Toujours à l’affût d’initiatives pour mettre en avant ses 1300 conducteurs, le groupe Mousset, qui emploie 1800 salariés sur 115 sites, a lancé au sein de l’ensemble de ses filiales un concours, « Le conducteur de l’année », visant à récompenser le meilleur d’entre eux. Il a ainsi distingué le 10 septembre Thomas Gaillard, arrivé il y a 12 ans dans l’entreprise. La création de ce prix répondait à plusieurs objectifs. Dans un contexte de difficultés de recrutement de conducteurs, ce concours entendait d’abord montrer que le groupe accorde une grande attention à ses conducteurs, un enjeu cher à Frédéric Leblanc, P-dg du groupe, qui a lui même connu le terrain en tant que conducteur. « À travers ce concours, nous cherchons à montrer que les salariés disposent de matériels récents, bien équipés avec des cahiers des charges conçus en collaboration avec les conducteurs », explique Isabelle Gaudin-Rouillard, chargée de pôle marketing et RH du groupe Mousset, lequel emploie 1 800 salariés sur 115 sites. Il vise par ailleurs à susciter, en interne, l’envie d’être le prochain conducteur de l’année et, en externe, à montrer la façon dont sont considérés les conducteurs au sein de l’entreprise et ce que l’entreprise peut développer pour eux. Consommation, casse, incidents, relation avec les équipes et avec le client, infractions… Pour départager le meilleur conducteur, les critères retenus se basaient sur le comportement sur la route, avec les clients et avec l’exploitation. « Ce concours peut aussi créer une émulation entre nos collaborateurs pour tendre vers du mieux, vers une conduite vertueuse et économique, souligne Isabelle Gaudin-Rouillard. Si une économie de 20 litres de gasoil aux 100 est réalisée sur chacun de nos 1300 véhicules, ça peut peser très lourd. Il y a donc évidemment un enjeu économique. » Devant le succès de cette première édition, le groupe prévoit de renouveler l’expérience dès le premier trimestre 2020. Pour départager ses 1300 conducteurs, un questionnaire a été remis au manager de chaque site afin d’évaluer les collaborateurs par une notation sous forme de smileys (vert, jaune, orange et rouge qui était éliminatoire) selon chaque critère. Puis chaque manager a présenté les candidats ayant récolté le maximum de smileys positifs à son directeur qui a sélectionné les finalistes qui ont remporté un voyage en Allemagne où ils ont pu visiter l’usine de Mercedes. Une présentation finale des candidats a eu lieu en comité opérationnel avant un vote pour les départager. Alors que 2 lauréats se distinguaient particulièrement, Frédéric Leblanc a arbitré en prenant en compte l’ancienneté et l’évolution dans l’entreprise. Le gagnant, Thomas Gaillard, est ainsi passé dans 2 activités, en cour de ferme puis en transport industriel. En récompense, il a reçu le 10 septembre les clés du nouvel Actros 5 de Mercedes à 93 000€, doté d’un habillage spécial et de toutes les options, qui lui est désormais attitré pour ses tournées. « C’est une marque appréciée des conducteurs, précise Isabelle Gaudin-Rouillard. Nous avions réalisé un sondage auprès des conducteurs pour savoir quel constructeur ils préféraient. Deux marques, Mercedes et Renault, ont émergé. » Déjà en contrat avec Mercedes qui semblait pertinent au groupe en termes technologiques, le groupe travaille ainsi désormais également avec Renault.
