Pas question de disparaître. Les 17 syndicats départementaux auxquels le comité de direction de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) vient de retirer leur label ont monté une coordination des transporteurs. « La mise en place d'une telle structure était nécessaire », explique Jean-Pierre Morlin, ex-président de l'ex-FNTR 33 et l'un des trois porte-paroles de la coordination avec Jean-Pierre Ducourneau (Var) et Patrick Lopez (Dordogne). « Dans un premier temps, elle nous permet d'assurer le travail quotidien des syndicats. Nous devons en effet remplacer très rapidement les services apportés aux adhérents par la fédération : renseignements, défense professionnelle... Parallèlement, elle nous offre la possibilité de réfléchir ensemble - et en liaison avec des juristes - à l'avenir ». La coordination dit vouloir étudier « sans précipitation » toutes les solutions envisageables et les soumettre aux adhérents. « Aucune décision finale ne sera prise sans eux » affirme Jean-Pierre Morlin. Lequel assure qu'aucune piste de réflexion n'est actuellement écartée. Ainsi la contestation au plan juridique de la mesure d'éviction est envisagée : «les statuts de la FNTR ont-ils été respectés ? Ils prévoient l'exclusion d'un syndicat pour refus de régler ses cotisations et non pour l'utilisation qui en a été faite » observe la coordination. Sans préjudice d'une telle procédure, d'autres hypothèses sont également examinées : la création d'une nouvelle organisation, le rapprochement avec une fédération existante (l'Unostra semble à ce titre la mieux placée), voire la possibilité, pour certains, de réintégrer la FNTR. Pour l'heure, la coordination s'emploie à chiffrer le nombre d'adhérents (estimé « mathématiquement » à un tiers de l'effectif total de l'organisation) et le montant des cotisations dont disposent ses composantes.
« Mis devant le fait accompli». La volonté des responsables syndicaux de réfléchir à l'avenir ne masque pas une profonde amertume. « J'ai assumé bénévolement une présidence pendant neuf ans et j'y ai investi un temps considérable. Nous avons été virés de la famille. Et c'est dur lorsque l'on y tient » souligne Jean-Pierre Morlin qui déplore une décision jugée antidémocratique sur le fond comme sur la forme. « Notre attitude a été qualifiée d'« inacceptable au regard d'une fédération ». C'est oublier que ce sont les syndicats départementaux qui ont créé la FNTR en 1933 et sont donc les propriétaires » soutient-il. Leur label n'a pas été retiré à certaines représentations d'Aquitaine. Ce fait confirme, aux yeux de l'ex-président de la FNTR 33, que des choix ont été opérés à la faveur des mouvements de protestation. Une démarche jugée au mieux maladroite : « qu'une fédération souhaite se réorganiser semble normal. Etait-ce pour autant nécessaire de nous monter les uns contre les autres pour y parvenir ? » Autre grief à l'égard des instances dirigeantes de la Fédération : la méthode d'exclusion utilisée. « Nous avons été mis devant le fait accompli sans qu'il ne nous ait été permis de nous expliquer et de nous défendre. Nous avions demandé la tenue d'un congrès extraordinaire pour débattre des reproches formulés à notre encontre et un vote. Cette proposition, qui nous paraissait légitime, a été rejetée » affirme le dirigeant des Transports Morlin. La coordination - qui n'appelle à aucune manifestation dans ce sens - n'exclut pas des interventions « à titre personnel » lors du congrès des 11 et 12 octobre. Le siège parisien de la FNTR se refuse, lui, à tout commentaire