Près de 21 % d'augmentation avec 47 379 immatriculations, contre 39 274 en 1997. Le marché français des véhicules industriels de plus de 5 tonnes a approché en 1998 son niveau record de 1990, année au cours de laquelle 50 026 poids lourds avaient été immatriculés. Une progression qui confirme la part prédominante des tracteurs avec 26 340 unités, dont 26 249 lourds. Ces derniers représentent désormais 55 % du marché des plus de 5 tonnes de PTC et 67 % de celui des plus de 15 tonnes, créneau sur lequel la France a immatriculé en 1998 12 849 porteurs.
Les tracteurs lourds ont en fait entraîné le marché, avec une progression de 30 %, comme les porteurs trois essieux de 20 à 33 tonnes, dont les immatriculations ont progressé de près de 50 %. En revanche, les créneaux des porteurs deux essieux de 5 à 6 tonnes et de 12 à 16 tonnes régressent.
Dans ce contexte, Renault VI parvient tout juste à préserver sa part de leader avec 39 %. On est loin des 45 % de pénétration qu'affichait encore le constructeur français en 1993. Mercedes reste numéro deux avec 16,5 % tandis que Volvo avec 12,7 % s'empare de la troisième place devant Iveco, qui glisse de 13,4 à 11,1 %. Suivent Scania (7,7 %), talonné par Daf (7 %) puis Man (5,3 %). A noter les immatriculations de 13 tracteurs ERF et de 8 Kenworth, parmi les 340 véhicules de marques diverses enregistrés en 1998.
La spectaculaire progression des volumes n'a pas enrayé la guerre des prix. Selon Marc Claerr, directeur général VI de Mercedes-Benz France, un écart de 5 % se maintient depuis plusieurs années entre les prix négociés par les acheteurs et ceux que souhaiteraient obtenir les constructeurs. Pour un tracteur grand routier standard, les négociations se situent probablement aujourd'hui autour de 800 francs HT le cheval, soit environ 320 000 francs pour un modèle de 400 ch. Personne ne parvient à « vendre » options ou équipements de série rendus obligatoires depuis plusieurs années, comme l'ABS. Bien entendu, chaque constructeur se défend d'entretenir la guerre des prix. Il n'empêche que dans leur quasi-totalité, ils cherchent à maintenir ou à développer leur présence auprès des grandes flottes de 500 véhicules et plus. Celles-ci représentent aujourd'hui environ 10 % du marché français, dont elles entraînent les prix à la baisse. Le niveau tarifaire qu'elles exigent en France fait même référence pour les autres marchés européens. Parmi ceux-ci, l'Allemagne, le Benelux et l'Espagne commenceraient à se caler sur celui de l'Hexagone.
Man résiste. Man est en fait le seul constructeur dont il est a peu près certain qu'il tente de résister à la baisse continue des prix de vente. Quitte à limiter sa présence auprès des petites et moyennes entreprises, plus sensibles que d'autres aux performances techniques et à l'image de marque de leur flotte. Man est ainsi parvenu à maintenir sa part de marché à 5,3 % (5,25 % en 1997), grâce à un doublement des immatriculations de porteurs de gamme moyenne M 2000 et à une bonne performance en quatre essieux (respectivement 229 et 571 unités). Mais Jacques Bréheret, directeur marketing France, précise que, « en tracteurs, nous progressons moins que le marché avec 16,1 %. Nous avons en fait perdu des commandes à cause de délais de livraisons trop importants. En revanche, nous reprenons pied en fin d'année, grâce au lifting et aux nouvelles motorisations des F 2000. »
Présent sur le seul segment des plus de 16 tonnes, Scania France cède aux sirènes des grandes flottes. Le constructeur suédois a ainsi réussi à placer 150 tracteurs chez Norbert Dentressangle depuis 1997. Il est également parvenu à prendre pied dans le groupe Charles-André en 1998. Avec 3635 immatriculations, 1 998 est une année record pour Scania France, qui détient notamment 9,3 % du segment des tracteurs lourds. Remplaçant Dieter Mertz depuis décembre, Patrick Mosca, nouveau pdg de Scania France n'a pas pu commenter ces chiffres. Selon Mats Gunnarsson, directeur des ventes pour l'Europe du sud, la percée auprès des grandes flottes correspond à une nouvelle stratégie européenne de l'entreprise, qui souhaite poursuivre cette diversification en dehors de son créneau traditionnel des artisans et petites entreprises.
