Cordier s'allie avec Westermann

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Westermann le géant allemand du transport routier de grand volume vient de signer un accord de partenariat commercial avec son confrère bourguignon Cordier. Pour l'entreprise française, qui vient de fêter trente ans de développement national, ce sont les portes de l'Europe qui s'ouvrent en grand, même si elle y menait déjà quelques incursions. Avec prudence et sans négliger une productivité en constante amélioration depuis 1997.

Un accord avec le géant allemand du volumineux Westermann et un trentième anniversaire. C'est ce que fêtaient les Transports Cordier, à Is-sur-Tille, le 16 septembre dernier.

« Aux 700 véhicules de Westermann, nous ajoutons les 200 nôtres pour constituer une des plus importantes flottes européennes en transport volumineux, et peut-être la première », affirme Raymond Cordier, P-dg des Transports Cordier. A l'origine de cet accord, l'opportunité d'un contact entre les deux entreprises, au printemps. « Nous nous étions aperçu que nous affrétions de plus en plus Westermann, pour un chiffre d'affaires mensuel moyen d'environ 450 000 francs. Partant du même constat, Joseph Westermann, propriétaire et dirigeant de l'entreprise allemande, est venu nous voir en avril pour proposer de nous racheter. Mais nous ne voulons pas vendre, mes enfants sont dans l'entreprise, l'avenir est assuré », raconte Raymond Cordier, qui poursuit: « Joseph Westermann a insisté, a proposé d'entrer à 51 % dans notre capital... Finalement nous nous sommes mis d'accord sur un partenariat commercial, en mettant nos prix sur la table. » Les deux entreprises constatent alors qu'elles travaillent à des conditions comparables. L'Allemande maîtrise plutôt des flux européens, la Française reste concentrée sur l'Hexagone. Le 23 juin, un accord est signé sur la base d'un partenariat commercial et d'un développement en commun sur la France.

Dépositaire Chep. Depuis, les deux entreprises ont mis leurs premiers clients en commun, avec, pour Cordier, un bond d'environ 15% du chiffre d'affaires affrété auprès de Westermann. « Chaque soir, nous échangeons les listings des véhicules en attente de rechargement. Nous nous occupons des Westermann chutant en France et Westermann s'occupe des notres en Allemagne, Benelux, Espagne - hors Catalogne, où nous sommes présents -, Grande-Bretagne et Portugal », précise Ludovic Colley, responsable d'exploitation des Transports Cordier. Créés en 1970 par Raymond Cordier, avec «un camion d'occasion acheté 42 000 francs», l'entreprise bourguignonne devrait réaliser en 2000 un chiffre d'affaires de 140 millions de francs, avec 180 véhicules moteurs (200 à la fin de l'année) et deux sites d'entreposage, au siège et à Lunéville, offrant respectivement 22000 m2 et 15 000 m2 couverts. A Is-sur-Tille, ces surfaces sont réparties en quatre bâtiments, plus faciles et moins coûteux à assurer qu'un seul. L'un d'entre eux est dédié au loueur de palettes Chep, dont Cordier est le dépositaire (stockage, tri, lavage, réexpédition), en Bourgogne et en Lorraine depuis 1995. Une activité sous contrat qui représente 18% du chiffre d'affaires de l'entreprise. Un projet de création d'un troisième site d'entreposage est à l'étude en Savoie. Pour le reste, Cordier réalise l'essentiel de son activité, en transport, logistique et distribution, pour des industriels de l'emballage (Crown Cork & Seal - ex-Carnaud Metalbox -, Saint-Gobain, Verlipack), de l'hygiène (Kimberley, Lotus) ou de l'alimentaire (Danone, Coca-Cola). Les lots transportés, même si ils restent typés «grand volume», sont de plus en plus lourds. C'est le cas pour les bouteilles en PET, un plastique alimentaire. Sur ce marché, en plein développement avec les brasseries, «nous transportions auparavant 3000 bouteilles dans un camion remorque», explique Raymond Cordier. «Aujourd'hui, dans le même véhicule, nous acheminons 60 000 bouteilles préformées» qui représentent environ le même poids unitaire. A ses 180 porteurs remorqueurs cinq essieux, Cordier ajoute une vingtaine d'ensembles semi-remorques, eux aussi dédiés à la longue distance. Une dizaine de porteurs solo trois essieux avec hayon élévateur assurent des trafics locaux de distribution, notamment pour l'industriel de l'électroménager Seb. L'entreprise emploie 230 personnes, dont 180 chauffeurs routiers. Et elle ne rencontre aucune difficulté de recrutement, malgré sa forte croissance annuelle et en dépit de la pénurie de conducteurs. D'abord parce que ces derniers ne sont pas tous basés à Is-sur-Tille. Une partie du parc est délocalisée sur l'ensemble de la France, au gré des contraintes de l'organisation des flux et des domiciles des conducteurs. Ces derniers ont pour seule contrainte de passer au moins une fois par semaine à l'entreprise. La plupart ont un véhicule dédié, sur l'aile duquel est peint leur prénom, en respectant la charte graphique des couleurs de l'entreprise. Pour la majorité d'entre eux, basée en Bourgogne, deux navettes minibus assurent leur ramassage, « contrairement à certains confrères, et même des grands noms, qui laissent leurs conducteurs se débrouiller tant bien que mal pour rentrer une fois leurs heures effectuées ». Un ancien chauffeur est responsable à plein temps de la formation continue. « Tous nos conducteurs sont titulaires de la FCOS », précise Raymond Cordier, dont l'entreprise devrait signer un accord de réduction du temps de travail fin octobre. « Une simple formalité puisque nous sommes déjà à 200 heures mensuelles de temps de service », précise le P-dg. Pour financer et rentabiliser ce « paradis » social, rien n'est laissé au hasard.

