«Rassembler plutôt que diviser, jouer le jeu de la transparence au niveau des structures et de la démocratie au plan des décisions, assurer un syndicalisme de proximité proche des préoccupations des pme ». C'est le credo des fondateurs de l'OTRE, organisation dissidente de la FNTR, créée par les présidents de syndicats régionaux ou départementaux exclus par cette fédération après les manifestations de septembre. Rien de bien original dans cette profession de foi. La plupart des organisations professionnelles pourrait même la reprendre à leur compte. En revanche, elles gagneraient sans doute à s'inspirer du réalisme qui prévaut dans les positions de Jean-Pierre Morlin et Jean-Pierre Ducournau, leaders de l'Otre. Transporteurs, ils veulent « aider les entreprises » et assurent que les prises de position des instances fédérales de la FNTR ne reflètent plus les desiderata de la base. Pourtant, ils ne se reconnaissent pas plus dans TLF, trop proche des grands groupes. Ils ne partagent pas non plus « toutes les idées » de l'Unostra. Ils restent de sensibilité FNTR. Bon sang ne saurait mentir...
En filigrane, c'est bien moins la représentativité de la fédération qu'ils contestent, que la forme de son discours, trop souvent calqué sur celui des hauts fonctionnaires et des ministres. Un mal fort répandu parmi les représentants professionnels patronaux ou syndicaux. Ce mimétisme, parfois volontaire, souvent accidentel, tend à les éloigner des préoccupations de leurs adhérents. Ces derniers, qu'ils soient chefs d'entreprises ou salariés, se débattent dans un contexte économique et réglementaire de plus en plus mouvant. Ils ont besoin de repères, d'écoute, de reconnaissance. Il leur faut de véritables relais de communication et pas seulement des organismes en quête de cotisations ou d'adhésions. Faute d'en prendre conscience, les organisations nationales ne représenteront bientôt plus qu'elles-mêmes.