René Petit pr épare sa succession

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Réunie en congrès à Paris les 11 et 12 octobre, la Fédération nationale des transports routiers claque la porte du MEDEF. Une des conséquences du dernier conflit qui s'avère d'un« bon rapport qualité-prix » selon son président René Petit. Lequel annonce son départ en octobre 2001. Pour autant, les ristournes fiscales sur le carburant ne guériront pas le transport routier malade de son incapacité à répercuter la hausse de charges nouvelles. Seule une régulation efficace pourra y remédier. Les pouvoirs publics doivent agir et vite.

«La profession n'a pas eu tout ce qu'elle voulait mais ne s'est pas battue pour rien ». Un mois après le blocus des dépôts pétroliers, la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) réunie en congrès, les 11 et 12 octobre à Paris, se félicitait d'un bilan qui « offre un bon rapport qualité/prix » selon son président René Petit. Le ministre des Transports, Jean-Claude Gayssot en convient volontiers qui évoque « un résultat proche de ce que vous espériez ». C'est forte de ces engagements ministériels que la FNTR a demandé la levée du mouvement : « le poursuivre eut risqué d'entraîner un basculement de l'opinion publique en notre défaveur, une détérioration définitive des comptes de nos entreprises, une fin de conflit vraisemblablement dénuée de dommages ». S'il revient sur une issue « qui n'a pas été sans conséquences » pour l'organisation qu'il préside, René Petit n'épilogue pas sur l'exclusion de 17 syndicats départementaux. « Nous avons dû nous séparer de certaines structures locales afin de gagner en force et en sérénité » note-t-il simplement. La présidence de l'« outil efficace » que serait ainsi devenue la FNTR, René Petit la transmettra à son successeur dans un an puisqu'il a annoncé son intention de ne pas solliciter un nouveau mandat. Autre mesure post-conflit : la FNTR suspendra, en 2001, le versement au niveau national de sa cotisation au MEDEF (ex-CNPF). Organisation dont elle est membre via le Comité de liaison du transport et de la logistique (CLTL). Les cotisations perçues par les antennes locales du MEDEF continueront, elles, à être versées par les entreprises. La condamnation des blocages par le président Ernest-Antoine Sellière est invoquée à l'appui de cette décision. Reste que les « petites » économies - la FNTR aurait versé quelque 150 000 F au mouvement du patronat cette année - font aussi les grandes trésoreries...

De l'efficace et rapidement ! C'est aussi l'intensité de cette dernière crise qui retient l'attention de l'organisation professionnelle. Elle révèle un malaise désormais plus structurel que conjoncturel. « L'accélération des convulsions traduit la non possibilité pour un secteur de surmonter l'irruption d'événements extérieurs se traduisant par un brusque effort et un surcroît de dépenses qu'il s'agisse de la réduction du temps de travail ou du choc pétrolier » observe René Petit. Incomplètement ou tardivement répercutées, ces charges mettent à mal la productivité des entreprises. La FNTR en veut pour preuve, une étude réalisée par la Banque de France d'Alsace-Lorraine qui prévoit le passage du secteur d'un excédent brut d'exploitation (EBE) à une insuffisance brute d'exploitation (IBE). « Il faut casser la spirale infernale et s'attaquer à la cause du mal dont souffre le transport routier : l'incapacité à répercuter la hausse de charges nouvelles enregistrées ou imposées ». Or, la loi du marché n'y suffit visiblement pas. C'est en effet près de 10 points d'augmentation tarifaire que les transporteurs devraient faire passer d'ici la fin de l'année pour opérer un rétablissement financier, note la fédération. D'où la nécessité d'instaurer rapidement une régulation efficace, démarche restée vaine jusqu'ici. « La frappe nucléaire dissuade certes mais faute d'être utilisée, elle n'effraie bientôt plus le moindre donneur d'ordre. Les procédures lourdes rassurent mais leur lourdeur même les rend inefficaces. Assez de ces filets répressifs à larges mailles, de ces lois anti-dumping qui sanctionnent les victimes quand elles devraient responsabiliser les coupables, de ces interminables procédures de contrôle qui traînent jusqu'à l'amnistie présidentielle » gronde René Petit. « Nous voulons rapidement de l'efficace ». Le message s'adresse directement à Jean-Claude Gayssot et aux groupes de travail chargés d'examiner les dispositions à introduire dans la loi sur les prix abusivement bas afin qu'elle puisse produire ses effets. Le décret permettant l'introduction d'une clause de révision des prix en cas de hausse du gazole est promis pour bientôt. « Mais il n'aura d'impact que si tout le monde joue le jeu » glisse le ministre. Lequel estime « quasiment terminée » la mise à jour de la réglementation.