Sur le parking de l'entreprise, chaque véhicule à sa place, avec son numéro. Un petit utilitaire a été aménagé pour prendre en charge l'entretien des pneumatiques sur parc. Côté exploitation, l'entreprise n'avoue charger que 2 % d'affrètement spot. En 2000, elle a gagné environ dix points de productivité. Une performance obtenue grâce à l'homogénéisation du parc (avec notamment des porteurs remorqueurs de 16,2 m de longueur utile) et à une informatique performante, qui permet à chaque exploitant, responsable d'une zone géographique précise, de connaître à tout moment la marge estimée réalisée par chaque véhicule. « De juin 1999 à juin 2000, le chiffre d'affaires quotidien par véhicule a augmenté d'environ 4 %. Le taux moyen de kilométrage à vide a chuté de quatre points entre 1998 et 2000. Aujourd'hui, il est limité à 11 %. En 2000, nous avons aussi réduit de 30 % les prises de carburant en dehors de l'entreprise en équipant nos véhicules grands routiers de réservoirs de 1 500 litres », précise Raymond Cordier. Et ce n'est pas terminé. L'entreprise, qui affiche pour 1999 un résultat d'exploitation de 1,5 millions de francs, étudie un système de gestion des péages d'autoroutes qui lui permettrait d'économiser 800 000 francs en 2001. Au rythme de quinze par semaine, elle est en train d'équiper ses véhicules d'un système de positionnement par satellite Elocom, combiné à une informatique embarquée qui lui permet de remonter en temps réel les temps de service. Un outil bien moins coûteux que le système Euteltracs qui équipe les véhicules de Westermann.

Westermann en bref

Entreprise basée à Münster, en Allemagne, Westermann est spécialisée en transport routier de marchandises volumineuses, avec un chiffre d'affaires annuel tenu secret, comme pour la plupart des entreprises d'outre-Rhin. Elle dispose d'environ 700 camions remorques, essentiellement des modèles offrant 18 tonnes de charge utile, bien que des véhicules plus lourds et mieux adaptés aux trafics internationaux, notamment dans la très accidentée péninsule ibérique, apparaissent dans la flotte. Les principaux clients de Westermann sont des industriels de l'automobile. L'exploitation de l'entreprise repose sur l'utilisation du système de positionnement par satellite Euteltracs, qui équipe l'ensemnle de la flotte. Celle-ci est en majorité détenue par des artisans tractionnaires affrétés réguliers. Mais «nous disposons d'un noyau important» de véhicules en propres en Allemagne, précise Malcolm Schofield, directeur général de Westermann France. Installée à Loon Plage cette dernière société, comme les filiales britannique, espagnole et portugaise du groupe, a pour principale mission d'assurer le rechargement des véhicules «tombant» sur son territoire. Elle réaliserait un chiffre d'affaires annuel d'environ 120 millions de francs.

Westermann est une filiale du holding allemand Intervest, contrôlé par la famille Westermann. Ce groupe réaliserait un chiffre d'affaires annuel d'environ 1,3 milliard de francs. Il est également présent, en Europe, sur le marché du transport combiné rail-route et en Allemagne sur celui des prestations logistiques.

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