L’affaire est entendue : le manque de capacités de transport sera le refrain de l’été. Les remontées de terrain, comme les indicateurs officiels, confirment cette tension, dont la cause est la pénurie de conducteurs et, pour les nostalgiques, la fin du service militaire qui fournissait, tous les ans, son utile contingent de permis PL. L’Observatoire prospectif des métiers du transport et de la logistique (OPTL) souligne que les effectifs du TRM ont retrouvé leur niveau de 2008 d’avant-crise. Et tire le signal d’alarme : le renouvellement de la pyramide des âges va glissant et s’ajoute à une difficulté actuelle de recrutement. « Ce point peut constituer, sans doute, une des préoccupations majeures des années à venir », note l’Observatoire du véhicule industriel, sur la base d’un besoin estimé à 15 000 ou 21 000 conducteurs nouveaux (hors compte propre). Faut-il donner à ce trou d’air un motif conjoncturel ou lui reconnaître une cause structurelle ? Si la conjoncture indique, de fait, une hausse de la volumétrie des frets (+ 1,2 % en 2016 et autant en 2017), elle ne peut faire oublier ce problème de fond : les métiers de main-d’œuvre sont, tous, en compétition pour drainer les jeunes actifs et peinent à renforcer leur attractivité. Pour limiter la casse, l’appel à des camions étrangers de passage en France, présente l’attrait de la solution de secours. Mais les affréteurs misant sur les véhicules venant des pays de l’Est ou du Sud, rodés à la pratique du cabotage, risquent d’en être pour leurs frais. Ces véhicules sont happés à l’Est, où la demande de capacités de transport est également forte. Résultat : ces tensions ont et auront un impact sur les prix de transport. Si l’inflation se confirme, elle fera émerger trois phénomènes. Le premier vise les plateformes web qui organisent des… enchères inversées. Ces « market place » vont d’abord satisfaire des clients obsédés par le court terme. Le 2e concerne les outils d’optimisation et de pilotage de flux, qui coordonnent plusieurs flottes de poids lourds. Leurs promoteurs, au profil d’ingénieur, rencontrent des oreilles attentives. Le 3e favorise la contractualisation des relations d’affaires, ce que maintes entreprises de transport cherchent à promouvoir et acter. Les chargeurs, industriels ou distributeurs, n’auront de cesse de sécuriser leurs chaînes logistiques, dans des schémas solides. Dans ce genre de contexte instable, la prime va à la vision de long terme.
Éditorial