Une évidence : les constructeurs motoristes, en plus de maîtriser les codes de la chaîne cinématique, savent de mieux en mieux parler la novlangue de l’informatique embarquée et du véhicule connecté. Ce n’est évidemment pas un effet de mode pour faire plaisir aux gestionnaires de flottes. Dans les plaquettes commerciales des constructeurs, les outils de suivi et de contrôle des parcs (grâce aux boîtiers, aux prises, la télématique…) et les plateformes web de massification des données d’exploitation apparaissent en évidence. Ils font converger le hardware et le software, dans une optique de sensibilisation aux coûts, à leur aune. Ce n’est pas que du marketing, c’est juste essentiel pour leur avenir. Sans exception, les constructeurs sont bien décidés à ne laisser personne prendre le pouvoir de l’information dans leurs véhicules. Résultat : ils musclent leur propre environnement informatique et le revendiquent. Depuis peu, Mercedes propose ses véhicules avec une appli Uptime qui utilise 400 « puces » disséminées dans les circuits du véhicule, qui font remonter les informations, ensuite agrégées dans la Fleetboard Truck Data Center. Volvo Trucks, avec Dynafleet OnBoard, fait montre de la même exigence pointilleuse, ainsi que Scania avec sa Box Data Access, Daf avec Daf Connect (en phase de lancement), Renault Trucks avec Optifleet… Tout est tracé : parcours, conditions d’utilisation, historiques de conduite, pannes, usures, pressions pneumatiques, températures, charges emportées, maintenances… Que de données utiles et récupérables à distance ! La vie du véhicule moteur, traité comme un centre de coûts et de profits, n’aura plus aucun secret pour le constructeur. Mais pour ses clients, c’est une tout autre histoire, non encore écrite. Car devant pléthore de solutions, ce client aura à se décider sans être certain d’avoir à portée tous les paramètres de compréhension. Les scepticismes sont légitimes sur les interfaces de communication entre véhicules et web, sur les compatibilités avec d’autres outils de gestion de parcs, sur le dialogue avec les puissants TMS. Au gré de cette inflation de data, l’information monitorée va prendre de la valeur. Et c’est ceux qui y auront accès (en payant de plus en plus) qui en détermineront le prix dans la prestation de transport.
Éditorial