Arthur Ziegler : de A jusqu'à Z

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Le Groupe Ziegler est la plus importante entreprise de transport/logistique indépendante en Belgique. Il étend ses ramifications dans une dizaine de pays où il dispose de 225 implantations auxquelles sont rattachées 4500 personnes. L'an dernier, le montant des facturations s'est établi à 1,5 milliard d'euros, soit près de 10 milliards de FF, pour un chiffre d'affaires de 6,4 MdF. Depuis sa création par Arthur Joseph Ziegler, en 1908, le groupe s'est développé grâce à ses activités multimodales. Sa croissance interne a été assurée par quatre métiers principaux: le transport routier, le transport maritime et le transport aérien, désormais réunis dans une offre logistique « à façon » devenue l'axe de développement prioritaire depuis 10 ans. Elle a été également soutenue par une croissance externe forcenée qui s'est concrétisée par le rachat d'une soixantaine d'entreprises en Europe et dont la plupart des marques ont été conservées. Ainsi s'est constitué un réseau d'une rare densité où chaque agence peut proposer « une offre logistique multimodale de proximité » répondant à la stratégie particulière d'une « entreprise familiale qui entend bien le rester... »

Officiellement, le Groupe Ziegler exerce, en Belgique, le métier d'expéditeur qui a pour traduction française l'activité de commissionnaire. Une appellation un peu simpliste pour Michel D. Govaerts, vice-président exécutif du groupe. Trop réductrice, en tout cas, au regard d'une entreprise qui emploie 4500 personnes, implantée sur 225 sites répartis dans une dizaine de pays et qui a réalisé 10 milliards de francs de facturation l'an dernier.

Ziegler se définit comme « un opérateur multimodal pour une offre logistique globale de proximité ». Dans cette formulation, chaque terme à son poids, car elle recouvre toute la stratégie qui a guidé le groupe dans son développement depuis sa création.

Précurseur

« Nous sommes opérateur multimodal depuis toujours », souligne en effet, Michel D. Govaerts. L'entreprise a démarré par le groupage ferroviaire, elle s'est ensuite orientée vers le transport maritime et, dès la fin de la deuxième guerre, elle a basculé la plupart de ses trafics sur la route. Enfin, à partir de 1946, elle s'est intéressée au développement du transport aérien.

« On peut considérer également que nous avons toujours fait de la logistique, poursuit-il. Dès 1908, l'une des principales activités de l'entreprise consistait à importer du vin en vrac pour le compte de négociants locaux et d'importateurs français. Il était mis en bouteille, étiqueté, conditionné, stocké et distribué, dans une sorte de chaîne logistique intégrée. »

Ce même schéma a été reproduit dans des secteurs différents pour des clients industriels au cours des années qui ont suivi. « Après avoir fait de la logistique sans le savoir - et sans le dire - en 1990, il a été décidé qu'elle serait l'un des axes de développement prioritaire en affichant la volonté de nous intégrer dans la supply chain de nos clients.

Pour cela, nous proposons désormais une gamme de prestations qui couvre: le transport, le dédouanement, l'entreposage, la préparation de commandes, la facturation, la distribution, etc., puisqu'elle comprend aussi la mise en place de solutions personnalisés, afin d'offrir une offre logistique globale ».

S'intégrer au tissu économique local

« Notre stratégie nous amène ainsi a être le plus proche possible de nos clients, à être près d'eux physiquement, c'est à dire à nous intégrer dans leur propre tissu économique. »

Une démarche qui explique les nombreux rachats d'entreprises effectués par le Groupe Ziegler dans une dizaine de pays où il est implanté en propre, notamment la France, et qui ont renforcé sa croissance interne.

« Nous donnons sans doute l'impression d'aller à contre-courant », poursuit Michel D. Govaerts, « car à l'inverse des groupes de transport/logistique qui rachètent des entreprises dans des pays étrangers et qui ferment par la suite de nombreuses agences, notre stratégie nous porte à multiplier les implantations de proximité pour créer un réseau qui fonctionne par capillarité. Nous n'avons fermé que très peu d'agences. Au pire, nous les avons déplacées.

