Propos à hue et à dia sur les taux de remplissage

Plus qu’une réalité, une antienne ! Et comme tout propos répété jusqu’à la nausée, il faut le prendre avec des pincettes ! Depuis quelques mois, la problématique des camions peu chargés et des « trajets retours à vide » sert d’argumentaire aux nouvelles plateformes d’intermédiation et aux nouveaux acteurs de la géolocalisation du fret. Le taux de remplissage est devenu un refrain commercial visant à mieux vendre la digitalisation du transport et les outils du web qui appairent les véhicules en circulation, les capacités de chargement et les lots disponibles, en temps réel. On le sait, un camion qui voyage à vide vaut double peine, aux plans économique et environnemental. « Le mauvais taux d’occupation des camions reste un défi pour les transporteurs » déplore Daimler dans sa communication pour mieux valoriser son appli Fleetboard NXTload. Or à ce stade, il est bon de rappeler certains chiffres qui ne sauraient être discutés et discutables. Selon le CNR, sur des données mises à jour en avril 2017, le taux de parcours en charge, pour un 40 tonnes en régional, est de 82,4 % et le taux de chargement sur parcours en charge est de 85,2 %. Pour un 40 tonnes sur longues distances, les deux taux se montent respectivement à 87 % et à 88,7 %. Très instructif ! Ces indicateurs « made in France », plus élevés que beaucoup les imaginaient, révèlent d’abord un savoir-faire et une saine gestion. La grande majorité des entreprises de transport connaissent leur métier, qui est d’optimiser leurs moyens de production et de saturer les remorques. Ils soulignent ensuite que ces deux indicateurs (taux de parcours en charge et taux de chargement sur parcours en charge) nécessitent d’être suivis avec sérieux et méthode. Les valeurs du CNR indiquent, et de façon neutre, une maîtrise incontestable qui prévaut en France et dans le transport pour compte d’autrui. À l’inverse, pour les véhicules utilitaires et les petits tonnages, quand il s’agit d’acteurs du compte propre, les points aveugles sont plus nombreux. Dans ces univers hétérogènes, le mieux ne sera pas l’ennemi du bien. Il ne fait aucun doute que les millions de données produites et tracées chaque jour dans le transport routier, de plus en plus agrégées et de mieux en mieux qualifiées, permettront d’y voir plus clair, au nom du sacro-saint taux de remplissage.

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