Le coeur et la raison

Trois milliards de francs. C'est le montant d'une augmentation de capital qui vient d'être consentie à Renault VI par sa maison-mère, le groupe automobile Renault SA, dont l'Etat reste l'actionnaire principal à hauteur de 45 %. Cette injection d'argent est censée permettre au constructeur de véhicules industriels « une rupture de rythme » pour relancer son « européanisation au delà de sa base commerciale d'aujourd'hui », développer ses services, « amplifier son programme de réduction des coûts » et développer « la synergie entre les branches américaine (Mack Trucks) et européenne ».

En contrepartie, Renault VI, dont les résultats d'exploitation 1998 seraient encourageants, devra atteindre « les mêmes objectifs de marge et de retour sur fonds propres que la branche automobile ».

Sur des marchés européen et américain très concurrentiels, les dirigeants de Renault VI sont donc condamnés, en bons polytechniciens, à résoudre une impossible équation : augmenter la marge ET réduire les coûts ET gagner des parts de marché. Le tout en réussissant le passage franco-français aux 35 heures de travail hebdomadaire, sans sacrifier l'indépendance financière de l'entreprise nationale.

Pour y parvenir, ils semblent compter sur la pérennité des accords qui lient Renault VI, d'une part avec Iveco (un joint venture nommé Iris. Bus vient d'être créé pour fusionner en Espagne les activités autocars/autobus des deux constructeurs), d'autre part avec Daf pour la conception et la construction d'une cabine commune de poids lourd en gamme moyenne.

Mais, alors que l'Europe vient de se doter d'une monnaie unique, l'heure est-elle encore aux partenariats industriels et à l'indépendance nationale ? Rien n'est moins sûr. Les stratégies financières, privilégiant des rapprochements de grandes entreprises entre elles semblent plus porteuses d'avenir. C'est déjà la voie retenue par d'autres constructeurs européens de poids lourds. Volvo a ainsi lancé le 14 janvier un raid « inamical » pour acquérir 12,85 % du capital de Scania, en espérant devenir majoritaire. DaimlerChrysler (Mercedes) devrait bientôt annoncer le rachat de la branche véhicules industriels du japonais Nissan. D'autres mouvements suivront sans doute. Dans ce contexte, le coeur commande de souhaiter la réussite de Renault VI. Mais la raison...

Editorial

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