Repoussée à plusieurs reprises, l’expérimentation de transport de marchandises en tramway s’est enfin concrétisée, mi-juin, dans la métropole stéphanoise. « Nous avons enfin lancé les sprints, explique Joël Danard, chercheur à Efficacity, Institut de recherche et de développement pour la Transition Energétique de la Ville. Il s’agit de réaliser trois séries d’essais sur une semaine. Les prochaines auront lieu début et fin juillet ». Chaque série fait l’objet d’un suivi ainsi que d’un retour d’expérience afin d’intégrer les modifications au fur et à mesure.
Ces premiers tests sont effectués en partenariat avec Saint-Etienne Métropole et le gestionnaire du réseau de transport public de la ville, la Société de Transport de l’Agglomération Stéphanoise (STAS) ainsi qu’avec l’enseigne Casino pour la livraison de deux magasins. Les marchandises sont acheminées depuis le dépôt de la STAS, qui s’est vu dédier un quai spécifique, jusqu’à la station de tram la plus proche du point de vente. « Sur trois jours, 9 tonnes de produits – de l’épicerie et des boissons — ont été livrées, correspondant aux volumes habituels des magasins. Une rame transporte 10 rolls et il n’a fallu que 2 minutes pour le déchargement. Nous avons pu démontrer qu’il n’y a pas d’impact sur la circulation du tram », indique Joël Danard. Pour les prochains essais, les volumes devraient augmenter mais, malgré les tests grandeur réelle, les opérateurs ne peuvent encore effectuer de mesures précises sur la régularité et la ponctualité. Le projet porté par le chercheur, et son associé Kévin Janin, a pris du retard notamment en raison du financement du matériel roulant. Efficacity évalue le besoin de ressources complémentaires à 2,5 millions d’euros. Pour l’instant, les trams utilisés proviennent d’anciens parcs, réaménagés afin d’accueillir des marchandises mais de nouveaux trams devraient prendre bientôt le relais, à Saint-Étienne et dans d’autres villes. L’expérience du tramfret, que Joël Danard et Kévin Janin défendent depuis 2014, pourrait être transposée dans d’autres métropoles. Ils comptent maintenant sur les chargeurs (messagers, expressistes, enseignes…) pour développer ce transport.