Thierry Grumiaux : La blockchain permet la transmission mais surtout la sécurisation des données. Les entreprises détiennent des informations qui définissent les habitudes de consommation, les flux marchandises ou encore les prix. Pour l’avenir du TRM, il est primordial que les entreprises puissent rester maîtres de leurs données internes et de celles qui leur sont confiées par leurs clients. Elles ne peuvent être disponibles publiquement et, surtout, commercialisées à leurs dépens. Dans le cadre du transport international, par exemple, des informations passent entre les mains d’une trentaine d’intervenants. La blockchain permet de créer un registre digital unique sécurisé. À chaque étape, des données peuvent être ajoutées et l’intégrité est garantie. Pour les autorités, qui doivent valider l’information présentée, ces données transmises s’avèrent ainsi assurément à jour.
Th. G. : Cette technologie concerne aujourd’hui la partie financière comme les paiements mais aussi le domaine administratif, avec des accès restreints selon les besoins et selon les interlocuteurs. Les entreprises peuvent par exemple dématérialiser les lettres de voitures. Ces contrats entre expéditeurs et transporteurs sont ainsi validés à chaque étape du transport par une signature électronique, le QR code, qui n’est autre qu’une forme de blockchain. D’autres utilisations devront être validées par des « Proof Of Concept » (POC) pour les diverses étapes de la chaîne logistique, comme le paiement et les échanges de documents sécurisés. Une fois regroupées, les diverses utilisations de cette technologie pourront permettre de mettre en place une blockchain de transport globale.
Th. G. : Grâce à l’analyse numérique du flux d’informations, la blockchain permettrait un gain de productivité par des décisions plus précises. Les différentes parties prenantes d’un transport de marchandises gagnent aussi en délai de facturation. Dans le cadre de la réglementation européenne, le cabotage pourrait être mieux contrôlé, grâce à la lettre de voiture dématérialisée. Une standardisation entre les différentes parties prenantes du transport reste toutefois encore nécessaire car les systèmes existants ne sont pas interopérables. Cette question fait d’ailleurs l’objet de travaux auxquels participe la FNTR, notamment au sein du DTLF (Digital Transport and Logistic Forum de la Commission européenne).