Par ailleurs, même si nous sommes conscients qu'elles ne pourront pas tout faire, chacune des agences à pour vocation de proposer à tous les clients les solutions globalisées que permettent d'offrir nos différents métiers ».

Quatre métiers totalement imbriqués

Actuellement, le développement du Groupe Ziegler s'appuie essentiellement sur trois modes de transport: la route, le maritime et l'aérien, ainsi que sur un ensemble de prestations logistiques standards ou « taylor made ».

En ce qui concerne les différents modes de transport, ils se développent en parallèle. Difficile pourtant de savoir quelle part des 6,4 MdF de chiffre d'affaires réalise chacun d'eux. « Notre organisation ne nous permet pas, aujourd'hui, de les cerner précisément », explique le vice-président de Ziegler. « Nos structures sont très décentralisées, chacune d'elle bénéficie d'une certaine autonomie. Elles sont organisées en centre de profit, par société et par région, et l'ensemble de nos prestations, quel que soit le mode, est proposé jusque dans la plus petite agence. Savoir quelle part elle réalise sur l'un des services que nous offrons, à vrai dire, ne nous intéresse pas ».

Si les responsables du Groupe considèrent que le transport routier représente aujourd'hui 40 % du chiffre d'affaires, - autant que le maritime (20 %) et l'aérien (20 %) réunis -, il s'agit d'une estimation. « Mais même s'il est majoritaire », note Michel Govaerts, « pour nous, le transport routier est toujours le maillon d'une chaîne multimodale ». Et, de ce fait, l'évolution des différents métiers au sein du groupe est tout aussi difficile à évaluer.

C'est en matière de fret aérien que la croissance a été la plus rapide au cours des dernières années, reconnaît-on volontiers. Mais la logistique, depuis dix ans, connaît également un fort développement si l'on se réfère aux chiffres avancés. En trois ans, le nombre de sites est ainsi passé de 50 à 81, les surfaces d'entreposage ont pratiquement doublé passant respectivement de 500 à 700 puis à 900 000 m2 cette année. Les recettes générées par l'éventail des prestations qui étaient estimées à 7 % , il y a cinq ans, sont évaluées à plus de 20 % cette année et pourraient atteindre prochainement 30 %.

Quant à l'évolution du transport routier, ce mode a connu une forte impulsion dès le début des années 50 du fait qu'il a bénéficié du transfert des opérations de groupage ferroviaire. Par ailleurs, à partir des années 60, le groupe s'est lancé dans des opérations de croissance externe en rachetant des entreprises à dominante routière. « Si bien qu'avec un parc en propriété de 1 500 véhicules et 5 000 affrétés nous passons souvent pour des transporteurs routiers. Ce parc est en général un héritage historique mais notre vocation n'est pas de gérer des flottes et nous n'achetons des véhicules qu'en fonction de nos besoins », précise Michel D. Govaerts.

D'ailleurs, il n'est pas exclu que le groupe Ziegler, dans les années futures, envisage un retour à « une utilisation plus massive du train si celui-ci améliore sa fiabilité, la qualité de son service et qu'un minimum d'harmonisation s'instaure dans les réseaux ».

Il rappelle, notamment, que Ziegler a été longtemps actionnaire de TRW, l'opérateur belge de transport combiné rail/route, « mais notre participation de 20% s'est diluée lors d'une augmentation de capital que nous n'avons pas suivie.

C'est le problème d'avoir eu raison trop tôt et le temps n'est pas encore venu de revenir au combiné. Les grandes lignes sont saturées, les réseaux accordent la priorité au transport de voyageurs ce qui a pour conséquence d'engorger les parcs où stationnent les files de véhicules routiers ». En outre, le groupe Ziegler utilise également la voie d'eau entre les ports de Rotterdam et de Bâle pour acheminer des conteneurs avant ou après transbordement.

