Des contrats de plus en plus courts. Des lignes soumissionnées par lots qui impliquent un recours à la sous-traitance. Des prix qui ne prennent en compte ni les surcoûts liés aux 35 heures, ni les hausses du gazole sur les kilomètres à vide, ni les temps autres que la conduite. Un donneur d'ordres qui étudie à la loupe les propositions tarifaires de ses sous-traitants, mais ne retient au final que ce qui l'arrange. C'est le lot d'une quinzaine de transporteurs réunis par la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), la Fédération des entreprises de transport et de logistique de France (TLF) et l'Unostra, le 24 novembre. Le dénominateur commun de ces professionnels ? La Poste assure entre 10 % et 70 % de leur activité en tractions routières. Tous évoquent la difficulté à se faire rémunérer leurs prestations au juste prix. Tous pointent une série d'anomalies dans les relations commerciales entretenues avec leur donneur d'ordres.
Autant d'irrégularités sur lesquelles les pouvoirs publics ferment les yeux avec complaisance. Quand ils ne vont pas jusqu'à les favoriser. Ainsi le décret Gayssot proroge la dérogation accordée aux actuels sous-traitants de l'opérateur postal. Elle les dispense tout simplement de s'inscrire au registre professionnel. Et qu'importe si le maintien de cette exemption s'opère en totale contradiction avec la politique engagée depuis trois ans par le ministère des Transports ! Les pratiques tarifaires de la Poste, elles, s'en trouvent bien : elles jouent habilement des prix pratiqués par des transporteurs encadrés au plan réglementaire et de ceux qui ne le sont pas. Un privilège qui lui est conféré par son statut de service public. Lequel lui offre également un solide rempart aux regards inquisiteurs de l'Administration et de la Justice. Requalifications de contrats de sous-traitance en contrats de travail, procès pour dissimulation de salariés, passez votre chemin. La Poste ne connaît pas.