Quel chef d’entreprise ne rêve-t-il pas, dans le TRM, de repérer et d’investir dans une « niche » de marché, ce petit coin d’eldorado qui vous met à l’abri des vents mauvais de la concurrence effrénée. Lors de la soirée du Transporteur de l’Année, qui a élu Philippe Doumen le 13 mars, cette recherche de la diversification par la qualité et l’innovation a été un fil rouge que les quatre entreprises en lice (Doumen SAS, Di Egidio, Picq & Charbonnier et VLB Group) ont mis en exergue, l’un démarrant une activité de levage de 35 à 130 tonnes et de dépannage poids lourds (Doumen), l’autre ouvrant une prestation avec des toupies à béton (Di Egidio), un troisième inaugurant une station de distribution de gaz, d’un investissement de 1,4 M€, pour muscler son offre technique sur le GNV (Picq & Charbonnier). Chacun l’aura bien compris : il est vital de se positionner sur des micro-marchés non bradés et peu sujets à la guerre des prix, où l’image de marque compte autant que le savoir-faire opérationnel. Or il y a une activité qui ne craint pas l’immixtion du low cost et l’invasion des « petits faiseurs », c’est celle du transport des œuvres d’art. Lors de la mise en place de l’exposition Vermeer, au musée du Louvre, du 22 février au 22 mai à Paris, il a été souligné que les prix de transport et d’assurance représentaient entre 60 % et 75 % des frais des expositions. En France, quatre entreprises font la pluie et le beau temps sur ce marché, qui fonctionne sur devis : l’historique André Chenue (filiale de Horus Finance), LP Art, Crown Fine Art et Artrans. La palette des services est multiple, qui comprend transport, emballage, caisserie, bardages, accrochages, formalités douanières, assurances… Elle vaut surtout par sa main-d’œuvre spécifique, les outils employés et le haut degré de confiance acquis. Ces sociétés sont habilitées, agréées par quelques assureurs, au petit soin d’œuvres d’art jugées… inestimables. Ici, c’est le préjudice astronomique que coûterait un transport mal effectué qui conditionne le prix de la prestation. Il aboutit à un oligopole, à une chasse (bien) gardée, qui fait de cette logistique de l’objet d’art un monde à part. Derrière une toile de maître, qui subjugue le regard, il y a toujours un voyage réussi et une facture à la hauteur des risques.
Éditorial