Le citernier Masuy (450 MF de CA en 1998, 800 salariés et 1 300 cartes grises), implanté à Couéron, à proximité de Nantes, a repris, à la fin du mois de novembre dernier, Aquitaine Route. Spécialisée dans le transport par citernes de produits inflammables et chimiques (hydrocarbures et gaz), Aquitaine Route a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires d'environ 50 MF avec 134 salariés et 90 véhicules moteurs. Basé à Floirac en Gironde, Aquitaine Route travaille essentiellement pour le compte des grands pétroliers pour lesquels il assure une distribution régionale dans le grand Sud-Ouest et une partie de la région PACA.
Avec ce rachat, le groupe nantais renforce ainsi ses positions en Aquitaine où il dispose désormais de 200 véhicules citernes. L'entreprise y est aussi présente à travers Rodière, spécialisée dans les produits chimiques et pétroliers « Cette acquisition a été guidée par la complémentarité qui peut exister entre Rodière et Aquitaine Route. Rodière, que nous avons repris en 1994 au groupe Resano, étant plus axée sur la longue distance », explique Jean Kintzinger, pdg de Masuy. Si les deux sociétés garderont leurs entités juridiques, elles seront toutes deux pilotées par un seul homme, Serge Ceyrat.
Après les prises de participation en 1998 dans une entreprise belge de Charleroi (Buxant) et dans une société madrilène, Masuy assoit ses ambitions dans le secteur très fermé du transport d'hydrocarbures par citerne. Spécialiste de la façade atlantique, 14 sites situés entre Bilbao et Brest, Masuy et son actionnaire principal (Sarp International) se sont volontairement lancés dans une stratégie de croissance externe. « Nous y sommes contraints. Nous assistons, dans notre secteur d'activité, à une concentration des transporteurs. Un mouvement impulsé par les clients qui, de plus en plus, réduisent la liste de leurs fournisseurs. Les pétroliers se regroupent et prennent une dimension européenne, comme l'atteste la récente fusion entre le belge Petrofina et le français Total. Les chargeurs resserrent donc, dans chaque pays, la liste de leurs fournisseurs tout en exigeant un haut niveau en matière de qualité et un rayonnement national pour ne pas dire européen », souligne Jean Kintzinger.
L'entreprise, qui mise en 1999 sur un chiffre d'affaires de 600 MF, est actuellement à la croisée des chemins. « Reconnaissons-le, nous sommes un peu court sur les appels d'offre européens. Actuellement, nous pouvons encore y répondre grâce des partenariats que nous tissons avec des confrères. Les clients accepteront-ils demain cette façon de procéder ? Je n'en suis pas persuadé. Faut-il, dans ces conditions, poursuivre notre politique de croissance externe en renforçant nos points faibles sur l'arc atlantique tout en gardant un oeil ailleurs ? Nous sommes actuellement en phase de réflexion », confie Jean Kintzinger. Quoiqu'il en soit, l'entreprise nantaise, qui ne réalisait que 60 millions de chiffre d'affaires en 1994, estime aujourd'hui qu'elle fait partie du dernier carré des transporteurs spécialisés dans le vrac liquide matières dangereuses en compagnie de Charles André, Samat et Bourgey Montreuil.