Si les battements du cœur des acteurs du TRM étaient étroitement liés aux déclarations des instances politiques et administratives, il y aurait de quoi se déplacer constamment avec un défibrillateur porté en bandoulière… Démonstration : le 16 septembre, le Premier ministre Édouard Philippe, en visite sur le site ID Logistics d’Aulnay-sous-Bois, lançait aux principaux représentants de la filière transport et logistique : « Quant aux éléments relatifs au transport routier, je les entends. Nous allons discuter de ces sujets. Je suis parfaitement conscient des enjeux. » Déclaration accueillie plutôt favorablement par le public présent qui y a vu comme une ouverture au dialogue. Mais ça, c’était mardi. Mercredi, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), rattaché à la Cour des comptes, publiait son rapport sur la fiscalité environnementale. Et là, boum ! Gros coup pour les cœurs fragiles ; les experts préconisent rien de moins que le retour d’une taxe kilométrique. La relance de la taxe carbone, jugée essentielle pour faire face aux enjeux climatiques, souligne le CPO, passerait par un élargissement de son assiette, en clair par la suppression ou la réduction des dépenses fiscales, exonérations, remboursements, taux réduits, applicables aux transports. « Il conviendrait de revoir les exemptions du transport aérien et maritime, les mécanismes de remboursement du secteur routier et les taux réduits applicables au gazole non routier dans la perspective d’un alignement progressif sur le droit commun », plaide le CDO. Sans oublier « le renforcement de la tarification des externalités liées à l’usage de la route ». Une bonne introduction d’une taxe kilométrique nationale sur les poids lourds, préconise le rapport. Autrement dit, la Cour reprend les arguments déjà agités par le gouvernement, y compris par la ministre Élisabeth Borne, et qui alimentent depuis plusieurs semaines la grogne des transporteurs. Au sujet de la hausse de la taxe carbone, le rapport indique toutefois que la question de l’acceptabilité de la taxe par les contribuables doit faire l’objet d’une attention renouvelée, via notamment un effort de transparence dans le suivi des recettes. Bref, le défibrillateur est de rigueur !
Éditorial