France Benne élargit son horizon

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La 22e assemblée générale du groupement France Benne a fait le plein d’adhérents. À l’ordre du jour : évolution de la cellule commerciale, mutualisation des moyens de production, développement dans le rail-route, intégration d’entreprises étrangères, rapprochement avec France-Plateaux… Du copieux !

Plus de deux décennies ont définitivement positionné France Benne au premier rang de la logistique du vrac et des pondéreux. C’est ce qu’a signifié l’assemblée générale, le 3 juin à Deauville (14), qui a permis à la SA Coopérative et ses 75 adhérents actionnaires de resserrer les rangs. « Le groupement continue de faire grandir nos entreprises et lui de grandir avec nous », a souligné, d’emblée, Didier Ramette, président de France Benne depuis 2011.

Lors de cette 22e AG, forte de 62 adhérents présents, les dossiers « chauds » du moment ont été abordés sans retenue. Ils concernent la cellule commerciale, le suivi des clients grands comptes, la mutualisation des matériels, les développements dans le combiné rail-route (avec Labouriaux), l’intégration d’entreprises étrangères, le rapprochement avec France Plateaux… « Dans notre groupement, la convivialité et l’amitié n’ont jamais empêché le franc-parler. On ne fait pas de politique. C’est ce qui nous fait avancer », assure Frédéric Fertier, des Transports Fertier (42). Cette AG a permis d’intégrer trois nouveaux adhérents de 2017 : CB Trans (01), s’Heeren (Belgique) et Nortrans-Barba (Espagne)(1). Les adhésions de la société espagnole et du transporteur belge ont été applaudies. « Leur profil, leurs valeurs et leur activité collent à ce qu’on fait. On va s’enrichir mutuellement de nos bonnes pratiques », rappelle Didier Ramette.

Des normes et des doutes

L’AG a également validé le renouvellement, pour deux ans, du directoire et du conseil de surveillance. Le premier est constitué de Didier Ramette (président), Dany Gaspard (GBE), Patrice Fontan (Transports Fontan), Valérie Lassalle (Transports Lassalle) – succédant à Claude Peigné -, et Lionel Mahé (SGT). Le second est désormais tenu par Dominique Berthauld, patron de TTB (61), secondé par Christophe Arsonneau (holding Nateval). Incarnant l’avenir et promoteurs de nouvelles technologies, trois jeunes dirigeants ont intégré le bureau : Odile Voisin (Blondel-Voisin), Mathurin Castan (TIT) et Antoine Ramette (Transports Ramette).

Le groupement revendique une force de frappe, en cumul, de 3 200 moteurs et autant de semi-remorques (dont 2 200 bennes, 650 fonds mouvants, 750 citernes pulvé…). Les adhérents mettent leurs moyens à disposition et en commun pour répondre directement à des marchés « grands comptes » (sans passer par des commissionnaires). Signalisée par quatre marques (TransAgro ; TransIndus ; TransValor et TransMinéraux) créées en 2013, cette force de frappe opérationnelle permet d’intervenir sur tous les marchés du vrac, au plan national.

Sous ces couleurs, la cellule commerciale interne de France Benne a généré 10,4 M€ de chiffre d’affaires en 2016 (contre 6,1 M€ en 2012) et table en 2017 sur 11,2 M€. « France Benne devient une marque. Et plus l’unicité de notre groupement sera forte, plus son identité grandira auprès des grands comptes », note Philippe Brouhard, patron de la cellule commerciale depuis 2012, désormais aidé de Romain Busque, nouveau responsable commercial. L’équipe traite avec 56 grands comptes, contre 46 en 2015. Les 20 premiers représentent 92 % du CA. « Les niveaux d’exigence de la part de nos clients augmentent et nous devons relever ces défis, dans notre capacité à respecter nos engagements », a rappelé Philippe Brouhard, devant l’assemblée des transporteurs. Les critères de sécurité et de qualité, en plus de ceux des délais et de la traçabilité, montent en gamme. Ce point est déterminant dans des appels d’offres. Ils représentent deux enjeux pour les acteurs du vrac. Le premier est lié aux certifications, normes et labels en tous genres. Leur multiplication, et les coûteux audits qui vont avec, pose question. « La certification MASE est de plus en plus demandée. On nous dit que la norme ISO est dépassée… Des clients nous réclament le référentiel TK’Blue. On s’y perd », reconnaît le président. Le temps est venu de clarifier la situation, afin d’éviter de « courir tous les lièvres à la fois » ou de se voir imposer des certifications sans lendemain. « Notre commission pulvé s’est emparée du sujet MASE, afin de prendre position au nom du groupement. Il nous faut d’abord identifier les prérequis », souligne Philippe Brouhard. « 70 de nos 75 adhérents sont à la norme Qualimat et sept sont engagés dans une démarche RSE.

