Quelque 2,2 millions de tonnes de cailloux extraits de la carrière du Revest (83) étaient destinés au chantier d’urbanisation en mer de Monaco, dont les travaux maritimes ont débuté en septembre 2016. Le contrat global, estimé à 30 M€, devait démarrer cet été. Quarante camions étaient censés effectuer six rotations quotidiennes entre la carrière du Revest et le terminal de Brégaillon où les cailloux devaient être chargés sur des navires à destination de Monaco. Un trafic de 75 000 tonnes par semaine. « De la pure folie », avouera pourtant un transporteur. Redoutant les poussières, les nuisances sonores et les embouteillages sur la DN559, le projet a suscité une levée de boucliers chez les riverains, soutenus par le maire de la Seyne-sur-Mer.
Face à la grogne grandissante, Bouygues TP a revu son projet à la baisse. Des 2,2 Mt initialement prévus, le Revest ne fournirait plus que 800 000 t. Selon nos sources, Bouygues TP explorerait plusieurs pistes d’approvisionnement en Tunisie, en Italie et sur place à Monaco en exploitant les roches issues des travaux de terrassement. Contacté, le groupe de TP refuse de s’exprimer sur ce sujet embarrassant. D’autant que la Principauté tient à construire un éco-quartier exemplaire pour l’environnement !
« Soyons clairs, c’est une mauvaise nouvelle qui frappe pas seulement les entités signataires du contrat. C’est une sale nouvelle pour toute l’économie varoise et régionale ! J’ai commandé une analyse chiffrée à nos services pour estimer au plus près l’impact financier de cette décision », a déclaré, le 8 février, Jacques Bianchi, président de la CCI du Var, gestionnaire du Port de commerce de Toulon. Laquelle « regrette une décision qui ne tient pas compte du travail de concertation locale ». « Nous avions des idées pour faire circuler les camions le matin ou le soir. Les professionnels de la route sont très en colère face à cette démagogie irresponsable », ajoute Jean-Marc Montagnac, représentant varois de l’OTRE.
Les Transports Garassin, propriétaires de la carrière du Revest, ont fait l’acquisition de 40 camions-bennes pour honorer ce contrat. « Quarante véhicules neufs à la norme antipollution des plus récentes, donc dans une démarche éco-responsable, et autant d’emplois ! », ajoute l’OTRE. Le président de la CCI du Var souhaite se donner le temps de « mesurer la perte exacte de retombées économiques directes, l’impact indirect comme la mise en péril des équilibres budgétaires et des investissements dont le financement est remis en cause notamment du côté des ports, sans oublier le déficit en terme d’attractivité ».
Sur le port de Brégaillon, un centre de stockage et de lavage des matériaux devait être construit ainsi qu’une bande transporteuse reliant l’entrepôt au poste de chargement des navires. De 2017 à 2019, Toulon devait exporter les matériaux à raison de deux à trois navires de 25 000 t. par semaine. Un vrai grain de sable dans l’engrenage…
Dix ans de travaux pour gagner 6 ha sur la mer… Le Rocher a imaginé un éco-quartier aménagé autour d’un nouveau port, des commerces, l’extension du Grimaldi Forum, un parc et une promenade littorale.
Les travaux débutent cette année. L’achèvement de l’infrastructure maritime est prévu pour 2020, ce qui permettra d’engager dans la foulée les travaux d’aménagement du quartier et la construction des immeubles de grand luxe dont la livraison est programmée pour 2022. Ce chantier, qui représente un coût de 2 Md€, doit s’achever en 2025.