Pour un «OTRE» syndicalisme

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2350 entreprises adhérentes représentant un volant de 3 à 4 MF de cotisations, c'est ce que revendique l'OTRE (Organisation des transporteurs routiers européens). Créée le 4 octobre par des présidents de syndicats départementaux privés de leur label par la Fédération nationale des transports routiers, l'association défend un syndicalisme « de proximité, démocratique et transparent ». Avec une sensibilité politique « proche de celle de la FNTR » et une présence actuellement limitée à la moitié sud de l'Hexagone, parviendra-t-elle à imposer sa différence au sein de la représentation professionnelle ?

«Faire autrement que par le passé. Rassembler plutôt que diviser, jouer le jeu de la transparence au niveau des structures et de la démocratie au plan des décisions, assurer un syndicalisme de proximité proche des préoccupations des pme ». Tel est le credo de l'OTRE (Organisation des transporteurs routiers européens), créé le 4 octobre par les présidents de syndicats « exclus » de la FNTR (Fédération nationale des transports routiers). Implantée dans quatorze départements, la nouvelle organisation est présidée par Jean-Pierre Morlin, P-dg de la SA Morlin à Arcachon, président de l'Union syndicale de Gironde et de la région Aquitaine. Elle revendique 2350 entreprises adhérentes et un volant de cotisations estimé « entre 3 et 4 MF ». Le vice-président Jean-Pierre Ducournau fait les comptes : « Nous sommes présents dans un département sur quatre dès le départ ; la FNTR dans un sur deux désormais ». La structure « décentralisée » est basée à Bordeaux où les statuts de l'association ont été déposés le 5 octobre. Malgré une indéniable réalité géographique - la représentation n'est assurée qu'au sud de la Loire (voir liste ci-contre)- les membres fondateurs se refusent à inscrire leur démarche dans une opposition entre transporteurs du Sud et ceux du Nord. D'ailleurs, affirment-ils, l'organisation a pour ambition de se déployer sur l'ensemble du territoire. Soit en ralliant d'autres structures départementales à leur cause, soit par création pure et simple de syndicats « dès lors qu'un nombre suffisant de demandes d'adhésions le justifiera ». OTRE se dit également prête à étudier toute demande de rattachement d'autres familles du transport routier, dont le transport léger, « à condition qu'elles partagent la même philosophie syndicale ». Pour les entreprises de moins de 3,5t, des structures de formation et de représentation seront mises en place « dans les tout prochains jours ».

Rupture avec le passé ? Avec la volonté affichée de « mieux faire qu'avant en se servant de l'expérience et de la culture acquise sur le terrain pour mieux aider les entreprises », les membres fondateurs s'érigent surtout contre le mode de fonctionnement de la FNTR. « Les positions de ses instances fédérales ne reflètent plus les desiderata de la base » assurent-ils. Une critique qui vise au passage l'ensemble des organisations où « les décisions sont prises par des techniciens qui n'ont pas à les appliquer ». Les grands groupes sont d'office indésirables au sein du mouvement qui veut représenter les « vrais transporteurs avec des camions et des chauffeurs ». Une pierre dans le jardin de la Fédération des entreprises de transport et logistique de France. Comme l'Unostra, à qui elle emprunte la formule, OTRE souhaite donc représenter les entreprises « à taille humaine ». Néanmoins un rapprochement n'a pas pu être envisagé avec ce syndicat. Raison invoquée : l'articulation régionale et non départementale de l'Unostra. « En outre, nous ne partageons pas toutes ses idées. Notre sensibilité est plus proche de la FNTR » reconnaît Jean-Pierre Morlin. Jean-Pierre Ducournau ne ferme d'ailleurs pas toutes les portes : « Si la FNTR reprend ses esprits, nous verrons le chemin que nous pourrons faire ensemble pour défendre la profession ». Pour l'heure, la ligne politique de l'OTRE - encore en phase de gestation - ne marque guère de rupture avec celle de la « Fédé ». Au ministre des Transports - rendez-vous a été demandé à Jean-Claude Gayssot - deux dossiers prioritaires seront exposés : la nécessité d'une harmonisation sociale européenne sociale et le carburant. Le dispositif d'amortisseur fiscal est en effet jugé « un peu faiblard » et ses modalités d'application trop compliquées. « Comme toujours, les décisions négociées se révèlent incompréhensibles ou inapplicables » note Aline Mesples, secrétaire de l'organisation.