Le groupe Mousset entend mettre à contribution les conducteurs dans la stratégie du groupe sur des sujets qui les concernent. Pour faciliter la remontée d’idées, des séminaires de deux jours regroupant une trentaine de conducteurs représentatifs des métiers et des régions couverts par le groupe sont organisés sur un thème différent à chaque édition. Manque d’attractivité du secteur, bonnes pratiques en termes de nutrition, attrait de l’entreprise dans les dix prochaines années… Chaque année, une trentaine de conducteurs se retrouvent ainsi pendant deux jours pour réfléchir à une question stratégique aux côtés du P-dg, Frédéric Leblanc, et des membres du CoDir. Cette année, les participants ont planché sur les actions que pourraient réaliser le groupe pour recruter et fidéliser ses conducteurs demain, avec une projection à 2030. « Les participants sont partis de réflexions portant sur les évolutions possibles des métiers avec par exemple, pour le manager, des rôles d’accompagnement, d’animation de formation accrus ; pour les conducteurs, ils ont imaginé travailler d’un petit bureau pour diriger des camions autonomes sur certains axes… », explique Isabelle Gaudin-Rouillard. De ces réflexions ont émergé 14 idées que le CoDir jeunes, qui regroupe les jeunes cadres du groupe, étudie actuellement pour déterminer la possibilité de leur réalisation. Parmi les initiatives évoquées, le groupe a retenu la réalisation de tutoriels vidéos, notamment sur l’intégration de nouveaux collaborateurs ou sur des sujets techniques. « Les tutos techniques peuvent aider les conducteurs qui font face à certaines pannes lorsqu’ils peuvent difficilement recevoir de l’aide, en pleine nuit par exemple », indique Isabelle Gaudin-Rouillard.
Le premier séminaire portait sur la communication concernant les bonnes pratiques en termes de nutrition auprès des collaborateurs qui doivent souvent travailler en décalé. « Le journal mensuel interne et des podcasts diffusent depuis les bonnes pratiques pour bien s’alimenter et éviter la somnolence, avec par exemple des articles sur la sophrologie, sur la nutrition avec une recette… », précise-t-elle.
Toujours sur le thème de la santé, les conducteurs ont également émis l’idée d’un service de télémédecine. Les sites du groupe s’avèrent souvent implantés dans des milieux ruraux, où l’accès aux médecins est souvent difficile et les horaires suivis par les conducteurs compliquent également leur possibilité de consulter rapidement. Depuis deux mois, les collaborateurs ont un accès gratuit à la téléconsultation via la société Qare. Outre les médecins généralistes, le système donne aussi accès à d’autres praticiens, comme des psychologues, addictologues, nutritionnistes… Pour 12€ par an, le collaborateur peut également choisir d’ouvrir ces droits à sa famille.
Au cours du 2e séminaire consacré à la problématique de recrutement, les conducteurs ont fait part de leur souhait de devenir des conducteurs ambassadeurs. Des vidéos ont ainsi été postées sur le site internet avec leurs témoignages sur différents métiers du groupe. Autre initiative, le groupe a lancé sur les routes un bus recrutement pour aller à la rencontre des potentiels futurs collaborateurs (voir L’OT n° 2964). « Il fonctionne très bien depuis sa mise en circulation fin janvier. Le bus s’est rendu dans 26 villes ou sites et a reçu 507 visiteurs de tous profils : hommes, femmes, de tout âge et de tout horizon professionnel. Parmi eux, 151 étaient candidats, dont 55 en contrats pro. ». Un poste de réalité virtuelle a été ajouté au sein du bus pour attirer les plus jeunes avec un jeu sur des qualités qu’un conducteur doit présenter : agilité, réflexes, prise de décision…
Les séminaires apportent par ailleurs un avantage non négligeable pour le groupe qui a réalisé une croissance de 60 % en 5 ans et se dirige vers des développements transverses, comme, par exemple, du transport de bois dans des régions où il achemine actuellement de la volaille. « Ces rencontrent permettent de créer une fusion entre les équipes de différentes filiales qui, ainsi, ne restent pas repliées sur elles-mêmes, explique Isabelle Gaudin-Rouillard. Les amener à s’exprimer avec l’équipe dirigeante mais aussi entre eux est un enjeu pour nous. Ainsi, la trentaine de conducteurs discutent entre eux et chacun peut rapporter à ses collègues ce qui se pratique sur les autres sites. ».