Une saison 2000 bien ordinaire

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Naufrage de l'Erika et météo exécrable obligent, la Côte d'Azur a constitué un lieu de repli pour de nombreux vacanciers ayant fui la façade atlantique. Pour autant, les transporteurs méditerranéens n'ont pas vu exploser leurs volumes, ainsi que certains s'y attendaient. Ils chiffrent leur surcroît d'activité à un niveau sensiblement identique à celui de l'an dernier : entre 20 et 40 %. Côté Sud, l'été 2000 aura été un bon cru. Sans plus. A l'Ouest, les professionnels en sont à l'heure des comptes. Septembre est parfois prometteur...

«Les résultats de l'été en terme de chiffre d'affaires ne sont pas du tout à la hauteur de ce que nous attendions », constate Paul Navarro, P-dg des Transports Navarro basés à Aix en Provence (230 MD de CA). Dès le mois de mai, le transporteur frigorifique s'attendait à une explosion des volumes de transport. « Consécutivement au naufrage de l'Erika, nous prévoyions un afflux de touristes dans le Midi de la France. Les hôtels et les campings ont effectivement affiché complet, mais nous ne l'avons pas ressenti en terme de consommation. Nos résultats ne sont pas mauvais, mais nous n'avons pas enregistré d'augmentation nette des volumes ». Pourtant, la Côte d'Azur et le Languedoc Roussillon ont enregistré des records d'affluence : plus de cinq millions et demi de touristes ont visité la région Provence-Alpes-Côte d'Azur en juillet. Globalement, les transporteurs annoncent un surcroît d'activité similaire à celui de 1999 : entre 20 et 30 % de travail supplémentaire par rapport au reste de l'année. Exception faite pour Lomatrans, une entreprise de transport et de stockage implantée à Châteauneuf les Martigues (13), qui a vu ses volumes « exploser » de 50 % de juin à août. Pour le responsable de l'exploitation, Olivier Rodriguez, cette hausse supérieure de 30 % à celle de 1999 tient en grande partie au report des touristes de la côte atlantique vers la Méditerranée. Cette société (56 MF de CA en 1999) réalise 70 % de son activité en transport de marchandises générales (produits alimentaires et cosmétiques) et 30 % en prestations logistiques (préparation de commande, stockage). Ses cinquante véhicules livrent les moyennes et grandes surfaces en Provence-Alpes-Côte d'Azur. A contrario, pour l'agence provençale du groupe Le Roy logistique (2 MdF en 1999, hors filiales), l'été 2000 n'aura pas été exceptionnel. Le surcroît de travail se chiffre à 35 % en juin, juillet et août. « Cette année, l'activité liée à la saison estivale n'a pas été intense. L'augmentation des volumes est similaire à celle enregistrée en 1999 », observe Olivier Seheut, responsable d'agence. Cet établissement, basé à Plan d'Orgon (13), est spécialisé en transport de marchandises sous température dirigée au départ de la Bretagne et à destination du sud de la France (Provence Alpes Côte d'Azur et Languedoc Roussillon). Selon Olivier Seheut, cette stagnation des volumes peut s'expliquer par le coût des vacances dans le Sud plus élevé que dans l'Ouest : « Les touristes qui se sont rabattus sur la côte d'Azur se sont serrés la ceinture ».

