Comment appréhendent-ils 2017 ?

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Évolution des prix du carburant, fiscalité, dossiers sociaux (et notamment celui, ô combien délicat, du congé de fin d’activité), financement des infrastructures — tout aussi épineux… Neuf acteurs du TRM portent leur regard sur des tendances susceptibles de préfigurer l’année qui débute. Neuf regards portés sur une année où l’échéance présidentielle pourrait bien changer la donne.
Michel Sarrat président de GT Location

« Un monde d’incertitudes »

« Nous avons la sensation que l’activité est repartie, depuis la fin 2016, dans le secteur du bâtiment. Nous espérons par conséquent que 2017 confirmera cette tendance. La nouvelle année va sans doute être marquée par une remontée des prix du gazole pour la profession, avec en toile de fond une poussée inflationniste.

J’espère que le gouvernement confirmera le maintien du CICE (Crédit d’impôt compétitivité emploi). Car les sociétés vont tout de même être pénalisées par sa fiscalisation, qui va nous faire perdre une partie de son avantage en dépit du relèvement prévu de son taux. En Île-de-France, nous devons de nouveau composer avec une certaine tension dans le recrutement des conducteurs. Nous avons ce sentiment fortement ancré que nous vivons de plus en plus dans un monde caractérisé par l’incertitude et la complexité. Dans le TRM et la logistique, il nous faut de plus en plus être extrêmement réactifs et agiles ».

Denis Baudouin président du groupement Astre

« Attention à l’évolution des prix du carburant »

« 2017 s’annonce un peu dans un contexte d’instabilité politique : on ne sait pas trop où on va. Il existe tout un tas d’interrogations autour du programme des candidats à l’élection présidentielle et, bien entendu, sur l’identité du futur vainqueur et sur le programme qu’il mettra en œuvre. En clair, il y a un vrai manque de perspectives.

Au-delà de l’incertitude politique, nous sommes confrontés à une véritable remise en cause de nos marchés récurrents. Le phénomène des appels d’offres est devenu permanent ! Nous sommes benchmarkés et remis en cause en permanence, avec des incidences qui peuvent remettre en cause nos organisations. Il y a donc pas mal d’instabilité et les équilibres deviennent difficiles à tenir. En termes de perspectives économiques, nous avons pu observer un mouvement de reprise au niveau des volumes. Attention, toutefois, à l’évolution des prix du carburant, en hausse depuis quelques semaines. Ce sujet va engendrer des incertitudes supplémentaires ».

Olga Valot présidente des Transports Valot

« Des sujets en attente comme la pénibilité »

« C’est l’année de l’élection présidentielle, avec sans doute son lot de conséquences sur la législation ou la réglementation… Il y a des sujets en attente comme le dispositif pénibilité (François Fillon s’est engagé à le supprimer) ou la fiscalité de la logistique. Sur ce dernier point, il y a un sujet sensible en matière de fiscalité : depuis peu, les entrepôts sont rangés dans la catégorie des usines par les services fiscaux au prétexte qu’on y trouve des matériels. Du coup, la taxe foncière qui lui est appliquée est multipliée par quatre. Elle a donné lieu à de sérieux redressements. Il y a également le dossier de la pollution, qui devient récurrent en région parisienne et dans certaines régions de province. Les politiques et l’opinion publique continuent de montrer du doigt les transporteurs malgré tous les efforts qui ont été accomplis par nos entreprises. La prise de conscience doit être collective et doit inclure les particuliers ».

Patrice Clos secrétaire général FNCP/Force ouvrière

« Sauver CFA et permis de conduire professionnel »

« En cette année 2017, nous identifions deux priorités : sauver le congé de fin d’activité et le permis de conduire professionnel. La profession se trouve avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête : si le CFA venait à être taxé comme l’est la préretraite, les employeurs risquent de dénoncer les accords qui l’ont mis en place.

Sur le permis professionnel et l’obligation qui est faite à l’employeur de dénoncer les salariés contrevenants, c’est l’accord de 1992 qui est remis en question et cette possibilité qui était offerte aux conducteurs de se faire financer son nouveau permis. S’ils perdent des points, ils vont devoir financer eux-mêmes la récupération.

