Situé à équidistance entre les métropoles du Havre et de Rouen, le château de Villequier a accueilli les membres de la CLTI et de la FFOCT de Normandie, le 16 décembre dernier, pour leur première assemblée commune sous la bannière de TLF.
«Nous avons l'habitude de nous croiser. Nous nous retrouvons parfois sur certains chantiers. Maintenant nous allons nous découvrir et commencer réellement à travailler ensemble...» affirment les loueurs et transporteurs industriels de la CLTI normande et organisateurs-commissionnaires de transports de la FFOCT. La toute nouvelle fédération normande des entreprises de Transport et Logistique de France a installé son siège social à Rouen. Cette union, qui revendique 110 entreprises adhérentes représentant plus de 4600 salariés, doit leur permettre d'être mieux écoutés et entendus à tous niveaux. Mais la mise en place de ses instances dirigeantes ne s'effectuera que dans le courant du premier trimestre 1999. Ce délai est la conséquence de la situation particulière de la région normande.
Contrairement aux transporteurs terrestres qui se sont déjà fondus dans la nouvelle fédération, les syndicats de transitaires et de commissionnaires maritimes en douanes du Havre et de Rouen adhérents de la FFOCT garderont - comme à Marseille, Bordeaux ou Dunkerque - leurs identités juridiques propres. «Nous sommes associés mais pas intégrés» indiquent-ils. Ces professionnels, qui fonctionnent sous un statut d'indépendants et non de sociétés, seront rattachés à TLF Normandie par le biais de leurs organisations locales. Ces dernières demeureront, par ailleurs, membres des unions maritimes des ports.
Au-delà de ces arguments, quelques réflexions appuyées ont permis de comprendre, lors de cette journée, que l'historique conflit fratricide entre Rouen et le Havre est toujours d'actualité. Jean-Claude Quentin, secrétaire général du syndicat des transitaires et des commissionnaires en douane du Havre et de la région, s'est étonné du choix de Rouen pour le siège de TLF Normandie. Il a instamment demandé qu'en premier lieu une délégation soit créée au Havre...
En attendant l'épilogue, les membres de TLF Normandie étaient invités à débattre de l'Europe. L'ouverture des frontières et la libéralisation du cabotage intensifiera, avec l'arrivée de la monnaie unique, les échanges intracommunautaires. Des responsables d'achats transports de grandes sociétés installées en Normandie ont témoigné de cette dynamique. Joël Gaudin, responsable des achats et de la logistique transport de la société Exxon Chemical (Notre Dame de Gravenchon) explique ainsi que la production du géant de la pétrochimie est organisée au plan continental. Chaque usine implantée en Europe ne fabrique qu'un seul produit qu'elle distribue sur tout le continent. Notre Dame de Gravenchon exporte chaque année 80% de sa production. Jean-Pierre Bacuez, directeur des transports et de la logistique de Nestlé France, confirme cette tendance à la prise en compte de la dimension européenne. En matière de politique d'achats, il dit rechercher toujours le meilleur prix. Mais, «cela ne signifie pas que nous sélectionnons toujours le mieux disant lorsque nous cherchons un transporteur» affirme le responsable. «Quand un prix est visiblement trop bas pour que l'auteur de l'offre puisse continuer longtemps à proposer de tels tarifs, nous ne le prenons pas. Nous établissons des contrats sur plusieurs années et nous tenons à ce que les entreprises qui travaillent avec nous soient susceptibles de tenir au moins ce laps de temps».
De l'autre côté de la table, Christian Boulocher de SEED Logistique; Marc Bréant, directeur de Karl Schmidt France et Jean Pierre Dehayes des Transports Bluet. Trois transporteurs qui ont avoué leurs inquiétudes quant aux futures conditions d'exercice de leur métier. Un sentiment encore renforcé par la volonté exprimée par le responsable d'Exxon de diminuer le nombre de ses sous-traitants.