Un film pour mieux négocier sur les conditions de travail

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En Auvergne Rhône-Alpes, trois associations se sont unies pour réaliser un film sur les conditions de travail et le vieillissement des conducteurs de TRM. Certains de ceux-ci y témoignent de la fatigue, du stress, du manque de reconnaissance… notamment du fait des donneurs d’ordre. Ce film devrait être utilisé lors de négociations dans la branche et au-delà.

« Conditions de travail et vieillissement chez les conducteurs routiers ». Tel est le titre d’un film de 25 mn de témoignages que viennent de présenter trois associations d’Auvergne Rhône-Alpes : Lasaire, une structure paritaire de réflexion et d’échanges ; le Forum syndical européen (FSE), qui réunit différents syndicats de salariés, et moderniser sans exclure, qui utilise la vidéo pour faire avancer des questions liées au travail. « Il y a beaucoup de choses à faire pour ce métier de conducteur routier, explique Pierre Héritier, fondateur de Forum syndical européen. Sa population vieillit tandis que la nature et l’organisation du travail changent ». Un constat sur la base duquel les promoteurs de ce projet de 50 k€ (dont 23 pour le film lui-même) ont obtenu des financements de la Région et de la Carsat Auvergne Rhône-Alpes, de l’Opca transport et de l’organisme de prévoyance Klesia. « Nous avons réuni et filmé les conducteurs trois fois, en leur montrant ce qui avait été filmé précédemment, en leur demandant d’aller plus loin, commente Christian Bourgoin, président de MSE Rhône-Alpes. Cela a permis d’écarter les récriminations individuelles et ne garder que ce qu’ils ont à dire collectivement ». Des dirigeants et DRH d’entreprises s’expriment aussi, puis des représentants de syndicats de salariés et de la FNTR (Savoie) réagissent.

« Stress permanent »

Les conducteurs filmés ont entre 48 et 58 ans et, pour la plupart, une longue expérience dans le TRM. Leur fatigue est en partie liée à leur vieillissement : « Je travaille de nuit, témoigne l’un d’eux. Or, à 53 ans, tout devient dur ». Mais ils mettent aussi largement en cause une évolution de leurs conditions de travail : « On a de plus en plus de palettes à livrer mais de plus en plus de restrictions horaires », estime l’un d’eux. Des évolutions imputables en grande partie, selon eux, aux donneurs d’ordre : « Les clients en demandent toujours plus, assure un autre. Avant, on faisait juste le transport, mais maintenant il faut même livrer une tonne de marchandises dans le magasin ». Souvent sans quai ni transpalette électrique. Un collègue surenchérit : « On subit un stress permanent. On effectue plus de manutention que de kilomètres, avec toujours des délais ». Ce qui entraîne, assure un membre de CHSCT, des problèmes articulaires et de dos « en très nette augmentation », de même que « des petits accidents au moral » qui conduisent en arrêt de travail. Un constat partagé par les employeurs interrogés : « Nous avons envoyé des dizaines de lettres recommandées à nos clients pour les alerter sur les heures et conditions de livraison », assure Marie Pupier, responsable RH des Transports Pejy (Loire). De l’avis général, résumé par un conducteur, « il faudrait développer la relation ». Mais pour certains, cet aspect relationnel s’est aussi perdu en interne, limité à un échange avec l’exploitant par informatique interposée : « Pour nous, les anciens, c’est très pénible, témoigne un conducteur. Pour l’affréteur, notre camion est un petit point sur une carte, comme dans un jeu vidéo. Autrefois, notre métier était basé sur la confiance, mais à présent, on doit justifier de tout au nom de la rentabilité ».

Une réunion avec des chargeurs

Renouveau du tutorat et du CFA, passerelles possibles vers des emplois moins fatigants… Ce film aborde aussi des solutions possibles. Aussi servira-t-il désormais à lancer diverses négociations. Les organisations syndicales — auxquelles les trois associations ont confié la diffusion — ont ainsi décidé de le projeter dans toutes les institutions où elles sont représentées, dans la branche, à la Carsat, etc. Des rushes peuvent aussi être isolés pour être utilisés dans des débats thématiques, comme sur le développement des technologies. « Ce film s’avère bien plus parlant que tout ce que nous pouvons dire », se réjouit Antoine Fatiga, représentant de la CGT.

Enfin, grande première, une réunion tripartite — employeurs, salariés, donneurs d’ordre — est en cours d’organisation pour mars ou avril. « Certains chargeurs se disent prêts à participer, assure Pierre Héritier. Notre but est de valoriser et d’impulser de bonnes pratiques ».

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