Daf persiste. Cinquième acteur du marché français avec 3297 immatriculations, Daf gagne encore un point en 1998. Ce succès s'appuie essentiellement sur le 95 XF, qui représente « la moitié de nos immatriculations », estime Roland Louédoc, directeur du marketing, qui souhaite poursuivre cette progression en 1999, fort d'un carnet de commandes bien rempli, notamment auprès de groupes comme Giraud ou la Savam. Cet effort pourrait être soutenu par des propositions de nouveaux contrats « full service ». Mercedes-Benz France mise également sur le service. Marc Claerr estime vendre aujourd'hui un véhicule sur 5 avec un contrat d'entretien. Il peut aussi compter sur sa filiale de location Charterway, qui représente 10 % des ventes françaises de Mercedes en plus de cinq tonnes. Le constructeur allemand affiche un total de 7812 immatriculations en 1998. Parmi celles-ci figurent 973 Atego, essentiellement des porteurs « légers » de 6 à 16 tonnes, commercialisés en France depuis avril. Le Truck of the Year 1999 remplit ainsi largement ses objectifs. Avec le complément des versions plus lourdes, qui sont entrées en commande à la fin de l'année, Mercedes espère immatriculer 1580 Atego en 1999. Côté tracteurs, le constructeur allemand bénéficie de l'arrivée à maturité de la gamme Actros, dont 3996 unités ont été immatriculées. Un chiffre insuffisant en regard de l'excellente performance de Volvo, qui enregistre 4538 immatriculations de tracteurs FH et reste numéro deux français de ce segment derrière Renault VI. Le suédois totalise 6021 véhicules de plus de 5 tonnes immatriculés en 1998, auxquels il faut ajouter 30 Mitsubishi Canter de 6,5 t. En 1999, Jean-Noël Thénault, pdg de Volvo Trucks France, peut espérer maintenir ou développer ses positions en s'appuyant sur les nouveaux FM, présentés en 1998. Ces derniers devraient notamment lui permettre de refaire surface sur le marché des porteurs, notamment en gamme TP.
Iveco insiste. En parts de marché, le grand perdant de 1998 est Iveco, qui, avec 5275 immatriculations, perd deux points par rapport à 1997. Un repli essentiellement enregistré en tracteurs de gamme lourde. Directeur général d'Iveco France, Daniel Louis précise cependant que « notre situation financière est excellente » et que le mois de décembre est marqué par un net regain de ventes pour sa marque. C'est l'effet « Cursor ». 300 exemplaires de l'Eurotech équipé du nouveau moteur Cursor 8 ont en effet été commandés fin 1998. Ce véhicule atteint ainsi ses objectifs « flottes ». « Il nous reste à attaquer la clientèle des petites et moyennes entreprises, sur laquelle nous avons malgré tout préservé nos positions en 1998, grâce à notre réseau. En 1999, nous bénéficierons aussi du lancement de la version 10 litres du Cursor, dans notre coeur de cible ». L'ensemble des constructeurs mise sur une assez bonne année 1999, avec un objectif de 44 000 à 45 000 immatriculations. Le premier semestre devrait de toutes façons bénéficier du bon niveau de commandes de fin 1998. Plus loin, la visibilité devient plus faible, notamment en raison d'une conjoncture économique internationale très incertaine.
> Avec 6021 immatriculations, Volvo détient désormais 12,7% du marché français du poids lourd et 17,3% de celui des tracteurs lourds, ce qui place le constructeur suédois respectivement en troisième et deuxième position nationale.
> Daf a conquis encore un point de part de marché avec 3297 immatriculations dont la moitié sont des modèles 95 XF
> Renault VI préserve ses positions sous la barre des 40% du marché.