Une modération fiscale ou des blocages

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Un dispositif garantissant le lissage du prix du carburant au niveau moyen enregistré en 1999 et un remboursement de TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) de 70 centimes par litre au titre du 1er semestre 2000. C'est ce qu'attendent les organisations professionnelles de transporteurs du plan d'allègement fiscal annoncé par le gouvernement. Si cette attente était déçue, elles menacent d'un mouvement de protestation. Ensemble ?

La création d'un mécanisme de stabilisation du prix du gazole et la rétrocession des 70 centimes par litre de carburant consommé au premier semestre 2000 correspondant à la différence entre le prix moyen observé en 1999 et le prix actuel du carburant. Telle est la plate-forme revendicative sur laquelle se sont accordés TLF (Fédération des entreprises de transport et logistique de France) et l'Unostra le 28 août. Une demande chiffrée à laquelle la FNTR (Fédération nationale des transports routiers) pourrait se rallier. « La référence au niveau moyen de 1999 pour lisser le prix HTVA du gazole nous semble un cours réaliste et pérenne. Il correspond à un baril à 23 dollars, niveau auquel celui-ci pourrait se stabiliser au niveau mondial d'ici quelques mois », indique Alexis Bordet, délégué général aux activités routières de TLF. Le remboursement de TIPP permettrait quant à lui « d'effacer les hausses rapides et répétées du gazole qui n'ont pu être répercutées sur les clients depuis le début de l'année ». Pour Christian Rose, secrétaire national de l'Unostra : « Le gouvernement doit donner aux entreprises un signal fort. Nous lui demandons un effort d'ordre structurel et exceptionnel au titre de l'année 2000. On peut espérer que, par la suite, le prix du baril revienne à un niveau normal, entre 25 et 28 dollars, soit un prix à la pompe compris entre 3,90 à 4 F HT maximum. » Ces deux requêtes ont été présentées par l'Unostra et TLF lors de rencontres avec les cabinets du Premier ministre et du ministre des Transports les 27 et 28 août.

C'est donc sous un front relativement uni que les trois organisations de transporteurs entendent «se manifester » afin que le secteur ne soit pas oublié dans le plan d'allègements fiscaux dévoilé le 30 août par le ministre des Finances. Et organiser la riposte si tel était le cas. La FNTR annonce la tenue, le 31 août, d'une réunion de ses présidents « afin de définir les modalités d'une action revendicative » si l'Etat ne « desserrait pas d'urgence l'étau fiscal ». Hormis une baisse significative et immédiate des taxes (au moins égale à la somme des hausses appliquées au titre du rattrapage de la fiscalité du gazole sur l'essence), elle demande, au plan européen, l'alignement du niveau de la TIPP sur la moyenne de l'UE (hors Royaume-Uni) des accises soit une TIPP ramenée à 2,07 centimes par litre (- 50 centimes/l en France), une véritable transparence du marché des produits pétroliers et un plan d'accompagnement du transport routier de marchandises. Si les dispositions gouvernementales s'avéraient insuffisantes, l'Unostra prévoit, elle aussi, d'entrer dans une phase d'action. « Avec ou sans nos partenaires » précisait, le 28 août, Christian Rose, qui évoque d'éventuels blocages autour des raffineries et dépôts pétroliers. « Nous ferons tout pour éviter un conflit. Mais si notre demande raisonnable et légitime n'était pas prise en considération, nous sommes prêts à nous engager dans une action de terrain commune », indique TLF qui réunira ses instances dirigeantes le 7 septembre.

Confrontés à une « pression extrême » de leurs adhérents, les responsables locaux des organisations professionnelles se disent soulagés de voir leurs instances nationales se mobiliser. Même avec un peu de retard. « Les transporteurs de fruits et légumes corréziens ont déjà manifesté, le 8 août, contre les hausses du carburant. Cette action a peut-être servi d'aiguillon », avance Jean-Louis Périé, président du syndicat FNTR de Corrèze. Pour autant, reconnaît-il, « les transporteurs prennent le train en marche derrière les agriculteurs et les marins-pêcheurs ». D'où la crainte exprimée par Jacques Sorlin, secrétaire de la FNTR Rhône : « Pour des raisons purement électoralistes, le gouvernement peut choisir d'accorder des mesures spécifiques à ces deux secteurs, satisfaire les automobilistes avec la suppression de la vignette automobile et... oublier le transport routier. » Aussi, TLF rejette-t-elle l'idée de se rapprocher des deux branches professionnelles pour faire valoir des revendications communes afin « ne pas brouiller le message à l'égard des pouvoirs publics ».

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