Touchés de plein fouet par la pénurie de conducteurs routiers, les transporteurs alsaciens sont contraints de refuser des contrats, au grand mécontentement des chargeurs de la région. « Le manque de personnel roulant freine notre activité », déplore Betty Muller, directrice générale de TYM (Transports Yvan Muller) basé à Seppois-le-Bas (68). « Le lundi 13 novembre, quatre de nos véhicules sont restés immobilisés », affirme Gérard Klinzing, président de la FNTR (Fédération nationale des transports routiers) Alsace et directeur général des Transports Klinzing, implantés à Ruelisheim (68). Le chef d'entreprise alsacien s'inquiète : « Nous n'avons pas de solution pour remédier à cette pénurie qui entraîne une perte de chiffre d'affaires. Même les sociétés intérimaires ne peuvent pas répondre à la demande ». Une situation d'autant plus inextricable que l'Alsace, région limitrophe, subit parallèlement une fuite de ses conducteurs vers l'étranger. « En quinze jours, deux de nos chauffeurs sont partis travailler en Suisse. Ils y bénéficient de salaires avantageux et d'un taux de change très favorable », poursuit Gérard Klinzing. Sur ce terrain, les employeurs français ne peuvent encore moins lutter depuis la mise en place de la réduction du temps de travail. « Les conducteurs se font aussi embaucher dans d'autres secteurs, tels que l'armée, l'agroalimentaire, la distribution ou l'industrie », observe, pour sa part, François de Wispelaere, secrétaire général de l'OREF (Observatoire régional emploi formation). « Dans le compte propre, les postes proposés offrent des conditions de travail plus stables et des possibilités d'évolution de carrière». Au sein des transports publics, Gérard Klinzing constate que les chauffeurs changent facilement d'entreprise. Il déplore la surenchère salariale pratiquée par certains de ses confrères. « Pour fidéliser notre personnel, nous sommes obligés de le rémunérer au dessus des barèmes conventionnels » assure de son côté Betty Muller. Avec 9 893 conducteurs routiers en poste au 1er janvier 2000, l'Alsace recherche 500 chauffeurs supplémentaires. Selon un rapport publié en octobre par l'OREF Alsace, 1 948 offres d'emploi ont été recueillies en 1999 (+3 %) pour 978 demandes. Le taux de satisfaction des offres est tombé à 81%.
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L'Alsace pénalisée
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