L’abandon de l’écotaxe se chiffre à 958 M€ pour l’État rien qu’en indemnisations, une gestion désastreuse que la Cour des Comptes vient de pointer du doigt dans son rapport annuel 2017 (L’OT 2866). C’est aussi un manque à gagner de près de 10 Md€ sur 10 ans. Comment désormais obtenir les ressources nécessaires pour abonder l’Agence de Financement des Infrastructures de transport en France (AFITF) ? La question reste entière. Le 8 février, la commission de l’aménagement du territoire et du développement organisait au Sénat une table ronde sur l’état des infrastructures routières et autoroutières. Le constat est unanime : les routes françaises se dégradent mais, surtout, les budgets alloués à l’entretien des infrastructures baissent depuis plusieurs années.
Christine Bouchet, la directrice des infrastructures de transport du ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, a défendu les 400 opérations menées en 2015-2016 et les 120 M€ de budget supplémentaire pour la régénération du réseau routier national. Selon elle, « il convient de poursuivre les améliorations avec une stratégie d’entretien nécessaire ».
Grâce aux outils existants, il est possible de réaliser des analyses précises et d’anticiper les besoins. Elle encourage ainsi « l’approche par itinéraire » et une optimisation des dépenses via des techniques routières nouvelles. Pierre Calvin, directeur prospective chez Colas et représentant de l’Union des syndicats de l’industrie routière française (USIRF), a rappelé que 80 % des marchandises transitent par la route, un « support des mobilités, disponible 24 h/24, 7 jours/7. Un euro non investi aujourd’hui, c’est 10 € à investir dans 10 ans pour obtenir un même résultat, alerte-t-il. On court à la catastrophe ». Sans écotaxe, c’est un financement des infrastructures qui disparaît. Et Pierre Chasseray, délégué général de l’association « 40 millions d’automobilistes » ajoute : « éco et taxe, il y a un problème de sémantique. Comment faire accepter une redevance avec un tel nom ? ». Pour ce dernier, pas de doute, à l’avenir une redevance devra voir le jour. Alors qu’il accuse la dégradation des routes d’être accidentogène, les statistiques montrent plutôt des causes liées à la somnolence, l’alcoolémie et des vitesses excessives.
Une dernière observation donne à réfléchir : il existe un écart de 50 % dans la distance de freinage entre un revêtement usé et un revêtement neuf. Mais comment empêcher un phénomène d’usure ? Faute de moyens, les élus n’ont que peu de choix.