Le gaz a d’abord été distribué sous sa forme originelle par des réseaux souterrains, puis comprimé dans les stations pour être stocké sous 200 bar dans les réservoirs des véhicules. La disponibilité à l’état liquéfié (– 160°) dans les terminaux méthaniers a permis d’alimenter par citerne cryogénique routière les stations construites hors des réseaux existants. Dans ce cas, le gaz est distribué à l’état liquide ou gazéifié puis comprimé pour être distribué sous forme gazeuse. Les divers freins administratifs ont disparu tandis que l’offre en camions et tracteurs routiers s’est diversifiée. Les villes sont maintenant convaincues qu’en attendant un hypothétique transport électrique lourd, la motorisation au GNV est une alternative « vertueuse » au diesel : pratiquement pas de particules et moins de CO2. La grande distribution a joué le jeu en exigeant de ses transporteurs l’utilisation du GNV et encore mieux le BioGNV obtenu à partir des déchets des magasins.
Engie, par l’intermédiaire de sa filiale GNVert, annonce l’ouverture de 21 stations en France dans les douze prochains mois. Douze d’entre elles, alimentées par le réseau souterrain, distribueront du GNC/BioGNC comprimé à 200 bar tandis que les neuf autres fourniront du GNL et du GNLC (gaz liquéfié gazéifié et comprimé). Un certain nombre d’opérateurs sont déjà en action. Le premier avait été Gas Natural Fenosa, avec une station privée chez Mendy à Castets, devenue publique en 2016. Gas Natural a ouvert une station à Poitiers en novembre 2016 et en ouvrira d’autres à Bordeaux-le-Lac en septembre 2017, à Longueuil-Sainte-Marie (Compiègne) fin 2017 et à Dunkerque début 2018. Proviridis inaugurera sa station de Fos-sur-Mer le 10 avril 2017 et construit des stations à Saint-Martin de Crau, Cavaillon et Saint-Quentin-Fallavier (Isère). Avia et Primagaz se sont unis au sein d’un même groupe et ouvriront en septembre 2017 la première station autoroutière en France, une station GNC/GNL, sur l’autoroute A 20 à proximité de Limoges. Axégaz poursuit son projet LNG Motion signé l’année dernière avec le Groupe Charles André et PitPoint. LNG. Axégaz ouvrira mi-avril 2017 la première station du programme à Saint-Geneviève-des-Bois (sud de Paris) le long de la Francilienne.
Mais la distribution du gaz en station intéresse également les pétroliers. À l’occasion de la SITL, Total a annoncé un programme ambitieux qui se concrétisera en 2017 par quatre stations GNC développées sur les réseaux existants : sous l’enseigne Total, à Donges (juin 2017) et à Rungis (septembre 2017) ; sous l’enseigne AS24 à Nantes (ouverte en février 2017) et à Saint-Quentin-Fallavier (juin 2017).
Pour un transporteur qui investit dans une flotte de véhicules GNV, la solution de la station privée, quasi indispensable il y a quelques années, a toujours un sens. En plus des distributeurs de gaz cités ci-dessus, il faut citer les spécialistes des équipements de station que sont Air Liquide, Bauer, Cryostar, et PRF, tous présents à la SITL. Présent également, un nouveau venu en France, Liqvis, filiale GNL carburant du groupe énergétique allemand Uniper (ex-Eon) créée en 2016, qui implante une station à Gardanne (13) chez le transporteur Ottaviani. Deux autres stations GNL Liqvis existent en Allemagne, à Ulm et près de Berlin chez le transporteur Ludwig Meyer qui est le premier à mettre en service dans ce pays une flotte de 20 tracteurs GNL
L’organisation patronale pilotée par Jean-Christophe Pic annonce avoir rejoint l’Association française du gaz naturel pour véhicules « pour accompagner la montée en puissance des entreprises du transport routier de marchandises en faveur du mix énergétique ». Cet engagement porte la solution GNV/bioGNV dont la FNTR rappelle qu’elle bénéficie du soutien de la Commission européenne et de l’Etat français dans l’objectif de réduire de 37 % les émissions de carbone à l’horizon 2030 (par rapport à 1990). Les dirigeants de la FNTR estiment que cette solution est celle qui se rapproche le plus du gazole. « L’adhésion à l’AFGNV (…) est un acte fort soulignant l’engagement de la FNTR dans le développement de ce courant alternatif », déclare Jean-Christophe Pic.
S. B.
L’AFGNV, qui fédère tous les acteurs de la filière, annonce la mise en service cette année d’environ 50 stations publiques de distribution de gaz : 30 GNC (gaz comprimé) et 20 GNL-C (gaz liquéfié et gaz comprimé). Le total sera alors de 125 points d’avitaillement : 100 en GNC et 25 en GNL-C. L’objectif est de doubler le nombre à fin 2020.