Les grandes compagnies pétrolières privées ont vu leurs bénéfices chuter au printemps, prises en étau entre des prix du brut moins élevés et la nécessité d'investir sans cesse pour relancer leur production.
"Les compagnies pétrolières internationales n'ont pas eu une saison de résultats très brillante de part et d'autre de l'Atlantique", ont résumé les analystes de la Société Générale, dans une note consacrée aux résultats d'ExxonMobil. C'est le moins qu'on puisse dire, à la lecture des résultats publiés par les ténors du secteur. Le bénéfice net cumulé (part du groupe) des six plus grandes compagnies pétrolières privées (ou "supermajors"), à savoir les américaines ExxonMobil, Chevron et ConocoPhillips, les britanniques Shell et BP, et la française Total, a chuté de 29 % à 29,9 milliards de dollars. Seuls deux (BP et Total) ont bénéficié d'une amélioration, tandis que Shell et ExxonMobil ont vu leurs profits plonger de 60 et 57 % respectivement. Même si l'on exclut les éléments exceptionnels et les variations liés aux stocks d'hydrocarbures, les bénéfices globaux de ces compagnies (hormis Chevron, qui ne communique pas de bénéfice récurrent) ont chuté de 25 % à 23 milliards de dollars.
Un recul qui traduit des situations très contrastées, notamment dans l'aval (raffinage et chimie), mais qui confirme que, d'une manière ou d'une autre, ces supermajors font toutes face à une conjoncture qui se complique. D'un côté, elles doivent lancer sans cesse des mégaprojets pour compenser le déclin de la production de leurs gisements dits "matures" et tenir leurs objectifs de croissance. Ainsi, au deuxième trimestre, ces compagnies ont affiché des reculs de leur production de pétrole et de gaz allant de 1 % pour Shell à 1,9 % pour ExxonMobil, seules celles de Total et de ConocoPhillips ressortant en hausse.
Dans le même temps, le prix du baril de Brent, référence du marché pétrolier, a baissé de 5 % au printemps, et s'il a repris un peu de vigueur en juillet, il reste grosso modo coincé depuis deux ans et demi dans une fourchette allant de 100 à 120 dollars, sans donner signe de retrouver de sitôt son record de l'été 2008 à près de 150 dollars.
Le crépuscule des "majors" ?
Le très sérieux magazine britannique "The Economist" a même avancé dans son dernier numéro que la demande mondiale de pétrole pourrait s'approcher de son pic historique, et avancé que les supermajors seraient entrées dans leur "crépuscule". Un scénario qui s'appuie entre autres sur leurs coûts de production de plus en plus élevés. Ainsi, si le cours du baril tombait durablement sous les 100 dollars, leur rentabilité serait menacée. En outre, plusieurs de ces compagnies ont investi tardivement et chèrement dans le boom du gaz de schiste américain, avant que cet engouement ne se déplace vers le pétrole de schiste, et ont dû passer de lourdes dépréciations, comme ExxonMobil, Total ou Shell en ont fait l'amère expérience. Enfin, depuis plusieurs décennies déjà, les compagnies pétrolières publiques, qui contrôlent près de 90 % des réserves d'hydrocarbures de la planète, ont pris l'ascendant en termes de production sur les supermajors, à l'image de Saudi Aramco en Arabie saoudite ou de PDVSA au Venezuela. Ce qui force les groupes privés à nouer des alliances avec elles pour accéder à une partie de leurs ressources, comme BP l'a fait avec Rosneft.
D'après certains analystes, le contexte pourrait être propice à une consolidation au sein du secteur. Ainsi, dans le cas d'ExxonMobil, dont la valeur boursière dépasse les 400 milliards de dollars, "beaucoup considèrent qu'une acquisition majeure serait la meilleure manière pour l'entreprise de recréer des économies de fonctionnement, des synergies et de la croissance", a estimé la Deutsche Bank dans une note récente à ses clients. "Mais dans un monde où le baril de Brent est à 110 dollars, les candidats ne sont pas évidents", souligne-t-elle. Les proies potentielles sont en effet chères, hormis peut-être BP, toujours plombé par la marée noire de 2010, ou des compagnies de taille intermédiaire comme l'américain Anadarko.
Un recul qui traduit des situations très contrastées, notamment dans l'aval (raffinage et chimie), mais qui confirme que, d'une manière ou d'une autre, ces supermajors font toutes face à une conjoncture qui se complique. D'un côté, elles doivent lancer sans cesse des mégaprojets pour compenser le déclin de la production de leurs gisements dits "matures" et tenir leurs objectifs de croissance. Ainsi, au deuxième trimestre, ces compagnies ont affiché des reculs de leur production de pétrole et de gaz allant de 1 % pour Shell à 1,9 % pour ExxonMobil, seules celles de Total et de ConocoPhillips ressortant en hausse.
Dans le même temps, le prix du baril de Brent, référence du marché pétrolier, a baissé de 5 % au printemps, et s'il a repris un peu de vigueur en juillet, il reste grosso modo coincé depuis deux ans et demi dans une fourchette allant de 100 à 120 dollars, sans donner signe de retrouver de sitôt son record de l'été 2008 à près de 150 dollars.
Le crépuscule des "majors" ?
Le très sérieux magazine britannique "The Economist" a même avancé dans son dernier numéro que la demande mondiale de pétrole pourrait s'approcher de son pic historique, et avancé que les supermajors seraient entrées dans leur "crépuscule". Un scénario qui s'appuie entre autres sur leurs coûts de production de plus en plus élevés. Ainsi, si le cours du baril tombait durablement sous les 100 dollars, leur rentabilité serait menacée. En outre, plusieurs de ces compagnies ont investi tardivement et chèrement dans le boom du gaz de schiste américain, avant que cet engouement ne se déplace vers le pétrole de schiste, et ont dû passer de lourdes dépréciations, comme ExxonMobil, Total ou Shell en ont fait l'amère expérience. Enfin, depuis plusieurs décennies déjà, les compagnies pétrolières publiques, qui contrôlent près de 90 % des réserves d'hydrocarbures de la planète, ont pris l'ascendant en termes de production sur les supermajors, à l'image de Saudi Aramco en Arabie saoudite ou de PDVSA au Venezuela. Ce qui force les groupes privés à nouer des alliances avec elles pour accéder à une partie de leurs ressources, comme BP l'a fait avec Rosneft.
D'après certains analystes, le contexte pourrait être propice à une consolidation au sein du secteur. Ainsi, dans le cas d'ExxonMobil, dont la valeur boursière dépasse les 400 milliards de dollars, "beaucoup considèrent qu'une acquisition majeure serait la meilleure manière pour l'entreprise de recréer des économies de fonctionnement, des synergies et de la croissance", a estimé la Deutsche Bank dans une note récente à ses clients. "Mais dans un monde où le baril de Brent est à 110 dollars, les candidats ne sont pas évidents", souligne-t-elle. Les proies potentielles sont en effet chères, hormis peut-être BP, toujours plombé par la marée noire de 2010, ou des compagnies de taille intermédiaire comme l'américain Anadarko.