On peut percevoir des signes de reprise, ne serait-ce qu’au travers du baromètre des ventes de véhicules lourds. Cette reprise sera-t-elle durable ? Difficile de savoir. Les entreprises sont, de plus, confrontées aux pénuries de conducteurs au moment où il est question d’engager davantage de moyens roulants. Si ça repart, on fait comment ? Comment peut-on attirer des jeunes dans nos métiers où la moyenne d’âge avoisine les 50 ans ?

Nous sommes entrés dans une année électorale. Le résultat aura forcément des incidences. Si l’âge de la retraite est repoussé de deux ans, comme certains l’envisagent, le CFA se retrouvera en grand danger ».

Patrick Blaise secrétaire général de la CFDT Transports

« Un bon espoir d’aboutir à un accord pour le CFA »

« Plusieurs dossiers sociaux devraient marquer l’année 2017, à commencer par le congé de fin d’activité. Des négociations doivent être rapidement menées pour modifier le dispositif actuel, considéré comme une pré-retraite par l’Urssaf. Nous n’avons que jusqu’au 1er janvier 2018 mais nous avons bon espoir d’y parvenir. La protection sociale dans le secteur va en outre connaître cette année un changement important avec la mise en place d’un compte à points, issu de l’accord d’avril 2016, qui est entré en vigueur au 1er janvier. Les accords sur les négociations annuelles obligatoires de 2017 ainsi que la formation, pour l’instant en suspens, donneront lieu à de nouvelles réunions dans les prochaines semaines. La mise en place de plusieurs mesures de la loi Travail devrait aussi marquer cette année. Nous attendons beaucoup du compte personnel d’activité. Mais je reste prudent sur ce point car l’issue de l’élection présidentielle pourrait bien limiter la portée de ce dispositif en modifiant son contenu. Le compte pénibilité pourrait ainsi ne plus en faire partie. La décision sur la représentativité de l’OTRE, qui a déposé un recours, ne devrait pas avoir beaucoup de répercussions sur les sujets sociaux car nous tenons la même ligne face à la FNTR et TLF. Enfin, la refonte des classifications, espérée par tous dans la profession face à la vétusté du système actuel, devrait faire partie du programme des négociations de cette année ».

Max Jammot responsable Pôle économique d’Ellisphere

« Les majors devraient continuer à bien performer »

« En ce début d’année, il est légitime que les entreprises du TRM espèrent une amélioration de leur situation financière. Le maintien de leur trésorerie et des marges au niveau de 2016 serait déjà un bon signe de solidité adressé au marché. Si la croissance des investissements sur le secteur demeure forte (+ 12 % d’immatriculations de tracteurs neufs sur les trois premiers trimestres de 2016), certains signaux ne devraient néanmoins pas manquer d’impacter les professionnels. Le prix de revient (hors gazole) d’un véhicule a ainsi augmenté de 0,6 % en 2016, les prix à la pompe n’ont cessé de grimper, principalement le litre de gazole qui a atteint son plus haut niveau depuis l’été 2015 (1,22 €) ; à l’origine de cette hausse, la stratégie des grands producteurs de pétrole ainsi que le poids de la fiscalité sur les carburants en France. Depuis le 1er juillet 2016, si des dispositions issues de la loi Croissance et activité du 6 août 2015 visant à lutter contre le dumping social dans le TRM ont vu le jour, il est encore trop tôt pour juger de l’efficience de ces mesures, mises en place afin de combattre la concurrence déloyale de certains pays de l’Est. Les majors du secteur qui développent des services à plus haute valeur ajoutée, notamment dans la logistique, devraient continuer à bien performer. Pour les autres catégories d’entreprises, avec le plus souvent des structures plus fragiles, le risque de liquidité est bien réel. Elles n’auront probablement d’autres choix que de limiter les revalorisations salariales afin de minimiser la hausse de leur coût de revient. »

Christian Rose délégué général de l’AUTF (Association des Usagers des Transports de Fret)

« L’État doit lancer des signaux forts »

« Croisons les doigts pour que le petit frémissement de fin 2016 se confirme. On constate une reprise dans le bâtiment. Le vieil adage « quand le bâtiment va, tout va » reste d’actualité car il fait vivre beaucoup de secteurs en amont. Autre secteur bien portant : l’automobile, pourvoyeur de nombreuses activités en sous-traitance, telle que la mécanique ou la plasturgie. Comme ces deux secteurs tirent l’économie, on voit un signe encourageant pour l’année qui vient.

