Les préfets sont sous pression et les gendarmes sur le pied de guerre. Les chiffres de la sécurité routière ne sont pas bons, comme le rappelle le bilan provisoire de 2016. L’an passé, 3 469 personnes sont mortes sur les routes de France métropolitaine. La courbe remonte depuis 2013 (+ 3,5 en 2014 et 2,3 % en 2015) et fait désordre. Au cœur de cette mortalité, 61 routiers sont décédés pendant leur service (cinq de plus qu’en 2015). Par la force des choses, et au vu de ces chiffres jugés désastreux, le secteur du transport routier, entreprises et conducteurs, et les comportements seront scrutés d’un peu plus près. Il n’en faut pas plus pour actualiser l’obligation des employeurs de révéler l’identité et l’adresse des contrevenants salariés de leur société. Avec ou sans états d’âme. Depuis le 1er janvier 2017, suite à la loi de modernisation de la justice du XXIe siècle, du 12 octobre 2016, c’est au salarié de payer l’amende et de risquer son permis. Pas besoin de verser dans la métaphysique pour comprendre que cette nouvelle disposition légale et le noir bilan de l’accidentalité routière vont donner, aux transporteurs, matière à réflexion. Pour le conducteur, son employabilité dépend, en grande partie, du nombre de points qu’il lui reste… et de la possibilité qui lui est donnée d’en récupérer lors des stages de la rédemption. Pour le chef d’entreprise, en plus de la responsabilité pénale engagée lors d’infractions relevées, il y a la gestion de ses effectifs et des plannings. Le passage obligé par la récupération de points (quatre au maximum) contribue au casse-tête organisationnel. C’est moins le tarif du stage (non éligible dans le plan de formation) que l’absence du salarié (pendant un ou deux jours consécutifs) et son remplacement, coûteux, qui compliquent la situation dans les entreprises. Sans autre alternative que de faire avec. Car l’instauration d’un permis professionnel, faisant un cas particulier de ceux qui roulent plus de 100 000 km par an, n’est qu’un leurre. Un contrevenant sur route n’est pas forcément un dangereux délinquant. Mais quand il s’agit de poids lourds, les pouvoirs publics, comme la justice, changent de ton. Sans pardon. À un chef d’entreprise qui s’excusait auprès d’un juge de ne pouvoir surveiller tout son monde, il lui a été rétorqué que c’était à lui de « faire le ménage » dans ses effectifs.
Éditorial