Florence Guichard : « Vous en faites sans le Savoir »

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Les participants invités à la 8e édition des Rencontres Jeunes Dirigeants ont planché, cette année, sur le thème de la RSE sous l’impulsion de Florence Guichard, une consultante indépendante (Fil roux). Les échanges ont été riches…

Florence Guichard fixe aux Trente Glorieuses (1946 à 1975) le point de départ de la RSE et des sujets environnementaux. À la fin des années 1980, c’est la prise de conscience universelle. « En 1987, les gouvernements des nations s’engagent sur l’environnement et, en 1992, les entreprises entrent dans le concert », souligne la consultante. Le Global Compact (Pacte mondial) a valeur de première charte RSE. Des entreprises de TRM comme TLR Robinet, Legendre ou Thévenet ont été parmi les premières à s’engager sur cette voie, selon Florence Guichard. La norme ISO 2600 demeure, avec The Global Compact, label de référence. « Aujourd’hui, l’opinion publique s’est emparée des problématiques RSE. En tant qu’entreprise, vous allez devoir rendre des comptes dans votre environnement », lance Florence Guichard à son jeune public de transporteurs. Les démarches RSE visent surtout les entreprises de 500 salariés et plus. Mais pas que… Elles ont pour feuille de route d’œuvrer sur les terrains du social, de l’environnement, de l’économie. Un axiome à ne pas perdre de vue, rappelle Florence Guichard : « La société est gérée dans son intérêt propre, pas seulement dans celui de l’actionnaire. » Les jeunes dirigeants présents à Séville l’ont appris de la bouche de l’intervenante : « Vous faites déjà de la RSE sans le savoir. » Ce sont, par exemple, Kevin Jimenez, Pierre Cottenceau ou Maxence Piskorski qui s’engagent aux côtés d’associations sportives locales ou humanitaires ; c’est Gaëtan Maurel qui fait appel aux services, dans l’entreprise qu’il dirige avec son frère Romaric, aux services d’un sophrologue, d’un coach sportif et d’une nutritionniste. « Privilégier également l’économie circulaire locale », souligne Maxence Piskorski. C’est aussi, suggère Benjamin Bougeant, le recours à des fournisseurs locaux ou le règlement, à l’heure, de ses fournisseurs. De son côté, Quentin Baralle s’est rapproché de l’AFT en région dans le but de devenir « entreprise apprenante » au travers de l’accueil et de l’accompagnement de stagiaires. Jonathan Delisle, lui, a fait le choix d’un engagement dans l’action municipale. « En tant qu’entreprise leader, on se sent une responsabilité dans une zone sinistrée économiquement [La Ferté-Gaucher (77), Ndlr]. » Pour Guillaume Antoine, en revanche, le volet social de la RSE n’apparaît pas comme un long fleuve tranquille. « On a de moins en moins envie de s’occuper de social. Je pensais que je serais un patron cool qui boirait des “coups” avec ses salariés. Mais je me suis rendu compte que ce n’était pas dans le sens de l’histoire. » Ce qui a fait dire à son comparse Cyril Gardien : « Le “R” de RSE devrait correspondre au mot “respect”. » Aux yeux de Florence Guichard, une bonne politique RSE ne peut se passer d’une communication interne et externe. « Il faut impliquer l’ensemble des fonctions de l’entreprise, valoriser vos investissements, accroître la performance sociale », a rappelé la consultante.

L’exemple Hautier

« Nous avons des camions Euro VI, le label CO2. Nous réalisons des économies de papier. Nous achetons des pneus moins consommateurs de carburant. Nous utilisons une diversité de carburants. Nous recyclons l’huile moteur dans les ateliers, etc. Que peut-on faire de plus pour la RSE ? », a lancé Jérémy Ageron. La plupart des jeunes dirigeants se sont rendu compte, au fur et à mesure des discussions, qu’ils faisaient déjà de la RSE. Le Trophée de la meilleure performance environnementale attribué au groupe Delisle (dans le cadre du programme EVE, voir l’OT n° 2989 du 27/09/19), dirigé par Jonathan Delisle, en témoigne. Pierre-Marie Hautier, président du groupe Hautier, a présenté (à distance) la vaste stratégie RSE mise en place par son entreprise. Ainsi, le groupe a choisi de signer une chaire avec une école de commerce comportant une branche RSE. Le projet a réuni les étudiants et les enseignants-chercheurs. Un comité de pilotage a été établi dans l’entreprise. Il a mobilisé toutes les fonctions support (RH, HQSE, direction générale, etc.). Chaque filiale de l’entreprise a aussi été partie prenante. Les membres du comité ont réfléchi à divers thèmes, notamment sur l’organisation du travail en recueillant le questionnement des salariés sur l’équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle. Plusieurs dispositifs ont été adoptés pour construire la stratégie RSE du groupe. « Vis mon job » est l’action qui a rencontré le plus de succès. Elle consistait à faire vivre à un dirigeant une journée de la vie d’un salarié de l’exploitation. « Plus on intègre de collaborateurs dans la démarche RSE, plus l’on est innovant et pratique, a commenté Pierre-Marie Hautier. Il est difficile pour une entreprise familiale de savoir expliquer aux salariés une démarche RSE qui constitue sa première partie prenante. » Un constat partagé par Cyril Gardien, qui a aussi souligné que « l’exemple de stratégie RSE du groupe Hautier reste démesuré pour une PME ». Selon lui, « les PME du TRM ne se valorisent pas assez alors qu’elles font déjà de la RSE au quotidien ». Pour Franck Augustin, « le discours RSE doit être synchronisé avec la vie qui vous entoure, sinon on reste au point mort. C’est particulièrement difficile de faire entendre aux clients ». À ces doutes, Florence Guichard a répondu qu’« il n’est pas nécessaire d’adopter un plan d’envergure pour faire de la RSE. L’entreprise doit simplement avoir une vision de sa démarche RSE dont la cohésion est garantie par le dirigeant ».

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