29,5 milliards de francs, c'est le chèque que devra signer cette année le transport routier français pour faire rouler ses camions. 16,7 MdF iront tout droit dans les caisses de l'État au titre de la TIPP, les 12,785 milliards de francs restants s'en iront grossir les « super bénéfices » des compagnies pétrolières. N'acceptant plus de payer le prix fort sur ces deux tableaux, les transporteurs s'apprêtent à entrer dans la danse de la contestation.
Sur quels alliés peuvent-ils compter à l'heure où le ministre des Finances met la dernière main à son « paquet fiscal » ? L'industrie pétrolière ? Elle verrait d'un bon oeil un geste gouvernemental sur la fiscalité du carburant, mais se refuse à casser sa tirelire. En fin d'année, le profit dégagé par les pétroliers devrait avoisiner les 5 MdF. Coïncidence : cette manne correspond grosso modo à ce qu'aura coûté la flambée du prix du carburant aux transporteurs routiers cette année. Le gouvernement ? Le poids des écologistes pourrait s'avérer ici déterminant à quelques mois d'importantes échéances électorales. S'ils laissent filer le principe d'une suppression de la vignette automobile, on voit mal les pourfendeurs du « tout camion » accepter une réduction de la taxation sur le gazole. Quant à Jean-Claude Gayssot, autre grand militant du transport ferroviaire, il est, sur ce débat, aux abonnés absents. Les transporteurs ne peuvent finalement compter que sur eux mêmes. Les autres catégories professionnelles confrontées à la hausse des prix à la pompe agissent en ordre dispersé en faisant valoir leurs particularismes. Reste que les premiers à tirer seront peut-être les premiers servis. On peut ici regretter que le transport routier prenne le train de l'exaspération estivale en marche. Dommage : il aurait pu en être la locomotive.