Le Premier ministre visite la logistique

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Édouard Philippe s’est rendu, lundi 16 septembre, dans les locaux de l’une des agences du groupe ID Logistics piloté par Éric Hémar, par ailleurs président de TLF et auteur (avec Patrick Daher) d’une étude sur la compétitivité de la filière logistique française. Le Premier ministre a fait un certain nombre d’annonces…

Certes, la logistique était davantage à l’honneur que le transport mais, tout de même, la visite d’Édouard Philippe est survenue au moment où la grogne des transporteurs est à son comble depuis l’annonce, en juillet, de mesures fiscales qui ne vont pas manquer de peser sur la compétitivité du secteur. De compétitivité, il a donc été question tout au long de cette après-midi qui a vu les auteurs du rapport* – Éric Hémar et Patrick Daher – le remettre officiellement à Édouard Philippe, entouré d’Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, et Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’État aux Transports. « Beaucoup de rapports ont été commandés dans le passé mais ils sont tombés aux oubliettes, a lancé Patrick Daher au Premier ministre. Nous ne parviendrons pas à nous hisser parmi les champions de la logistique mondiale si ce rapport connaît le même sort que les précédents. » Éric Hémar a emboîté le pas de son binôme en soulignant la mauvaise situation de la logistique française classée au 15e rang mondial. « Elle peut se dégrader. » Le président de TLF a indiqué que « le barycentre français se trouve à la marge des grands flux ». Il a cité en exemple la réussite des logistiques allemande, néerlandaise et belge, championnes de la massification de leurs flux tant dans les ports que sur le ferroviaire et la route. « Dans le port du Havre – ville dont Édouard Philippe a été le maire, Ndlr – seulement 15 % des flux sont massifiés. » Les auteurs du rapport l’ont relevé : l’une des principales faiblesses de la logistique française réside dans l’atomisation de son organisation. C’est la raison pour laquelle ils préconisent la mise en place d’une plateforme France logistique « qui prendra en compte tous les éléments transverses ». Elle rassemblera des logisticiens, des transporteurs et des chargeurs dans le but que la filière « parle d’une voix unifiée ».

Un comité interministériel

Éric Hémar et Patrick Daher ont également pointé du doigt la dispersion du nombre de leurs interlocuteurs au niveau de l’État, ce qui nuit à la prise de décision. Ils préconisent donc l’installation d’un comité exécutif de la logistique qui tiendrait une réunion mensuelle et intégrerait des représentants de la Direction générale des entreprises (DGE) et de la DGITM (Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer). « Ce comité aura en charge d’animer les grands axes de développement avec les collectivités territoriales et servirait d’interface pour l’interministériel », a indiqué Patrick Daher. Comme pour afficher l’engagement de son gouvernement quant à l’avenir qui sera réservé au rapport, Édouard Philippe a annoncé qu’il présiderait en personne le premier de ces comités interministériels, au début de 2020. « Il faut qu’on soit à la hauteur », a-t-il indiqué. Le Premier ministre a annoncé son intention d’optimiser « le passage des frontières au moyen d’un point de contact unique pour l’ensemble des formalités ». Les ports – ceux du Havre et de Dunkerque expérimenteront le dispositif en 2020 – en sont les premiers destinataires. Édouard Philippe s’est également engagé sur une réforme de la fiscalité industrielle, en lien avec la fiscalité des entrepôts. De transport, il a été peu question tout au long de cette après-midi d’échanges entre le Premier ministre et les professionnels présents. Aline Mesples (OTRE), Florence Berthelot (FNTR), et même Éric Hémar (TLF), ont préféré ne pas afficher une attitude béate à la conclusion des échanges. Ils ont, sans aucun doute, goûté la note d’humour d’Édouard Philippe lorsqu’il a déclaré vouloir « faire en sorte que le développement de la logistique française se fasse à l’endroit plutôt qu’à Anvers ».

Les 6 mesures préconisées dans le rapport

• Frontières : donner une dimension aux services de contrôle plus simple que ce qui existe

• Fiscalité immobilière : donner aux entreprises la capacité de se projeter dans l’avenir

• Délais de construction d’une agence de transport ou d’un entrepôt : trop longs par rapport à nos compétiteurs, les réduire

• Formation des équipes, « un très gros chantier » : être en mesure de définir nos besoins d’emplois dans 5 ou 10 ans et de coordonner les différentes écoles de formation

• Transport routier, « un enjeu extrêmement sensible » : avoir toujours en vigilance le point de benchmark du coût d’une heure entre un conducteur français et un conducteur étranger

• Flux d’informations, « sera au moins aussi important que celui des marchandises » : ne pas se laisser distancer par les pays voisins en termes de plateformes numériques. « Nous pensons que ces 6 points, s’ils étaient pris en considération par les pouvoirs publics, constitueraient un très bon signal en direction des chargeurs s’ils voulaient choisir la filière logistique française », a dit Éric Hémar, président de TLF.

S. B.

Ils ont dit…

Éric Hémar (TLF) :

« Cela a été souligné dans notre rapport et relevé par le Premier ministre : nous devons massifier notre organisation et l’État doit simplifier la sienne. Maintenant, il n’y a plus qu’à… […]. J’ai tendance à le croire lorsqu’il annonce qu’il présidera lui-même le premier comité interministériel sur la logistique. J’ai l’impression qu’il y a un certain alignement des planètes : je suis donc assez confiant. »

Aline Mesples (OTRE) :

« Une bonne chose que, grâce à ce rapport, on puisse parler d’une filière de la logistique et du transport. Le message sur le transport routier nous laisse à penser que les discussions sont maintenant ouvertes. Sur le fond des annonces, je crois qu’il a bien compris qu’il y avait des choses qu’on n’accepterait pas. C’est vrai que notre filière est plus vaste que le simple TRM. En cela, le terme de logistique ne me dérange pas car il y a des tas de petits transporteurs qui font de la logistique. »

Florence Berthelot (FNTR) :

« Les ministres qui parlent de logistique le font dans des termes positifs. La logistique et le transport sont complémentaires : on ne peut, par conséquent, valoriser la logistique et oublier le transport. Il faut traiter rapidement les sujets car il y a une grosse attente de la part des entreprises. »

* Pour une chaîne logistique plus compétitive au service des entreprises et du développement durable

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