Même stratégie dans 8 pays

L'organisation et la stratégie sont les mêmes dans les pays où le Groupe Ziegler est actuellement présent en propre, notamment les 8 pays européens qui constituent l'ossature du système: le Benelux, la France, la Grande Bretagne, la Suisse, le Danemark et la Suède. Et c'est sur ces pays que l'entreprise entend dorénavant concentrer ses efforts et poursuivre la consolidation de ses positions dans chacun d'entre eux.

Depuis le rachat de Rochais Bonnet et d'une partie de Drouin, il dispose, en France, de 82 implantations qui emploient 2 000 salariés et qui réalisent 4,5 MdF de facturation pour un chiffre d'affaires de 2,5 MdF hors douane. « Nous considérons que nos filiales nous assurent une très belle couverture et, dans l'immédiat, il n'y a pas lieu de l'augmenter », note Michel Govaerts. Sauf opportunités, bien sûr. Et il fait remarquer que si d'aucuns avaient noté un recul du volume d'affaire en messagerie dans ce pays, « il s'agit d'une baisse en pourcentage qui s'est opérée en faveur de l'international ».

En effet, pour rentrer dans le schéma Ziegler, Rochais Bonnet et Drouin sont devenus des opérateurs de logistique multimodale. Une agence de fret aérien a été ouverte sur l'aéroport de Nantes et un bureau maritime s'est installé au terminal de Montoire, entre Nantes et Saint Nazaire.

« Nous voulons rester une entreprise familiale »

Les seules opérations de croissance externe envisagées aujourd'hui pourraient concerner le Royaume-Uni où le réseau n'est pas totalement satisfaisant en terme d'implantations. Statu quo, donc, pour les autres pays, y compris pour l'Allemagne où le groupe belge n'est pourtant pas implanté et Michel D. Govaerts s'en explique: « Pendant très longtemps, nous avons travaillé en étroite collaboration avec le Groupe Schenker dont le fondateur était l'oncle d'Arthur Joseph Ziegler. Ses successeurs n'ont pu que déplorer la rupture des relations qui est intervenue il y a quelques années et, comme l'Allemagne est un pays assez complexe, plutôt que de nous installer en propre, il a été décidé de travailler en association avec des partenaires régionaux ».

C'est également la solution qui a été choisie pour couvrir les pays du sud européen. « Nous sommes une entreprise familiale et nous entendons le rester », souligne le vice-président de Ziegler. « En conséquence, des choix s'imposent et nous préférons bien travailler dans les huit pays où nous sommes implantés et où il reste matière à s'occuper si nous voulons déployer toute notre stratégie. Le réseau de correspondants choisis que nous avons mis en place dans le monde entier satisfait actuellement nos ambitions. »

Paradoxe européen...

« Nous ne sommes pas la Deutsche Post... », conclut Michel Govaerts, égratignant au passage les autorités bruxelloises. « Je trouve proprement scandaleux que l'Europe ne s'oppose pas à ce type de démarche. Qu'elle laisse s'installer sur le marché concurrentiel des entreprises nationales dont certaines sont encore à l'abri derrière des monopoles et dont on ne connaît même pas, comme ici, en Belgique (Ndlr:ABX), la situation financière. Cela va à l'encontre de toute logique de libéralisation et de privatisation qui sont prônées par ces mêmes institutions. En outre, la démarche est contraire aux orientations que la Commission entend donner aux transports. Elle cherche à rééquilibrer les trafics modaux au bénéfice du rail et on assiste au renforcement des activités routières de certains groupes ferroviaires. Il y a là un vrai paradoxe ! », estime-t-il.

EN CHIFFRES
Ziegler en chiffres

Effectif : 4 500 personnes

Implantation : 225

Présence directe: 10 pays

Entreposage : 900 000 m2

Nombre se sites : 225

Parc :

- en propre 1 500

- Affrétés 5 000

Facturation : 10 MdF

Chiffre d'affaires : 6,4 MdF

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