Avec 900 millions d’objets expédiés en 2016 pour quelque 6,6 Md€ de chiffre d’affaires, le marché du colis semble bien prospère. Dans son étude « Le marché du colis – Perspectives du marché et du jeu concurrentiel à l’horizon 2020, analyse des axes de développement des acteurs », publiée début janvier, le cabinet Xerfi, spécialisé dans les études sectorielles, prévoit même 470 millions de colis ordinaires envoyés en 2020, soit une croissance de 3,5 % par an. L’express colis léger, lui, devrait progresser de 6 %. Le développement du e-commerce et des flux BtoC suscite une concurrence accrue chez les acteurs de la livraison de colis, les réseaux d’un côté avec Mondial Relay et Relais Colis et les intégrateurs de l’autre avec DHL, FedEx et UPS. Au final, c’est le client qui doit sortir gagnant en bénéficiant des améliorations de service.
« Pour se différencier, conquérir et fidéliser de nouveaux clients, indique Xerfi, les transporteurs doivent miser sur 5 priorités : la diminution des délais de livraison, la baisse du taux d’échec lors de la première présentation (en généralisant donc la livraison sur rendez-vous), le développement des solutions de livraison hors domicile, l’amélioration de la traçabilité des envois et la facilitation des retours ».
La position jusque-là dominante de La Poste en France semble de plus en plus disputée. Le groupe déploie une nouvelle stratégie (La Poste 2020 : conquérir l’avenir) pour maintenir sa place en lançant plusieurs initiatives comme les options élargies dans l’offre Colissimo, qui vise le J + 1, ou l’extension de la double tournée matin et soir dans les villes de plus de 50 000 habitants. Et l’opérateur postal historique n’a pas dit son dernier mot ! Grâce à Chronofresh, créé en 2015, il fait office de pionnier sur le créneau du BtoC alimentaire. Les concurrents ne se bousculent pas pour le moment mais il faudra regarder du côté des expressistes qui guettent les opportunités sur les marchés de niches. De nouveaux acteurs ambitieux et innovateurs apparaissent déjà à l’instar d’Amazon. Le e-commerçant américain entend bien compresser ses coûts de transport en prenant part dans sa chaîne de distribution. Il a internalisé le tri en amont de l’un de ses entrepôts français, une activité confiée alors à La Poste ou Colis Privé (dont il a finalement renoncé au rachat l’an dernier). Fret aérien et maritime, drones, robots, la firme ose les expériences et le lancement de services inédits comme Amazon Prime Now à Paris, une livraison à domicile en moins d’une heure. Si l’Américain continue de réfléchir à de nouvelles solutions de livraison ; il n’est pas le seul, observe Xerfi. Il faudra compter à l’avenir sur des jeunes pousses et autres plateformes collaboratives telles que Colisweb, Deliver.ee ou Boxtal.
Toutes les études de la Fevad (Fédération de la vente à distance) le démontrent. Celle de Boxtal également : le marché du colis lié au e-commerce poursuit sa croissance sur un rythme exponentiel. Une tendance qui vaut autant pour le B2C que pour le B2B, en attendant le C2C… Cette santé insolente du marché du colis n’est pas tirée par les seules grosses entreprises de la distribution ou de l’économie. Les TPE/PME — elles sont 77 % à l’annoncer — pensent elles aussi que le nombre de leurs envois va augmenter dans les prochaines années. C’est ce qui ressort d’une étude(1) réalisée par Boxtal (ex–EnvoiMoinsCher.com) auprès de 587 professionnels. Virginie Ducrot, la présidente de Boxtal, estime que « cette étude démontre l’enjeu énorme que représentent les expéditions pour les TPE/PME dans les prochaines années, notamment avec l’explosion du e-commerce ». L’étude de Boxtal estime à 73, en moyenne, le nombre de colis envoyés chaque mois par une petite entreprise. Ce qui engendre de facto du temps consacré à la préparation des colis, la gestion des imprévus, la négociation avec les transporteurs et le suivi du budget. « C’est déjà extrêmement chronophage », commente Virginie Ducrot. D’autant plus chronophage que, toujours selon l’étude, la charge revient dans la grande majorité des cas à une seule ou deux personnes : 56 % des entreprises interrogées n’ont pas ou qu’un seul salarié pour prendre en mains toutes ces tâches. Pas désintéressé, Boxtal estime ainsi que « les charges inhérentes à ces postes sont problématiques alors que l’expédition de colis pourrait être plus largement externalisée afin de focaliser les salariés sur l’activité commerciale et réaliser d’importantes économies ».
Parmi les entreprises qui comptent plus de deux collaborateurs, 71 % affectent un salarié aux tâches d’expédition, 60 % à leur suivi et 59 % à la gestion des imprévus. Par secteur, les marchandises expédiées par ou pour le compte des TPE/PME proviennent du marché de l’habillement et du linge de maison (16 %), des livres et documents divers (14 %), du matériel informatique ou de la téléphonie (13 %) et des pièces mécaniques (13 %). L’étude Boxtal révèle également que la fourchette de poids pour les colis (56 % des envois) se situe entre 250 g et moins de 2 kg (et 40 % entre 5 kg et moins de 30 kg). Dans un autre registre, 61 % des colis expédiés possèdent une valeur comprise entre 50 € et 200 €.
Par ailleurs, seulement 40 % (dont 8 % systématiquement) des professionnels interrogés déclarent souscrire une assurance couvrant les pertes ou dommages pour les colis. 57 % d’entre eux ne le font jamais.
* Étude réalisée par Audirep, du 22 novembre au 1er novembre 2016, auprès de 587 professionnels issus du monde de l’Agriculture, l’Artisanat, l’Industrie, le Commerce et les Services.