L'exemple français

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Au moment où les transporteurs français libéraient l'accès aux dépôts pétroliers, les Britanniques, les Belges et les autres... montaient au créneau. Leur revendication est la même : un gazole moins cher. Leurs modes d'expression comme les réactions de leurs gouvernements respectifs diffèrent. Tour d'Europe.

Les Britanniques perdent leur flegme

« Si les Français réussissent à obtenir des compensations sur le prix du gazole, il faut faire comme eux. Nous ne pouvons pas continuer à payer le carburant aussi cher. Nos entreprises ont trop de difficultés », protestaient les manifestants devant la raffinerie Shell de Stanlow en Cheshire où se sont dressés les premiers barrages britanniques. Les actions se sont spontanément étendues à d'autres raffineries. Des opérations escargots ont été réalisées simultanément en Ecosse et sur les axes Nord-Sud. Ces protestations n'ont fait l'objet d'aucune concertation avec les principales organisations professionnelles : la Road Haulage Association (RHA) et la Freight Transport Association (FTA). Si la première soutient le mouvement, la seconde estime qu'il va à l'encontre de tout bon sens : « nous étions en discussion avec le gouvernement pour faire baisser le niveau des taxes, mais cette opération va nuire à nos négociations », regrette-t-on à la FTA. « Le gouvernement est tout de même en partie responsable des difficultés des entreprises de transport routier. Les blocages seront peut-être plus efficaces que les discussions », répond la RHA. « Nous ne voulons pas répondre au chantage des manifestants et il n'y aura pas de négociations », a affirmé à plusieurs reprises, Tony Blair, Premier ministre. Le gouvernement est d'ailleurs décidé à employer la force si la situation s'aggrave. La police et l'armée pourraient intervenir, notamment pour assurer l'approvisionnement en carburant des services d'urgence. Mardi matin, les neuf raffineries que compte le pays étaient bloquées. Une bonne partie de la Grande-Bretagne était privée de carburant. Seuls les services d'urgence avaient encore accès aux pompes.

La pression monte en Belgique

La manifestion organisée par les transporteurs routiers belges dans les rues de Bruxelles le dimanche 10 septembre a débouché sur un blocage du centre-ville. Le mouvement s'est étendu dès le lendemain à l'ensemble du pays avec des barrages ou opérations escargot sur certains axes routiers (autour de Liège, aux frontières allemande et française...) et le blocage de dépôts pétroliers (dont certains alimentent le nord de la France et le Luxembourg). Mercredi, les effets de cette paralysie ne se faisaient pas encore sentir dans les stations-services. Les manifestants réclament l'instauration d'un carburant professionnel et un diminution des accises (taxes indirectes) de 4,6 cents (environ 0,30 francs français) par litre de gazole. Si les cinq fédérations belges de transport routier soutiennent ces revendications, la plupart, et en particulier la Febetra, se sont désolidarisées du mouvement orchestré essentiellement par l'UPTR qui regroupe de petites entreprises de transport wallonnes.

Entamées dès lundi dans le cadre d'une réunion programmée de longue date, les discussions avec le gouvernement se poursuivent. Elles sont d'autant plus difficiles qu'Isabelle Durant, ministre des Transports belge est écologiste. Autre problème de taille : contrairement à la France, la Belgique ne bénéficie pas pour 2000 d'une dérogation de l'UE l'autorisant à réduire ses taxes.

Les Allemands frémissent

Tandis que des manifestations spontanées s'organisent dans tout le pays, la principale fédération allemande de transporteurs, BGL, assure : « Nous n'allons pas copier le modèle français ». Elle entend trouver d'autres moyens pour exprimer son mécontentement vis-à-vis du gouvernement et de la « taxe verte ». Mis en oeuvre le 1er janvier 2000, cet impôt écologique génère une hausse annuelle de 0,03 euros (20 centimes) du litre de gazole pendant quatre ans.

Les Italiens envieux

« Nous voulons la même chose que les Français », a en substance réclamé, dès le 8 septembre, la CUNA (Coordination des syndicats autonomes des transporteurs routiers). Le 13 septembre, cette fédération italienne assurait que ses membres étaient prêts à arrêter le travail s'ils n'obtenaient pas une baisse immédiate de 0,10 euros du prix du diesel, une forte prise de position au sein de l'UE en faveur d'un carburant professionnel et un rajustement des tarifs du transport de marchandises en Italie. Date prévue pour la grève : 25 septembre.

Les Danois attendent

Une baisse de 0,09 euros des taxes sur le carburant. C'est ce que réclame la DTL, l'organisation nationale des transporteurs danois, qui attendait des propositions concrètes du gouvernement jusqu'au 15 septembre. « Un éventuel rejet entraînera une réaction chaotique à la française », a prévenu le porte-parole de la DTL tout en déconseillant tout mouvement illégal.

Les Norvégiens menacent

« Nous envisageons de suspendre totalement nos activités si nous n'obtenons pas de signaux positifs », menace NLF, la fédération norvégienne des transporteurs routiers. Celle-ci réclame une réduction de 2 couronnes (1,64 F) des taxes sur le litre de gazole. En Norvège (pays exportateur de pétrole et non membre de l'UE), les taxes pèsent pour près de 73 % dans le prix du litre de gazole. Lequel dépasse les 10 couronnes (8 francs).

Les Marocains et les Polonais grognent aussi

Les transporteurs routiers marocains ont fait grève pendant deux jours (les 11 et 12 septembre) pour réclamer une baisse de la TVA et la possibilité de la répercuter ainsi que la création d'un carburant professionnel. Les associations de transport routier polonais ont annoncé le 12 septembre qu'elles envisageaient de bloquer les accès aux raffineries du pays. Le mouvement devrait tourner court puisque le principal groupe pétrolier polonais a aussitôt annoncé une baisse des prix du gazole.

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