Technotrans met les gaz

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Sur fond de reprise du marché, la 16e édition du salon nantais a enregistré une affluence record. Pendant trois jours, les visiteurs ont découvert les nouvelles solutions et les services des fournisseurs, et en particulier les innovations des constructeurs liées aux énergies alternatives au diesel.

Technotrans a fait le plein. Le salon professionnel du transport routier de marchandises a accueilli pas moins de 5 700 visiteurs, soit + 8 % de mieux que la précédente édition, en 2014. La fréquentation était surtout significative le premier jour grâce à la venue des jeunes en lycée professionnel et BTS de transport. Particulièrement riche, la 16e édition de ce salon régional (80 % des visiteurs proviennent de Bretagne et des Pays de la Loire) rassemblait un total de 112 exposants sur une surface accrue de 3 500 m2 . « Nous avons fait le pari d’investir la totalité des 12 000 m2 du hall XXL du Parc des expositions de Nantes, rapporte Jean-Christophe Limousin, le délégué général de la FNTR des Pays de la Loire, organisateur. Nous avons la fierté d’accueillir l’ensemble des constructeurs de camions ».

Le gaz comme argument marketing

Presque toutes les innovations dévoilées au dernier salon IAA de Hanovre étaient présentées. Si la propriété et l’administration de la multitude des informations qui transitent par un véhicule pose de plus en plus question (« la gestion des données, c’est le pouvoir », soulignait un transporteur), l’interrogation principale des visiteurs portait sur la motorisation. Le recours aux solutions énergétiques alternatives alimente de plus en plus le débat. « Le gaz est plus qu’un sujet d’actualité ; c’est devenu un véritable sujet de réflexion stratégique chez les transporteurs depuis que l’Ademe a récemment lancé son appel à projet de déploiement d’unités de stockage de gaz », confie Anthony Rouxel, le délégué général de la FNTR Bretagne. D’autant que ces incitations fiscales permettent de sur-amortir de 40 % les véhicules au gaz sur les exercices 2016 et 2017 – y compris les remorques.

Malgré un surcoût d’environ 30 % à l’achat, Pascal Boué a fait ses comptes et passé commande de deux tracteurs au gaz liquide, qu’il recevra début 2017. « Le gaz devient un argument marketing essentiel vis-à-vis des clients. Ils ne le réclament pas, mais on voit bien que ça leur plaît lorsqu’on en parle… Le GNL est certes moins polyvalent que le diesel mais il permet de sortir de l’image désastreuse du diesel auprès du grand public. La solution est certes moins polyvalente que le gazole, mais le nombre de stations-service ne cesse de se développer. Et le surcoût de 30 % s’amortit dès que l’on dépasse les 140 000 km par an », explique le dirigeant des Transports TBPFM (100 cartes grises), installés sur l’axe Nantes-Cholet, et spécialisé sur les longues distances. Seule inconnue de ce modèle économique : la revente des véhicules d’occasion. « Personne ne sait comment se vendront les tracteurs GNL dans cinq ans », s’interroge un transporteur.

Le frein que représentait le nombre limité de stations-service au gaz est en train de voler en éclat comme en témoignent deux projets d’ouverture de nouvelles stations à Nantes (dont une AS24 à Carquefou). «  On a construit autant de stations de gaz en 2016 que pendant ces 20 dernières années », estime Gilles Bauster, le directeur marketing de Scania. Aujourd’hui, en plus des 25 stations de gaz compressé (GNC), on dénombre en France une douzaine de stations GNL accessible aux semi-remorques. Outre les projets à Nantes, des prochaines ouvertures sont également prévues à Bordeaux et à Compiègne. En attendant, les allées bruissaient des difficultés de recrutement de conducteurs. « C’est devenu un vrai frein à notre développement », témoigne Dominique Derval, des Transports Serge Derval. Les difficultés rencontrées par les transporteurs se confirment dans les chiffres.

3000 postes à pourvoir

«  Les dernières enquêtes de Pole Emploi recensent plus de 1 200 projets de recrutements de conducteurs sur la seule région », confirme Pascal Trubert, le président de la FNTR Pays de la Loire. Philippe Viroulaud, directeur adjoint de la DREAL, évoque de son côté le chiffre de 3 000 postes restant à pourvoir dans la région… L’enjeu est de taille : au-delà des embauches destinées à faire face à la croissance, il s’agit également de remplacer les classes d’âge partant à la retraite. Au même titre que la technologie, la question sociale est au cœur de l’avenir de la filière régionale.

Route et pilotage du futur

Une conférence prospective s’est tenue dans le cadre du salon pour inventorier les évolutions à venir sur les générations de camions connectés et robotisés avec des routes interactives. Les premiers essais de roulage en convoi (platooning) ont eu lieu en avril dernier. Ils ont permis de valider que cette solution garantissait une meilleure régulation de la fluidité du trafic routier ainsi qu’une baisse de la consommation (de l’ordre de 10 % à partir du 2e véhicule). Aujourd’hui, l’enjeu est d’optimiser certaines fonctionnalités en assurant l’interconnexion des véhicules avec la route et, au-delà, d’établir une communication globale avec l’environnement (feux tricolores, autres véhicules, piétons, etc). Cette évolution profitera aux infrastructures routières qui pourront être moins larges tout en étant plus solides à l’endroit où passeront systématiquement les véhicules (pour éviter de former des ornières). D’ici là, les recherches pour recharger des véhicules électriques en roulant (en cours chez Alstom, Siemens et Bombardier) seront sans doute au point. Selon Nicolas Hautière, le directeur de projet à l’Institut français des sciences et technologies des transports (IFSTTAR), qui a lancé son projet Route 5e Génération en lien avec le programme européen « Forever Open Road », les premiers tests grandeur nature de ces futures innovations interviendront au cours des années 2020 pour un déploiement généralisé à partir de 2040.

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