Trop tôt pour les bilans. Côté atlantique, la désertion massive des touristes, qui était redoutée, ne semble pas s'être produite. Résultat : si certains transporteurs observent une légère baisse de leurs volumes, celle-ci ne s'avère pas catastrophique. D'autant qu'il est encore trop tôt pour dresser un bilan de la saison et que les quinze premiers jours de septembre peuvent laisser présager de bons résultats en terme de chiffre d'affaires. Pour Canal froid (filiale du groupe des Transports Frigorifiques Européens), implanté à Nantes, le surcroît d'activité en période estivale se situe généralement entre 10 et 12 % du 10 juillet au 20 août. « Cette année, nous n'avons pas enregistré de croissance des trafics. Le chiffre d'affaire réalisé en juillet - 10 millions de francs - est stable par rapport à celui de l'année », affirme Jean-Marc Dekervel, directeur de la filiale nantaise (113 MF de CA en 1999). Cette société réalise 60 % de son activité en messagerie et 40 % en transport de produits frais et surgelés en Loire Atlantique et dans le nord de la Vendée. Selon le directeur, plusieurs éléments perturbent l'analyse. « Les concentrations qui se sont opérées au sein de la grande distribution modifient la donne. Nous n'avons pas les mêmes flux et notre volume d'activité s'en est ressenti. Aussi, une éventuelle baisse d'activité imputable à une saison touristique médiocre représente un détail face à ces bouleversements ». Même sentiment pour Yves Lesur, directeur régional de T.F.E. Bretagne - Pays de la Loire. « Nous n'avons pas d'éléments qui nous permettent de mesurer une éventuelle baisse d'activité. Dans le secteur des fruits et légumes, plusieurs facteurs sont à prendre en compte tels que le nombre de jours ouvrables et fériés, les éventuels arrêts de travail liés à des conflits sociaux. Tous ces critères interfèrent sur les volumes ». Créées il y a deux ans, les Messageries Frigorifiques de Bretagne (70 salariés) sont aujourd'hui implantées à Lorient, Nantes, Landivisiau, Loudéac et Rennes. Le gérant, Henry Guézel, n'a pas observé de baisse notoire des volumes transportés par rapport à l'année dernière. Néanmoins il demeure prudent, estimant ne pas posséder suffisamment d'éléments économiques comparatifs. « Si nous avons eu du travail, nous n'avons pas été débordés comme nous aurions dû l'être avec un météo clémente. Dans certains cas, le coefficient de remplissage n'était pas à la hauteur des espérances ». Pour sa part, Jean-Paul Gingueneau, attaché à la Direction « hydrocarbures » du groupe Samat, observe que son activité n'a pas été touché par la désaffection des touristes pour la côte atlantique. « Les vacanciers sont peut-être moins restés sur les plages, mais ils ont roulé ». Spécialisé dans le transport de carburants, bitume et fioul, ce groupe réalise 53 % de son chiffre d'affaires en approvisionnant la grande distribution et 47 % le secteur industriel, ce qui ne le rend pas entièrement dépendant de l'activité touristique.

Des flux en dents de scie. La Bretagne et les Pays de la Loire représentent la moitié des flux de l'Etoile Routière (13), transporteur de fruits et légumes au départ de la Provence. Son P-dg, Christian Vandenplas, observe une baisse de ses volumes d'environ 25 %. Pour cette société de 70 MF de CA, le manque à gagner devrait se situer entre 5 et 10 % du chiffre d'affaires : « C'est plus qu'une marge ». La plus grande difficulté rencontrée : gérer l'irrégularité des flux. « Du jour au lendemain, nous avons subi des écarts de tonnages considérables variant de un à six. En raison du mauvais temps, nos clients ont peu acheté de fruits et légumes car les vacanciers n'en consomment pas lorsqu'il pleut ou que le thermomètre descend en dessous de 20 °C ». Conséquence d'une telle situation : une gestion du parc relevant du casse-tête. « Soit nous avions trop de camions, soit il nous en manquait. Nous n'avons pas pu être productifs et cela nous a coûté beaucoup d'argent. Cette période de l'année est vitale pour nous. Nous n'avons pas la possibilité de nous refaire pendant la basse saison ». Approvisionnant en fruits et légumes la Vendée et la Bretagne, Jean-Hervé Mesguen, commissionnaire de transport à Noves (13), observe une diminution des volumes entre 10 et 20 %. « La baisse d'activité est impossible à quantifier avec précision, car le manque à gagner se fondra dans une masse où nos autres activités compenseront les pertes ». La société Mesguen réalise 80 % de son chiffre d'affaires (50 MF en 1999) en affrètement, 15 % en transport et 5 % en prestations logistiques et entreposage. Cependant, Jean-Hervé Mesguen relativise la situation : « dans notre secteur, nous savons que les conditions météorologiques influent sur les volumes. Cela fait partie des risques du métier. A nous d'élargir la palette de nos services afin de ne pas être entièrement tributaires des facteurs climatiques ».

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