Au sujet du label CO2 de l’Ademe, nous allons être plus actifs », confirme Geneviève Gibiard, secrétaire générale. Le second enjeu a trait aux informations et reportings d’exploitation. Dans les appels d’offres et les négociations commerciales, la qualité des données et la fiabilité des remontées d’informations sont nécessaires pour éviter d’être… en position de faiblesse. « Nos clients en savent parfois plus que nous sur le nombre de nos tournées et des tonnages. Nous devons muscler nos systèmes d’informations dans le réseau et, pourquoi pas, penser à bâtir notre propre CRM à moyen ou long terme », a insisté Philippe Brouhard, conscient du poids grandissant de la data dans le suivi de qualité et la négociation.

Chantiers du grand Paris

Comme beaucoup d’entreprises dans le vrac, France Benne fait le constat d’une activité soutenue dans les secteurs de l’industrie, du TP et des déchets. Pour exposer ses savoir-faire, le groupement sera présent à Top Transport Europe à Marseille, en octobre 2017. « Les volumes sont là. Nous avons les camions. Mais ce sont les chauffeurs qui nous manquent », relève Didier Ramette. Cette problématique a fait consensus dans l’assemblée. « Nous avons besoin d’un grand plan sur la formation », assure le dirigeant, qui cite l’initiative de la Région des Hauts-de-France et de Pôle Emploi pour créer « 500 compagnons de la route » d’ici à trois ans pour juguler la pénurie des conducteurs routiers. Les coûts de revient sont un autre point de vigilance, notamment quand se pratiquent des appels d’offres qui ressemblent à… des enchères inversées. « Il y a des seuils au-dessous duquel nous ne descendrons pas », note Philippe Brouhard, suivi par les adhérents chatouilleux sur le sujet. Dans l’immédiat, les premiers chantiers du Grand Paris (telle la ligne 15 totalement souterraine), et les millions de tonnes de déblais à traiter, donnent des perspectives favorables aux spécialistes du vrac. Mais des transporteurs tirent déjà la sonnette d’alarme sur le danger de voir arriver des camions « sauvages » (attention au cabotage illégal !) et sur la nécessité de bases vie et de parkings PL en conséquence. « Des dizaines et des centaines de camions et de conducteurs vont être mobilisés rapidement. Je ne suis pas sûr que les pouvoirs publics aient encore bien mesuré l’ampleur de ces bases vie de chantier, en termes humains et matériels », cible Jean-Benoit Linay, des Transports Catelin (77).

Nouveau statut de coopérant

L’assemblée a, enfin, permis de faire le point sur deux initiatives récentes, fondées sur le collaboratif et le multimodal. La première vise le rapprochement avec France Plateaux (35), présidé par Bertrand Loisel. Les deux groupements France Benne et France Plateaux ont signé le 16 mars 2017 (au SITL) un partenariat inédit, qui a créé le statut de « coopérant » pour les adhérents des deux groupements. Cinq entreprises de France Benne en ont fait la demande : les Transports Fontan ; Le Goff ; Frémy ; VLB Trans et LRT Jacquemard. Ainsi, l’adhérent de France Benne accède aux services et avantages de France Plateaux et inversement, sans avoir à adhérer à l’autre groupement ni… à payer une double adhésion. La seconde concerne le rachat « collectif » des Transports Labouriaux (71), dirigés par Dominique Denormandie, par le groupement France Benne au printemps 2016. Pour quel bilan ? « Ces derniers mois ont été difficiles en raison des grèves successives. Nous ferons entre 8 et 10 M€ de chiffre d’affaires. Mais ces difficultés de conjoncture ne changent rien sur le fond. Notre volonté reste de proposer une alternative au routier pour des trafics réguliers sur des distances de plus de 500 km », indique Dominique Denormandie. Comme chaque année, l’événement a rassemblé les partenaires référencés, au nombre de 22(2). Quatre nouvelles enseignes ont connu leur bizutage : Daf Trucks, Goodyear, Todd et Stas. Le cas de SFR (absent) a été évoqué, faisant l’objet de critiques suite à des problèmes de réseau et de litiges non réglés. Pas sûr que ce référencement fasse long feu chez France Benne !

(1) avant eux, les derniers entrants ont été Labouriaux (71) et Catelin (77) en 2016 ; les Transports Frémy (29), Bon (95) et Izco (40) en 2015.

(2) Aftral ; AS24 ; AD Poids Lourds ; B2PWeb ; Benalu ; Berner ; Daf ; DKV ; Euromaster ; GoodYear ; Greenchem ; Item ; Legras ; Mercedes ; Renault Trucks ; Scania ; Stas ; Todd ; Total Lubrifiants ; Transics ; Vehco et Volvo Trucks.

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