L'Euro Action du 2 octobre se voulait avant tout symbolique. Elle le fut : moins d'un millier de poids lourds ont participé au mouvement de blocage des frontières luxembourgeoises. Edifiés le 1er octobre au soir à l'appel de la Fédération européenne des syndicats de transports (ETF), les barrages filtrants ont été levés dès le lendemain matin. Soit quelques heures avant la tenue du Conseil des ministres des Transports de l'Union européenne qui se réunissait au Grand Duché. Les syndicats de salariés entendaient ainsi faire pression sur les ministres des Quinze afin d'accélérer le processus d'uniformisation-réduction du temps de travail des conducteurs routiers, y compris pour les indépendants. « La présidence française de l'Union européenne comprend notre position. Mais nous voulons des résultats concrets » expliquait Doro Zinke, secrétaire générale de l'ETF. Les syndicalistes en sont pour leurs frais : la réunion n'a donné lieu à aucune avancée concrète sur l'ensemble du « paquet social » présenté par Jean-Claude Gayssot, président en exercice du Conseil. Faute de consensus, les délégations ont renvoyé à plus tard l'adoption du projet de directive sur l'harmonisation du temps de travail. Lequel prévoit 48 heures de temps de travail hebdomadaire en moyenne sur quatre mois, plafonné à 60 heures sur une semaine isolée. Le comité des représentants permanents est chargé de poursuivre ses travaux et d'engager « dès que possible » l'examen de futures propositions de la Commission en vue de la prochaine session du Conseil de décembre 2000. Jean-Claude Gayssot s'est en effet engagé à parvenir à un accord avant la fin de l'année. Une promesse qui sera difficile à tenir. Bien qu'elle semble acquise, l'exclusion provisoire (2 ans) des artisans transporteurs du champ d'application de ladite directive « pose problème » reconnaît le Conseil. Le Royaume Uni, les Pays Bas, l'Espagne, la Finlande et le Portugal réclament cette mesure. Les syndicats, eux, ne veulent pas en entendre parler. Jugeant le projet de directive insuffisant pour améliorer les conditions de travail, ils demandent une révision du règlement social européen dans le sens d'un abaissement des temps de conduite. « Le seul vrai moyen de contrôle des conducteurs, c'est le 38-20 » soutient Joël Le Coq, secrétaire de la CFDT branche route affiliée à l'ETF. La lutte contre le dumping social (conducteurs des ex-Pays de l'Est employés par des entreprises de l'UE aux conditions et rémunérations de leur pays d'origine) semble également dans une impasse. Plusieurs délégations ont en effet émis le souhait de relier ce dossier à celui des interdictions de circuler en fin de semaine.
Une « volonté convergente » des Etats membres se serait manifestée à l'égard des autres thèmes inscrits à l'ordre du jour par la présidence française. La commission devrait présenter des propositions - dans un délai non spécifié - concernant les formations obligatoires des conducteurs et l'harmonisation des pratiques de contrôles.