« Juste un coup de pouce »

Article réservé aux abonnés

Deux jours après la levée des blocages des dépôts pétroliers, les transporteurs s'essayent à un premier bilan des acquis. Leurs réactions laissent percevoir une relative déception eu égard à la mobilisation de la profession. D'autant plus que le prix du gazole continue de grimper. Témoignages.

«Nous n'avons rien obtenu malgré un mouvement efficace et concerté », lâche Jimmy Bils, vice-président du groupe Bils Deroo (59). Il déplore que les fédérations professionnelles aient capitulé si vite, en particulier TLF (Fédération des entreprises de transport et logistique de France) dont il est adhérent. « Je m'apprête à démissionner. Les négociateurs ont prétendu avoir consulté leur base avant de prendre leur décision : ce n'a pas été le cas pour moi », assure Jimmy Bils. Même insatisfaction pour Jean-Pierre Ducournau, P-dg des Transports Ducournau et président de la FNTR Var : « Nous avions décidé de revendiquer un gazole à 4 F. Nous n'avons eu que 35 centimes de remise. Lesquels ont fondu comme neige au soleil, le carburant ayant pris 40 centimes durant le conflit ».

Réactions mitigées. Jean-Michel Rapiteau se veut moins catégorique : « C'est mieux que rien. Je suis en tout cas satisfait que la profession se soit mobilisée », commente le secrétaire général du groupement Astre et P-dg des Transports Rapiteau (17). « 35 centimes, c'est juste un coup de pouce face à une hausse de 180 centimes depuis janvier 1999 », note Jacques Godet, P-dg du groupe Joyau (85). Pour lui, ce geste du gouvernement a surtout eu le mérite de mettre fin au mouvement. Bernard Liébart, P-dg des Transports Liébart (51), juge acceptables les nouveaux allégements fiscaux accordés. « Cette ristourne de 17 500 F par véhicule va permettre aux entreprises d'améliorer leurs comptes d'exploitation », assure le président de l'Union régionale des transporteurs routiers FNTR Champagne-Ardenne. Plusieurs dirigeants refusent de se prononcer avant d'avoir saisi tous les tenants et aboutissants des négociations avec les pouvoirs publics. C'est le cas de Gérard Renaud, P-dg des Transports Renaud Roger (17). « Le mécanisme d'allégement fiscal paraît bien compliqué. Nous en saurons plus lorsque les décrets d'application seront parus », avance-t-il. Même s'il juge positif le système de l'amortisseur fiscal, Bernard Prat s'étonne également du manque de clarté des dispositions. « Nous devons tout d'abord examiner la méthode de calcul avant de pouvoir l'appliquer concrètement », recommande le gérant de Prat & Cie (63), spécialisée dans le transport frigorifique.

Jean-Pierre Hess, gérant des Transports M/S Eclair (68), estime faire partie des « laissés pour compte » des négociations. Son entreprise de transport léger (véhicules de 3,5t et moins) ne bénéficie pas, en effet, de la ristourne sur le carburant accordée aux seuls exploitants de poids lourds de plus de 7,5 t. Représentant de la FNTR Haut-Rhin, il aurait souhaité que l'organisation défende mieux sa profession. D'autant, observe-t-il, que le Syndicat National des Transports Légers - SNTL, récemment affilié à TLF - ne s'est pas manifesté lors du conflit. Pourtant, « nous subissons les mêmes hausses que les autres entreprises de transport : le carburant est passé de 10 % à 15 % de notre coût de revient. Et nous aussi connaissons des difficultés à renégocier des tarifs fixés à l'année », s'indigne-t-il.

Pour ou contre la poursuite du mouvement ? Satisfaits ou non, une partie des professionnels ne se sentaient pas prêts à continuer l'action pour obtenir davantage. « J'étais opposé à la poursuite du mouvement, qui aurait provoqué des conséquences économiques trop graves », clame Jean-Claude Bouchet, P-dg de la Flèche Cavaillonnaise (84). P-dg de GST plate-forme européenne (74), Carmelo Sgro remarque : « les blocages commençaient à devenir impopulaires alors qu'ils avaient, au départ, le soutien de l'opinion publique ». Présent sur les barrages du premier au dernier jour, Jean-Pierre Ducournau aurait, pour sa part, souhaité les maintenir: « le gouvernement prétend nous donner 3 milliards de francs sur 2 ou 3 ans. Il récupère chaque année 200 MdF grâce à la TIPP. Il aurait donc pu consentir un effort supplémentaire ».

« A présent, nous devons agir auprès des chargeurs », affirme Carmelo Sgro. « Nous négocierons des réajustements tarifaires en fonction du prix du gazole avant la fin de l'année », annonce Jacques Godet. Une démarche dans laquelle les chefs d'entreprise risquent de rencontrer quelques difficultés. Bernard Prat confie d'ailleurs : « Nous venons de passer une hausse de 3 %. Avec la nouvelle ristourne, un de nos plus importants clients a d'ores et déjà demandé une baisse des tarifs ».

Evénement

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15