Représentation. Conséquence de sa stratégie de cavalier seul, OTRE devra imposer sa présence au sein des différentes instances professionnelles. Au plan social, elle n'a pas encore décidé de son adhésion à l'Union des Fédérations de Transport (UFT) mais l'envisage « si nous sommes acceptés ». Cette hypothèse reste subordonnée à une décision favorable du conseil d'administration de cet organe. Lequel est présidé depuis juillet par le président de TLF Alain Fauqueur et vice-présidé par René Petit, celui de la FNTR... Dans cette attente, les responsables d'OTRE émettent le souhait de participer aux négociations en cours « si le ministre des Transports est d'accord ». Néanmoins, la voie du dialogue direct avec les salariés est davantage prônée. « Nos entreprises sont prêtes à s'engager avec leurs partenaires sociaux. Les décisions prises par les organisations professionnelles ont favorisé une fracture avec les salariés. Pour notre part, nous essayerons de nous en rapprocher ». L'organisation souhaite adhérer à l'AFTRI (Association française des transporteurs internationaux) et mettre en place une structure de représentation à Bruxelles à « très court terme ».

A retenir

Présidée par Jean-Pierre Morlin, P-dg de la SA Morlin à Arcachon, l'organisation des transporteurs routiers européens (OTRE) a été créée le 4 octobre par les présidents de syndicats « exclus » de la Fédération nationale des transports routiers.

Avec 2350 adhérents annoncés, l'OTRE est présente dans quatorze départements de la moitié sud de l'Hexagone. Elle souhaite se déployer sur tout le territoire.

Elle défend « un syndicalisme de proximité, démocratique au plan des décisions et transparent au niveau des structures ».

La FNTR réagit
Un nouveau syndicat Midi-Pyrénées

La Fédération nationale des transports routiers a annoncé, le 6 octobre, la création d'un nouveau syndicat régional pour Midi-Pyrénées. Une décision quasi-indispensable : parmi les syndicats « délabellisés » et membres fondateurs d'OTRE figurent cinq des huit départements qui composaient l'ancienne Union régionale ! A contrario, les syndicats de l'Indre et Loire, du Lot et Garonne et du Vaucluse ont été réintégrés « à leur demande et après examen de leur situation par les instances dirigeantes » indique la FNTR. C'est à l'unanimité que le Conseil de direction et le Conseil fédéral en ont décidé ainsi, précise le communiqué. Lequel assure que « d'autres départements sont actuellement en discussion avec les instances dirigeantes en vue d'une éventuelle réintégration ».

Qui sont-ils ?
Les dirigeants

Président : Jean-Pierre Morlin, P-dg de la SA Morlin à Arcachon, une entreprise spécialisée dans le transport exceptionnel, notamment de bateaux. Le « mini-groupe » familial oeuvre également en déménagement pour un chiffre d'affaires total d'environ 30 MF. Jean-Pierre Morlin assure la présidence de l'Union syndicale de Gironde depuis 1992 et de la région Aquitaine depuis 1994.

Vice-président : Jean-Pierre Ducournau, dirigeant de la SA Ducournau et Fils à Flassans sur Issole (83), qui réalise du transport de lots et demi-lots industriels en longue distance. L'entreprise comprend également une société spécialisée en logistique (20 000 m2 d'entrepôts)et des agences à Paris, Mâcon et Lyon. Elle génère un chiffre d'affaires cumulé de 70 MF. Elle est membre du groupement de transporteurs Astre. Jean-Pierre Ducournau préside le syndicat des transports routiers du Var depuis 25 ans.

Secrétaire générale : Aline Mesples qui dirige avec son mari une pme « de moins de 100 salariés » implantée dans les Pyrénées Atlantiques.

Qui sont-ils ?
Les membres fondateurs

Sont à l'origine d'OTRE les présidents de l'Union régionale d'Aquitaine et de quatorze syndicats départementaux :

> le Groupement des transporteurs routiers de Bayonne-Pays Basque (Bayonne)

> le Groupement professionnel des transports publics routiers du Béarn (Pau)

> le Groupement général des transporteurs publics de Haute-Garonne (Toulouse)

> l'Union départementale des transports routiers des Landes (Mont de Marsan)

> l'Union départementale des transports routiers du Tarn et Garonne (Montauban)

> l'Union départementale des transports routiers de l'Aveyron (Onet le Château)

> l'Union syndicale des transporteurs publics de Gironde (Bordeaux)

> l'Union syndicale des transporteurs routiers de la Dordogne (Périgueux)

> l'Union syndicale des transporteurs routiers Alpes de Haute-Provence et Hautes-Alpes (Toulon)

> le Syndicat des transports routiers de l'Ariège (Mont Gaillard)

> le Syndicat des transports routiers du département du Tarn (Albi)

> le Syndicat des entreprises de transport public routier du Var (Toulon)

> le Groupement des transporteurs de l'Aude (Carcassonne)

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