L’ère est au travail collaboratif. Après la politique et l’économie participative, voici l’écologie collaborative. « L’engagement de la société civile est important et dans le secteur des transports, il devient urgent d’agir car il est responsable du tiers des émissions de CO2 », a souligné Bruno Lèchevin, président de l’Ademe, lors d’un bilan d’expérimentation le 2 février, du dispositif « Fret 21 – les chargeurs s’engagent en faveur du climat », lancé en 2015. Aujourd’hui, c’est un appel à la mobilisation de l’ensemble de la communauté des chargeurs ». Cette initiative, commune à l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie et l’AUTF, correspond au pendant pour les transporteurs de la démarche « Objectif CO2 » — et maintenant le « Label CO2 ». « Fret 21, bâti par les chargeurs pour les chargeurs, est le fruit et le reflet des réalités du terrain », assure Christian Rose, délégué général de l’AUTF. Il s’agit d’un programme d’engagements volontaires sur trois ans pour tous les donneurs d’ordre désireux de diminuer les émissions de gaz à effet de serre dans leur chaîne logistique. Il vise à quantifier l’impact environnemental de leurs transports, à mettre en œuvre des actions de réduction des émissions et à réaliser le suivi annuel par rapport à un objectif de résultats.
« Il faudra démultiplier le nombre de participants et affiner la méthodologie », note Denis Choumert, président de l’AUTF mais le but reste de déployer « Fret 21 » et permettre un jour peut-être une standardisation du dispositif afin « qu’il trouve une place sur la scène européenne ». Les initiateurs espèrent que le programme contribuera à la diminution de 18 % des émissions de GES des transports de marchandises en 2026 par rapport à 2013, un des objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone. À fin 2017, l’Ademe et l’AUTF visent une centaine de signataires et 1 000 à fin 2020. L’expérimentation a commencé en mai 2015 avec l’accord de principe de dix premiers signataires.
Ces entreprises de l’agroalimentaire, de la chimie, de l’automobile et distribution (Air Products, Carrefour, Coca Cola Entreprise, Ferrero, Fleury Michon, Hénaff, Orrion Chemicals Orgaform, Placoplâtre (Groupe Saint Gobain), Renault et SCA) établissent un premier bilan plutôt encourageant avec une réduction de 75 000 tonnes de CO2. Dans l’ensemble, elles ont atteint, ou quasiment, leurs objectifs fixés à trois ans en seulement un an. Si les volontaires sont libres de fixer leurs objectifs, l’Ademe et l’AUTF recommandent une certaine ambition et un minimum de 5 % de réduction à partir du plan d’action sur trois ans. En fonction de leur politique et stratégie, les signataires peuvent mettre en œuvre des actions selon quatre axes : celui du taux de chargement, de la distance parcourue, du moyen de transport et/ou des achats responsables. Un site internet dédié a été créé afin d’aider les chargeurs, sans distinction de taille ni de filière, à entamer leur démarche, notamment avec un catalogue de fiches actions à disposition.
Informations : www.fret21.eu et www.ademe.fr
Les dix premiers signataires de Fret 21 sont des entreprises d’envergure internationale ou de grands groupes, souvent déjà sensibilisés à une politique de développement durable, à l’instar de SCA. Ce spécialiste de l’hygiène (Demak’Up, Lotus, Nana, Okay, TENA et Tork) prévoit une réduction de 20 % de ses émissions de CO2 entre 2015 et 2020 et le programme Fret 21 correspond à « un prolongement naturel dans la démarche de l’entreprise ». Dans le cadre du récent dispositif, SCA s’est engagé à réduire de 5 % ses émissions de CO2 dans le transport sur trois ans, soit 2 000 tonnes/an avant fin 2018. Schéma de palettisation revu selon les produits, optimisation des espaces dans les entrepôts, alternative modale choisie… Résultats probants puisqu’à fin 2016, 80 % des objectifs étaient atteints.
Hénaff, PME familiale spécialisée dans les pâtés en conserve, poursuit avec Fret 21 son schéma de mutualisation des flux avec d’autres producteurs bretons. Les livraisons depuis l’usine de Pouldreuzic (29) chez les grands distributeurs ont lieu à jour et heure fixes. Deux actions ont été menées ce qui doit permettre de réduire 10 % de CO2 à fin 2017.
C.S.