Le monde syndical, à l’instar de celui des affaires, n’est pas fait pour les cœurs tendres. Pas de pitié, sans merci, hautement concurrentiel, là où les intérêts les plus immédiats et les rancœurs les plus anciennes peuvent servir de levier. La disqualification de l’OTRE sur le champ de la représentativité en est un nouvel épisode, nourri par un vieux contentieux datant de 2000 et des animosités personnelles plus que recuites. Le 8 décembre 2016, la Cour administrative d’appel de Paris a annulé la décision de représentativité accordée à l’OTRE par le ministère en 2012. La Cour administrative stigmatise l’absence de transparence financière et le non-équilibre territorial du contingent d’adhérents. Cette décision de justice a fait l’effet d’une bombe. Elle confirme le rôle pivot de la FNTR, rendue plus forte par sa proximité avec TLF et l’Unostra. Et dans la foulée, l’UFT, qui réunit sous une même bannière les FNTR, TLF et CNM, a crié victoire. Les mots choisis pour la célébrer sont sans nuance : « Seules les organisations professionnelles répondant aux critères (d’ordre financier et géographique, ndlr) sont légitimes à engager les entreprises auprès des pouvoirs publics et des partenaires sociaux ». Un juste retour des choses pour l’UFT mais… une injustice pour les centaines d’adhérents de l’OTRE (qui en revendique plus de 3000), plus visibles dans certaines régions que dans d’autres, il est vrai. La décision de la Cour administrative leur paraît incompréhensible, voire choquante pour ceux qui ont, par le passé, quitté la « maison » FNTR par conviction, curiosité ou dépit. Pourront-ils se résoudre à se voir sortis du jeu syndical et des négociations collectives, au risque de s’approcher du vide ? Les silences de l’OTRE, depuis la mi-décembre, n’en sont que plus troublants, même si un pourvoi en cassation devant le Conseil d’État a été initié. Il sera forcément demandé des explications lors des vœux publics de l’OTRE, le 18 janvier, représentée par sa présidente, Aline Mesplès.
En cette année 2017 où le débat politique va occuper tout l’espace, rythmé par l’élection d’un nouvel exécutif et le scrutin législatif, le canal judiciaire est un 3e pouvoir qui a son propre rythme et ses propres repères. Faire appel à lui est, aussi, une façon de faire de la « politique ».