Premier à prendre la parole, le député (LREM) François-Michel Lambert n’a pas eu à forcer son tiroir de connaissances sur le sujet. Le président de France Logistique 2025 qu’il est n’a-t-il pas attiré, dans un rapport, l’attention des pouvoirs publics sur le retard pris par la France au vu de sa place au sein des flux logistiques mondiaux ? « La France perd entre 20 et 60 Md€ dans l’efficience de sa logistique, selon une étude », a déclaré le député des Bouches-du-Rhône. François-Michel Lambert se démène, avec d’autres, pour « que la logistique soit prise en compte dans la stratégie économique ». Il estime que « les règles ne sont pas prêtes » (cf. L’OT 2906). Et rappelle que la France pointe au 16e rang mondial des logistiques qui performent. « Si au niveau national, personne (Ndlr, au niveau des pouvoirs publics) ne s’intéresse à la logistique, on ne peut créer les conditions de la performance. Beaucoup ne comprennent pas la logistique », estime le parlementaire.
La mondialisation aurait changé de visage ces dernières années. C’est l’avis de François Deutscher, directeur logistique à La Poste. « On est passé d’une mondialisation en B2B à un modèle où elle est portée par chacun. L’accès des particuliers au numérique est monté en puissance. Un Amazon fixe de nouveaux standards (la vitesse, le choix du distributeur) ». De l’avis de Stéphane Beaudet, cette mondialisation digitalisée ne se joue pas seulement des frontières géographiques. Elle entame le pouvoir de décision des politiques. Le vice-président de la Région Île-de-France estime, par ailleurs, que la dispersion des chantiers (Canal Seine-Nord, tunnel Lyon-Turin, fusion des ports…), leur isolement, nuisent à l’émergence d’un modèle qui « fasse système ». Et de pointer également du doigt l’incohérence des politiques des maires de communes qui « pondent chacun de leur côté des arrêtés pour les livraisons par exemple ». L’élu de Courcouronnes (91) pense qu’il est nécessaire de remettre en avant des plans d’aménagement du territoire. François Deutscher estime, lui, que « la proximité peut constituer l’une des réponses à la mondialisation » au travers, notamment, de la création de mini-hubs.
François-Michel Lambert voit, dans les raisons de la puissance de l’économie allemande, la bonne santé de sa logistique. « La force de l’Allemagne est sans doute due, en partie, à la souplesse de son marché du travail mais je crois qu’elle réside, surtout, dans la puissance de sa logistique, sa capacité à organiser des flux jusqu’au bout du monde. C’est la meilleure du monde. En France, on n’y arrive pas », précise le député. François Deutscher approuve : « le modèle allemand est construit sur le bout en bout, le nominal ». Le mot de la fin à Stéphane Beaudet : « La France souffre d’une capacité réelle à porter des stratégies, notamment sur le ferroviaire comme ont su le faire les Allemands ». Évoquant la pollution et la saturation du trafic en région parisienne, l’élu francilien indique que « la région a mis beaucoup d’argent au pot pour développer des stations au GNV ». Il pense qu’« il n’y a pas de solution magique ». Une taxe sur les véhicules en transit en Île-de-France comme cela a été, à plusieurs reprises, évoqué par des élus franciliens notamment Valérie Pécresse… ? « Je n’y crois pas, souligne Stéphane Beaudet. Sur les 500 000 véhicules qui circulent dans la région, il y en a peut-être 10 % en transit ». Le vice-président du conseil régional d’IDF estime que « le modèle opérationnel de prélèvement ne serait pas rentable ».