchandises.

En chiffres

44 Mt

de marchandises sont échangées chaque année entre la France et l’Italie

92 %

du volume de trafic de marchandises s’effectuent par la route

8 %

du volume de trafic de marchandises s’effectuent via le fer sur une voie obsolète et hors marché

60

trains par jour à travers le tunnel du Montcenis

+ de 1 million

de PL basculeront sur le rail grâce au Lyon-Turin

Regard sur…

La construction de la LGV moteur de l’emploi ? Près de 1 000 personnes sont employées actuellement sur les chantiers et dans les sociétés de services et d’ingénierie associées au chantier. Avec le coup d’accélérateur aux travaux, 4 000 emplois directs et autant d’indirects seront créés. Plusieurs instruments ont été mis en place des deux côtés de la frontière pour soutenir l’emploi. En France, la Démarche Grand Chantier mise en œuvre lors de la construction du tunnel sous la Manche ou du superréacteur nucléaire de Flamanville, accompagne le chantier. En Italie, la loi 4/2011 adoptée par la région du Piémont et intitulée Chantiers, développements, territoire propose de maximiser l’impact de la Lyon-Turin via la création d’un pacte pour le territoire.

Reportage • Italie

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