« Teleroute rebondit déjà »

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Wolters Kluwer Transport Services (ex-WKTS), qui détient les bourses de fret Teleroute, Bursa et 123cargo, ainsi que TAS-TMS (un TMS transporteur) et Transwide (un TMS chargeurs et opérateurs logistiques), est passé, fin juin, dans le giron du fonds d’investissement luxembourgeois Castik Capital. Lequel a également, fin mai, mis la main sur un autre TMS, l’Autrichien Inet Logistics. Le point avec Fabrice Maquignon, P-dg de Transport Services, nom du nouvel ensemble.
L’Officiel des transporteurs : Teleroute demeure-t-il le navire amiral du nouvel ensemble ?

FABRICE MAQUIGNON : La partie Inet-Transwide constitue un point fort de la plateforme d’investissement, mais la partie bourse de fret n’est pas négligée pour autant, compte tenu du réseau existant sur l’ensemble du périmètre. TAS-TMS (+ 29 % pour les ventes sur les 6 premiers mois de l’année) remplit très bien, par ailleurs, ses fonctions de gestion opérationnelle des transports. Notre offre est ainsi mise en musique qu’elle cible à la fois les chargeurs, les opérateurs logistiques et les transporteurs grands et petits.

Teleroute a été très longtemps la première place de business en France. La bourse de fret a perdu son leadership, en France en tout cas. Comment peut-elle rebondir ?

F. M. : Teleroute rebondit déjà dans la mesure où nos parts de marché s’inscrivent dans une courbe qui remonte sur le marché français. À l’est de l’Europe, Teleroute a connu et continue de connaître des croissances à 2 chiffres. En dépose primo posting (première offre) : + 66 % en juin 2017/juin 2016 et, en cumulé, + 50 % par rapport à l’an dernier. C’est un opérateur européen alors qu’en France, on compte nombre d’acteurs locaux. Teleroute fournit un accès à des capacités ou à du fret qui va au-delà de chacun des marchés. À l’échelle de l’Europe il y a, selon moi, deux opérateurs paneuropéens dont Teleroute fait partie.

Oui, mais sur le marché hexagonal, où les transporteurs français se sont centrés ou recentrés sur le grand régional (abandonnant les trafics européens), comment Teleroute s’organise-t-il pour reconquérir les petits transporteurs qui sont partis chez le concurrent B2Pweb ?

F. M. : Je pense que beaucoup de transporteurs utilisent les deux bourses de fret : on ne peut donc dire qu’ils sont partis chez B2Pweb. Nous avons lancé une nouvelle plateforme de bourse de fret sur laquelle l’ensemble du marché européen a été migré en 2016. Cette bourse de fret possède des fonctionnalités particulières (bourse de véhicules…) qu’on ne trouve pas forcément chez tous nos concurrents. Même si les marchés sont fortement régionaux, nous savons aussi qu’il existe un besoin d’intervenants internationaux pour satisfaire aux demandes du marché français. B2P a pris le parti d’être la bourse de fret des transporteurs français et de présenter un positionnement fortement axé France-France. Pour sa part, Teleroute apporte aussi des réponses et des complémentarités en termes de réseau et de capacités.

Comment la nouvelle offre globale de Castik Capital se met-elle en musique pour le transporteur ?

F. M. : Inet logistics est un TMS chargeur, multimodal et global, avec une forte présence sur les pays germanophones, et un gros réseau de transporteurs connectés à la plateforme allemande et d’Europe de l’Est. Il y a donc une complémentarité avec Transwide en termes de réseau de transporteurs. Inet est un TMS très puissant et fonctionnellement très pointu. Il vise les très grandes multinationales avec un niveau d’intégration fort dans leur système informatique. Pour sa part, Transwide est un TMS chargeur fortement centré sur l’exécution du transport, doté d’une plateforme collaborative très pointue. Il en ressort une très bonne complémentarité en termes de couverture fonctionnelle et géographique.

Quel regard portez-vous sur la montée en puissance des plateformes numériques d’intermédiation (Convargo, Fretlink…) ? Sont-elles des concurrentes frontales pour vous ?

F. M. : J’y porte un regard très attentif. Je pense que nombre de ces acteurs jouent un peu un double jeu. D’un côté, ils fixent les prix directement, et de l’autre, ils revendent à des opérateurs et se positionnent comme des commissionnaires électroniques.

Pour notre part, nous pensons plutôt que, à terme, le modèle durable pour tout le monde est celui de facilitateur. Ce qui est le rôle d’une bourse de fret. Nous réfléchissons, par ailleurs, pour un futur plus ou moins proche, à la question de savoir comment nous pouvons apporter davantage de services aux utilisateurs de bourses de fret en termes de digitalisation des opérations, dans le but d’autonomiser et de rendre les opérations plus efficaces. Avec ce souci de ne jamais prendre le rôle de nos clients, qui sont à la fois des commissionnaires et des transporteurs, et le souci de permettre à chacun de fixer son prix d’achat et son prix de vente.

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