Coupures de conduite, prise des repos journaliers, ces deux exigences réglementaires sont devenues la hantise des conducteurs professionnels. Aux abords des grandes agglomérations, les places de stationnement font défaut.
Une carence qui porte gravement atteinte au respect de la législation sociale et des règles de sécurité, dégrade les conditions de travail des salariés, annihile les efforts engagés par les employeurs en faveur de la réduction du temps de travail. Cette réalité contredit tous les objectifs sociaux affichés par le ministre des transports Jean-Claude Gayssot. Pour autant, l'Etat craint de favoriser la croissance du trafic routier utilitaire en finançant des structures d'accueil pour les poids lourds. Il se dérobe à ses responsabilités, reportant la création de telles infrastructures sur les collectivités territoriales, les sociétés d'autoroutes, voire le secteur privé. Un abandon qui ne l'empêche pas, parallèlement, de renforcer sa politique répressive à l'égard de la profession routière. Laquelle n'en peut plus, écartelée entre les contraintes réglementaires toujours plus strictes qui lui sont imposées et les moyens indigents qui lui sont consentis pour y faire droit.
Les schémas de services collectifs constituent un autre exemple des contradictions infligées au secteur routier. Récemment arrêtés par le Gouvernement, ils sont destinés à planifier l'aménagement du territoire pour les vingt ans à venir. Celui consacré au transport de fret privilégie une approche multimodale, clament haut et fort les pouvoirs publics. Parmi les premières décisions figurent la remise en cause de plusieurs projets routiers, dont l'autoroute A 51 Grenoble-Sisteron. L'enjeu de cette réforme ne fait pas illusion.