Pilote de convois routiers, mutualisateur de flux ou responsable des opérations dans un hub logistique. Basés sur un rapport de l’AFT réalisé avec le soutien de la Direccte et de la Région Bretagne sur les besoins en emplois, compétences et formations dans la logistique et le transport en Bretagne, des métiers du futur ont été décryptés dans quatre vidéos réalisées par l’AFT et BSC. Ces « job fictions », qui décrivent des situations de travail de métiers cibles à horizon 2030, font apparaître des activités et compétences (techniques et transverses) impactées par des mutations tant technologiques qu’organisationnelles ou managériales. « Nous nous sommes attachés à coller à la réalité économique, explique Valérie Castay, directrice du département des études et projets à l’AFT. Par exemple, pour le personnage de Tristan, qui est pilote de convoi, sur un système de platooning, le poste peut être viable mais uniquement si la réglementation évolue. » Ces job fictions permettent aux gens de se projeter. L’AFT montre dans son rapport que les innovations technologiques et organisationnelles peuvent avoir des effets positifs sur l’emploi. C’est un avenir à la fois réalisable et souhaitable que ce projet présente, puisqu’il place l’humain au cœur de ces changements, ajoute-t-elle : « On sent une crainte sur l’emploi face à ces mutations et on a ainsi démontré que l’humain peut être envisagé dans un futur bouleversé par les nouvelles technologies. » Les job fictions des quatre vidéos ont été établis à partir des textes du rapport décrivant pour chaque poste les tâches à effectuer, la technologie à utiliser mais aussi les motivations et le parcours de la personne pour chaque poste, afin de donner du sens à ces futurs métiers. Ce projet entend par ailleurs travailler sur les futurs recrutements des entreprises et sur l’attractivité du secteur.« Il vise à toucher les jeunes, les personnes en reconversion, qui ont bien souvent gardé une image du secteur qui appartient au passé alors qu’il a beaucoup évolué et continue à évoluer très fortement, précise Iwen Layec, chargé de mission à BSC et qui a participé à l’interview fictive d’un conducteur livreur repreneur dans l’une des vidéos. Si le projet présente des job fictions à horizon 2030, certains métiers pourraient apparaître bien plus rapidement. » La démarche visait à montrer que les métiers du secteur changent et peuvent être adaptés à différents modes de vie. « Il fallait déterminer des personnages crédibles, indique Iwen Layec. Pour le pilote de convoi, il fallait imaginer les évolutions du métier de conducteur face à l’arrivée du platooning. Il aurait ainsi davantage un rôle de “surveillant” et consacrerait par ailleurs du temps à sa passion. » Avec le développement des solutions d’automatisation et de robotisation, les opérateurs sont assistés dans leurs tâches et se concentrent sur du contrôle. Les job fictions mettent aussi en scène de nouveaux schémas logistiques inspirés de l’Internet physique, le développement du e-commerce, le rôle de service/lien social du livreur de demain, la nécessité d’accroître le report modal ou le besoin de mutualisateurs et de prévisionnistes.
Pour suivre ces mutations, la formation des collaborateurs aux nouvelles technologies s’avère nécessaire mais pas uniquement : « Il faudra aussi surtout introduire une culture du changement dans les entreprises, souligne Valérie Castay. La flexibilité et l’agilité seront indispensables et il faudra apprendre à s’adapter à des changements de plus en plus rapides. » Actuellement, le transport et la logistique offrent des emplois variés, souvent basés sur les soft skills, qui permettent la mobilité intrasectorielle. « Il s’ensuit que le personnel a souvent appris “sur le tas”, sans formation spécifique poussée, au gré de ses mobilités professionnelles, ce qui explique que les choses fonctionnent […] mais ce n’est pas nécessairement toujours le mieux qui pourrait être fait, précise le rapport. Dans ce contexte, la formation tout au long de la vie est un facteur important pour la montée en compétences des équipes et la sécurisation de leurs parcours professionnels. Les PME de transport-logistique auront leur part à jouer dans la montée en compétences de leurs salariés, notamment parce que leurs clients recherchent d’ores et déjà certains critères clés de compétitivité : traçabilité, pilotage des activités dans une recherche d’optimisation, anticipation, conseils et accompagnement des clients.
