Jean-Louis Amato, président du Comité National Routier

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Après avoir quitté la présidence de l'Unostra où il a exercé deux mandats consécutifs de quatre ans (1992-2000), Jean-Louis Amato a été élu, dans la foulée, président du Comité National Routier. A charge pour lui d'animer un organisme dont la restructuration souhaitée par la profession arrive à son terme. Et dont la vocation est désormais plus technique que politique. Un lieu de rencontre que Jean-Louis Amato souhaite le plus consensuel possible.
Poids lourds« Les immatriculations ne sont pas un révélateur de santé »

OTM : Alors que les transporteurs routiers ne cessent d'évoquer les difficultés auxquelles ils sont confrontés, jamais les immatriculations de véhicules n'ont été aussi élevées. N'y a-t-il pas là une sorte de paradoxe ?

J.-L. A. : C'est un sujet sur lequel il faut être très prudent. Effectivement, le volume des immatriculations de véhicules neufs est actuellement très fort mais il n'est absolument pas le révélateur de la situation des entreprises.

Trois facteurs se conjuguent pour dynamiser le marché du poids lourd : la croissance du secteur, le vieillissement des parcs et, ce qui est lié, les évolutions rapides des matériels.

Les transporteurs investissent pour pouvoir répondre à la demande, car on assiste actuellement à une progression de l'activité qui se situe entre 7 % et 9 %. D'autre part, les matériels neufs sont plus performants, consomment et polluent moins, ce qui est un facteur d'économies. Mais, cela peut cacher d'autres réalités. On voit beaucoup d'entreprises qui font des remontées de plus-value.

Beaucoup renoncent à la propriété de leur parc et optent pour des véhicules neufs qui sont pris en location financière. Cela contribue à un certain appauvrissement des entreprises qui me paraît actuellement très symptomatique. L'inflation des coûts que subissent les entreprises de transport routier depuis 18 mois n'a jamais été aussi forte ni aussi brutale. Je crains que les comptes financiers de l'année 2000 ne soient pas très beaux à voir. La décrue des dépôts de bilan dont on se réjouit aujourd'hui pourrait bien connaître très prochainement une tendance inversée.Le volume des immatriculations ne traduit pas du tout la santé des entreprises, j'en suis convaincu...

Europe« Ne pas laisser mettre le pavillon français hors jeu »

OTM : Depuis deux mois, c'est Jean-Claude Gayssot, le ministre français, qui préside le conseil des ministres des Transports européens. Selon vous, quels sont les différents dossiers qu'il serait souhaitable - voire indispensable - de débloquer ?

J.-L. A. : Il faut impérativement harmoniser les conditions de concurrence entre les différents pays membres de l'Union européenne. Les principaux dossiers européens qui doivent être réglés en urgence sont avant tout ceux qui ont trait à l'harmonisation sociale et fiscale. Cela inclue la fiscalité directe et indirecte et, notamment, l'homogénéisation des taxes sur les carburants.

Je pense que Jean-Claude Gayssot ne doit pas laisser mettre le pavillon français hors jeu.

Il a le devoir d'aller dans ce sens. Il se trouve actuellement à un poste stratégique qui lui permet d'avoir une vision globale des problèmes. S'il agit dans ce sens, il peut être assuré d'avoir le soutien de tous les transporteurs. S'il veut harmoniser la profession par le haut, personnellement je ne suis pas contre, mais il faut harmoniser d'abord.

Métier« La profession doit être unie pour se reconstruire une image »

OTM : sur quel chapitre, en France, le transport routier doit-il encore évoluer, selon vous ?

J.-L. A. : J'aimerais que l'on ait un peu plus de considération pour notre profession. C'est un secteur économique important et il subit de façon incessante des attaques injustifiées. C'est très dommage. La profession a besoin de revaloriser son image de marque. C'est indispensable car c'est l'une des causes de ses difficultés actuelles. Tout est lié, en effet. Elle est actuellement confrontée à une grave pénurie de chauffeurs et je pense que ce phénomène de désaffection pourrait se régler par la revalorisation du secteur en terme d'image. Je suis convaincu également que cela ne peut que se faire qu'avec l'unité de la profession.

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