« C’est vrai, la logistique fait office, non pas de parent pauvre, mais de parent méconnu. Cela se voit dans la structuration de la filière – éclatée – mais aussi dans la façon dont les pouvoirs publics appréhendent d’autres types de filière dont la structuration pourrait être considérée comme plus noble […]. Aujourd’hui, c’est l’éclatement qui prévaut entre métiers dans votre filière et nous ne disposons pas de la totalité de la filière comme interlocuteur. Votre idée de créer un comité exécutif me semble une excellente idée. Tout comme celle d’un comité interministériel, que je ferai en sorte de présider avec les secrétaires d’État et les ministres concernés. Dans l’organisation de la filière, l’État a sa part à jouer, vous avez la vôtre […].
À mes yeux, capter les flux logistiques, les massifier, c’est favoriser l’implantation industrielle des centres de production. Les deux vont ensemble […]. Oui, nous devons pouvoir le faire, comme vous le demandez, ce point d’entrée unique aux frontières, qui soit le seul référent de l’État et soit capable d’aller vite dans le process mis en œuvre […].
À propos de fiscalité, comme cela a été souligné, le sujet est moins le taux que l’incertitude sur l’assiette. Le vrai sujet d’incertitude est celui de la requalification de l’assiette (est-ce un établissement industriel ?). Là, il est vrai que nous devons clarifier rapidement […]. Sur les délais d’installation, vous voulez aller vite mais il faut respecter un certain nombre de règles (sécurité, impacts environnementaux)…
En matière de formation, il va falloir m’aider à vous aider sur l’apprentissage : la balle est dans votre camp. Nous avons fait une réforme de l’apprentissage afin que ce soit les filières qui soient susceptibles de déterminer leurs besoins et de créer les instruments qui permettent de former les acteurs dont elles auront besoin. […]
Quant aux éléments relatifs au transport routier, je les entends. Nous allons discuter de ces sujets. Je suis parfaitement conscient des enjeux. J’ai bon espoir qu’en discutant nous parvenions à trouver des éléments qui rassurent là où il y a des inquiétudes […].
En massification, on n’est pas bons et cela a un coût. Au Havre, près de 85 % du fret arrive et part par camion pendant que la part du ferroviaire diminue. Le camion est super compétitif sur une distance de 200 à 300 km, mais s’il s’agit de dire que la logistique française va irriguer le centre de l’Europe, c’est moins pratique par camion, on a besoin de massifier et on est très en deçà. Donc, il y a un problème d’infrastructure qui est celui de l’État, mais il y a également un problème d’acteurs industriels. Nous devons donc fortement muscler notre jeu, j’en ai bien conscience. Cela va prendre du temps pour relever le défi […].
Enfin, vous avez évoqué la création d’une plateforme numérique. On serait impardonnables si on n’était pas bons car on possède tous les acteurs pour essayer d’améliorer les choses. Le travail que vous avez accompli n’a pas vocation à tomber dans l’oubli. »