Pas de vocation au monopole.

Le respect de l'environnement participe également du besoin de régulation. Car, seul un marché équilibré permettra d'assurer l'internalisation des coûts externes prônée par les pouvoirs publics, soutient la FNTR. Pour autant qu'il ne s'agisse pas là d'une voie détournée pour passer de la coordination réglementaire à une quelconque coordination financière ou fiscale, prévient René Petit. « Nous resterons vigilants à tout transfert de fonds d'un mode à un autre sous ce prétexte ». D'autant que la FNTR se dit à l'aise sur le terrain de l'intermodalité : « nos adhérents sont prêts à recourir au chemin de fer à chaque fois que l'offre ferroviaire pour le parcours central s'avère fiable et de qualité. La route n'a pas, elle, de vocation au monopole ». Que la règle du jeu soit la même pour tous, c'est également ce que la FNTR demande au plan social. A cette condition, elle dit partager la volonté du ministre à aboutir pendant sa présidence à une harmonisation « par le haut » de la durée du travail des conducteurs routiers en Europe. Jean-Claude Gayssot résume, lui, sa position en quelques mots : « continuer à accepter les temps de travail actuels est impossible ».

Charte de sécurité routière
La FNTR s'engage

Réduire sensiblement l'accidentologie des adhérents de la Fédération nationale des transports routiers, tel est le but de la charte de sécurité routière signée le 12 octobre entre la FNTR et le ministère des Transports.

Les transporteurs s'y engagent à utiliser, au fur et à mesure du renouvellement de leur flotte, des véhicules bénéficiant d'équipements de sécurité passive : dispositif anti-encastrement avec absorbeur d'énergie, bandes de réflexion lumineuse, report en haut de caisse des feux arrière rétroviseurs de grande taille, sécurisation des accès au véhicule... Sont également détaillées des préconisations concernant le système de freinage : généralisation des freins à disques commandés individuellement et asservis à un système électrique à gestion électronique, passage des véhicules sur des bancs de freinage agrréés, dans des centres ou garages eux mêmes agréés, équipement en première monte de systèmes de régulation électronique de prédominance de freinage. Concernant les limiteurs de vitesse, la charte prévoit l'équipement en série de tous les véhicules supérieurs à 3,5 t ainsi que la présence d'un ralentisseur sur transmission en aval de l'embrayage pour tous les véhicules de plus de 19 t voire 12 t. L'installation de matériels d'informatique embarquée et de géopositionnement - Silevic développé par la FNTR figure en bonne place - est vivement recommandée.

Le comportement du conducteur n'est pas oublié tant au plan de la formation (recours aux simulateurs et aux circuits d'entraînement spécialisés pour l'apprentissage des réflexes) que de la conduite : port obligatoire de la ceinture de sécurité inscrit dans le règlement intérieur, d'un baudrier ou gilet réfléchissant disponible dans le lot de bord, généralisation de l'utilisation des feux de croisement, généralisation de la formation des conducteurs au secourisme. La charte conseille également aux entreprises de constituer un tableau de bord et d'en interpréter les données. En contrepartie du respect de ces engagements, le ministère devra fournir à la FNTR des appuis techniques et promouvoir la démarche.

A retenir

> En 2001, la FNTR suspendra, au plan national, le versement de ses cotisations au MEDEF (ex-CNPF) et un nouveau président succèdera à René Petit.

> C'est près de 10 points d'augmentation tarifaire que les transporteurs devraient faire passer d'ici la fin de l'année pour opérer le rétablissement financier nécessaire, note la Fédération nationale des transports routiers réunie en congrès les 11 et 12 octobre.

> L'organisation professionnelle demande une régulation économique « efficace et rapide » afin que les entreprises puissent enfin répercuter dans leurs prix la hausse de leurs charges.

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