Il faudra aussi regarder de près la campagne présidentielle. Nous suivrons avec un œil très averti la politique de transport, des infrastructures ferroviaires, routières et fluviales car elle sous-entend la question de leur entretien et financement. Concernant les ports maritimes, on voit que la réforme de 2008 a porté ses fruits mais il s’agit maintenant d’améliorer leurs performances. La France a souffert des grèves du printemps 2016 qui ont rejailli sur la fiabilité des services, dans le ferroviaire et le maritime. Le prochain quinquennat devra se pencher sur tous ces sujets stratégiques.

Le pavillon français doit encore améliorer sa compétitivité. Il faut aussi oser les expérimentations, les innovations pour augmenter les performances environnementales. Pour que le transport routier entre dans une ère environnementale, l’État doit lancer des signaux forts et adopter une politique claire avec des calendriers et ne pas prendre que de petites mesures. Pour développer la circulation des véhicules au gaz, il faut aussi installer assez de stations par exemple ».

Francis Duseux président de l’Union française des industries pétrolières (UFIP)

« Un pétrole à 60 $ le baril »

« En janvier 2016, le baril de brent de la mer du Nord était à 30 dollars en moyenne. Il est remonté à 53 $ le 21 décembre 2016. En moyenne sur l’année 2016, le baril a affiché un prix de 43,3 $ contre 52,5 $ en moyenne 2015. À court terme, le prix du baril devrait osciller autour de 60 $. En parallèle, la demande mondiale progresse avec une production à 1,3 million de baril/jour. La remontée du prix du pétrole est une mauvaise nouvelle pour les industriels et les particuliers qui utilisent leurs véhicules chaque jour. C’est aussi une mauvaise nouvelle pour les transporteurs même si la hausse ne sera pas si spectaculaire. Entre un pétrole à près de 110 $ en 2013 et un pétrole à 30 $ en 2016, le litre de gazole a baissé de plus de 30 centimes. C’est surtout positif pour la lutte contre le réchauffement climatique car un prix élevé devrait permettre une réduction de la consommation globale et rendre les énergies alternatives plus rentables. L’engagement déterminant serait que les gouvernements éliminent progressivement et collectivement le charbon pour le remplacer par le gaz. Selon les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la consommation de gaz augmentera de 40 % à l’horizon 2040. Dès 2015, les groupes pétroliers européens ont relancé leurs investissements dans les énergies renouvelables (biocarburants). La technologie demeure la solution au problème de la réduction des gaz à effet de serre (GES). Le jour où on saura stocker l’électricité, ce sera gagné. »

Bertrand Pancher député UDI de la Meuse

« Un vrai débat sur les moyens pour le transport »

« François Fillon, le vainqueur de la primaire de la droite et du centre en décembre, a ouvert son équipe « Projet » à l’Union des démocrates et indépendants (UDI). Afin de préparer la campagne présidentielle, Jean-Christophe Lagarde et Laurent Hénart, respectivement président de l’UDI et du Parti radical ont demandé à ce que je sois intégré à cette équipe. L’objectif est de travailler sur les questions transport et environnementales. À l’évidence, on ne pourra pas faire l’économie d’un vrai débat sur les moyens à mettre en œuvre en matière de transport. Le financement des infrastructures demeure une priorité. L’écotaxe a été définitivement abrogée dans le code des douanes lors de l’adoption définitive de la loi de finances 2017 le 20 décembre à l’Assemblée nationale. Au chapitre de la fiscalité, la recette directe la plus rapide à collecter reste la fiscalité sur le gazole (TICPE). Il faut donc maintenir cette modalité pour les transporteurs. Je note enfin l’incohérence de la Ville de Paris : la fermeture des voies sur berges se traduit de facto par un report des embouteillages à l’extérieur de la capitale. »

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