Gabrielle est chargée par des industriels répartis sur le territoire national de mutualiser leurs flux logistiques de les aider à diminuer leurs coûts. Les magasins ont des surfaces de vente de plus en plus grandes et des stocks de plus en plus réduits, tout comme les plateformes. En revanche, ils recherchent des approvisionnements réguliers. « Mon métier est de rencontrer ces industriels, de regrouper différentes commandes et de trouver un moyen de transport pour regrouper toutes ces commandes afin de les acheminer à un point défini, ce qui leur permet de réduire leurs coûts et surtout de répondre au contrat du client qui doit être livré régulièrement. » Elle travaille chez un commissionnaire de transport, et la mission de ramassage, d’acheminement, de livraison est confiée à une entreprise de transport. « En amont, je procède à une cartographie des flux pour optimiser la solution logistique. » Gabrielle travaillait au sein du service exploitation d’une entreprise de transport. Avec la révolution numérique, la montée de l’Internet des objets (IdO), les transmissions informatiques qui se sont de plus en plus automatisées, elle avait perdu une partie de ce qui l’intéressait : le contact avec les chauffeurs et les clients. Avec la mutualisation des flux, les camions sont remplis à 80 %, Gabrielle contribue ainsi à la réduction des gaz à effet de serre.
En tant que responsable des opérations, Clara fait en sorte que l’organisation du hub logistique réponde aux attentes des clients qui ont choisi d’y faire transiter leurs marchandises. Ancienne coordinatrice logistique dans une entreprise agroalimentaire travaillant avec la plateforme, elle connaît bien ses activités, ce qui a largement pesé en faveur de sa candidature à ce poste. « Je pilote la réception, le tri, la massification et l’expédition des colis en mettant à disposition les moyens humains et matériels pour satisfaire les attentes des clients, indique Clara. Je travaille avec les salariés mais aussi avec les systèmes automatisés et les robots qui permettent au hub de fonctionner 24 heures/24. » Clara doit éviter l’engorgement de la plateforme, qui allongerait les délais de traitement des commandes. Dans ce but, l’équipe de maintenance préventive a été placée au cœur du management de l’entreprise permettant ainsi au hub d’avoir un système automatisé fiable à quasi 100 %.
Un cluster créé il y a dix ans qui vise à améliorer la performance logistique de la région. Il regroupe quelque 150 acteurs de l’ensemble de la chaîne logistique, des PME comme des grands groupes. Le positionnement péninsulaire laisse la Bretagne à l’écart des principaux axes d’échange et à la périphérie de la France et de l’Europe. BSC travaille à optimiser le système logistique breton afin de surmonter la position péninsulaire de la région via trois activités principales. Elle entretient un réseau qu’elle a créé et qui regroupe quelque 150 entreprises de tous les maillons de la chaîne logistique. Ensuite, BSC apporte du contenu aux adhérents, sous forme d’ateliers ou de formations, sur différents sujets comme l’automatisation ou sur les prévisions des marchés. Enfin, le cluster porte des projets collectifs, comme le développement de stations de GNV à travers la région. Il planche sur le projet Let’s Go, qui vise à répondre à la problématique de l’attractivité du secteur et du recrutement dans les entreprises adhérentes. Il regroupe une série d’actions et d’événements, comme les vidéos décryptant les métiers du futur et un rendez-vous de l’emploi prévu en février 2020, qui donnera lieu à l’organisation d’un village métier et de plusieurs conférences.
G. I.
Tristan, pilote de convoi routier, gère plusieurs camions automatisés en platooning depuis la cabine de tête qui ressemble à un bureau mobile. Il part le soir d’une coopérative de pêcheurs pour livrer dans le sud-ouest. « Je dispose d’une caméra embarquée et d’un accès WiFi. Je vérifie que tout se passe bien en fonction des voyants apparents, comme sur le tableau de bord d’un avion. L’informatisation du convoi routier régule tous les impacts sur la consommation. » Tristan a passé un certificat de platooning, une formation qui dure dix mois et qui nécessite une visite médicale d’aptitude à gérer plusieurs convois. Ce métier permet à des intervenants d’avancer sur d’autres projets professionnels. Par exemple, il est possible pour Tristan de passer en pilotage automatique afin d’adapter sa charge de travail personnel par rapport à ses projets musicaux, et la composition de partitions.
Ancien aide-soignant, Tangui est arrivé depuis quelques mois au sein de l’entreprise Résobreizh en tant que conducteur livreur repreneur. Collaborateur indépendant, il livre et expédie pour le compte de clients particuliers ou professionnels à bord d’un véhicule électrique qui se recharge en roulant. Il est accompagné de deux drones pour livrer les boîtes-aux-lettres/colis trop éloignés. « Je peux effectuer des prestations complémentaires, comme remplir les placards, réfrigérateurs chez les clients qui ont souscrit un compte premium, précise-t-il. Quand j’arrive à la plateforme le matin, le camion est en chargement automatique avec des mini-robots et des convoyeurs, donc pas de pénibilité pour moi. J’optimiser mes tournées de manière automatique. » Dans le véhicule, un mini-robot réorganise les colis en fonction des tournées pour que le premier colis à livrer soit le plus proche possible du sas du véhicule.