Au moment où la Commission européenne a lancé une vaste consultation publique (L’OT 2846) en vue de réviser la législation sociale du TRM avec des initiatives routières (« Initiative Road ») en 2017 ; l’office statistique de l’Union européenne (Eurostat) a publié le 10 novembre le dernier état des lieux du transport au sein des 28 États membres pour l’année 2014(1). Il faut en moyenne deux ans à l’observatoire luxembourgeois de la Commission pour réaliser une photographie actualisée du transport sur la base des données transmises par les Etats membres. Quels sont les principaux enseignements de cette étude multithématique ?
Les deux coordinateurs pour le transport routier, Luciano De Angelis et Nikolaos Roubanis, chiffrent à 4 millions, le nombre de tracteurs routiers et semi-remorques immatriculés au sein de l’Union européenne. Le transport de marchandises par la route reste le mode dominant, soit 74,9 % des tonnes-kilomètres transportées. Ce mode enregistre toutefois une baisse de 2,2 % par rapport aux volumes acheminés en 2009 (77,1 %). En parallèle, la part du fret ferroviaire reste stable depuis 2011 à 18,4 %. Enfin, la part du fret fluvial oscille entre 6 % et 7 %, à 6,7 % en 2014.
Sur l’ensemble des trafics routiers (en millions de t-km), le Top 5 est composé de l’Allemagne (310 142), de la Pologne (250 931), de l’Espagne (195 767), de la France (165 224) et du Royaume-Uni (143 086). À noter que la France ne réalise plus que la moitié de l’activité du leader allemand.
Avec 25,2 % des t-km transportées en 2014, la Pologne affiche la plus forte part de marché en matière de transport routier international (voir graphique). Pour six États membres (Lituanie, Slovaquie, Bulgarie, Hongrie, Luxembourg, Slovénie), cette part de marché représente plus de 40 % des échanges au sein de l’UE. Le poids moyen chargé dans l’ensemble des états membres s’élève à 13,8 t en 2014 ; 12,8 t pour le transport domestique et 16,0 t pour le transport international. Si la Finlande affiche le tonnage moyen le plus élevé à l’international (21,3 t) ; la Suède affiche quant à elle le tonnage le plus important pour le transport domestique (16,5 t). En revanche, la Slovaquie revendique le plus faible tonnage moyen (5 t), soit 60 % inférieur à la moyenne de l’UE (13,8 t). À noter que 38 % des marchandises sont acheminées sur des distances comprises entre 300 et 1 000 km. Pour les États insulaires et les petits États qui privilégient le marché domestique (Irlande, Chypre, Pays-Bas, Autriche), les marchandises sont transportées sur une distance inférieure à 150 km. A contrario, les états membres qui misent sur le transport international (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Hongrie, Portugal, Roumanie et Slovaquie) couvrant des distances supérieures à 1 000 km.
Fait marquant, l’étude Eurostat montre aussi que près de 21 % des trajets sont effectués à vide au sein des 28 états membres. Le taux moyen grimpe à 25 % pour le transport national et chute à 13 % pour le transport international, une conséquence probable de la libéralisation du transport routier de marchandises. La plupart des États membres oscillent entre 15 % et 30 % de trajets à vide. Chypre affiche un taux de 41 %, l’Irlande et la Grèce, respectivement 38 % et 34 %. En revanche, le Luxembourg (6 %), le Danemark (12 %) et le Portugal (14 %) affichent les plus faibles taux de trajets à vide.
À noter que les opérations de cabotage ne représentent qu’un faible pourcentage des trajets de transport international, soit 1,8 % des tonnes-kilomètres transportées en 2014. La Pologne reste le plus gros caboteur européen (28 %). En revanche, l’Allemagne (41 %) et la France (26 %) sont les deux Etats les plus cabotés de l’UE.
(1) Eurostat publication « Energy, transport and environnement indicators », 2016 edition (en anglais uniquement) et données sources disponibles sur le site Web d’Eurostat du 10 novembre 2016.