Le GNL représente une part croissante du secteur gazier, contribuant à rendre plus mondialisé, plus flexible mais aussi plus volatil un marché jusque-là dominé par les relations bilatérales de long terme dictées par les gazoducs.
Le commerce du gaz naturel liquéfié (GNL) - du méthane porté à très basse température pour le faire passer à l'état liquide et en réduire le volume, et ainsi pouvoir le transporter par méthaniers - existe depuis cinquante ans, mais son essor date seulement des années 90, grâce à des progrès technologiques. Ces quinze dernières années, les volumes échangés ont plus que doublé, passant de 100 millions de tonnes en 2000 à 244 millions en 2014, tirés notamment par la demande asiatique, qui représente aujourd'hui près de 60 % du marché. Et ils devraient atteindre 370 millions de tonnes en 2020, selon le cabinet IHS. Le GNL devrait ainsi croître en moyenne de 4 % par an, deux fois plus vite que la consommation mondiale de gaz.
"D'après nos prévisions, le GNL va dépasser le gaz en réseau d'ici 2035", a même estimé mardi 2 juin Bob Dudley, le directeur général du géant britannique BP, lors du Congrès mondial du gaz à Paris. "Le GNL a deux grands intérêts. Il permet de transporter du gaz sur de très longues distances plutôt que de construire des tuyaux sur des dizaines de milliers de kilomètres. Second avantage, sa flexibilité en termes de destinations. Nous pouvons réorienter des navires en fonction des demandes sur l'ensemble de la planète, ce qui est impossible pour les gazoducs", explique Laurent Vivier, directeur stratégie marchés et GNL de la division gaz et électricité de Total.
Nouveaux usages dans le fret
Après l'accident de Fukushima et la mise à l'arrêt de l'ensemble du parc nucléaire japonais, de nombreuses cargaisons initialement destinées aux États-Unis ont ainsi été déviées vers le Japon. Et, à côté des traditionnels contrats d'approvisionnement de long terme indexés sur les prix du pétrole, les achats dit "spot" (au comptant), plus flexibles, mais aux cours plus volatils, se développent. La demande de GNL est aussi tirée par de nouveaux usages dans le fret, en particulier maritime, où une nouvelle directive européenne réduit drastiquement les émissions de soufre autorisées. Il commence aussi à être utilisé dans le transport routier, où il pourrait "remettre en question la domination du pétrole" d'ici 2030, selon une étude d'IHS publiée mercredi 3 juin.
Une hiérarchie bousculée
Ce marché, aujourd'hui très morcelé, va vers une intégration et une mondialisation croissante. De 12 pays producteurs de GNL, on devrait passer à 21 en 2020, et de 11 pays importateurs, à 42. De quoi bousculer la hiérarchie mondiale, aujourd'hui dominée par le Qatar côté producteurs, et le Japon, devant la Corée du Sud, côté importateurs.
Côté exportations, les acteurs à suivre sont la Russie, avec le mégaprojet Yamal LNG dans les glaces sibériennes (développé par Novatek, Total et CNPC) ; les États-Unis, où le boom du gaz de schiste conduit à reconvertir pour l'export des terminaux d'importation; et l'Australie, avec la plateforme flottante Prelude (Shell) et les complexes d'Ichthys (Total et Inpex) et Gladstone (à partir de gaz de charbon, mené par Santos, Petronas, Total et Kogas). Ils seront peut-être rejoints, à partir de 2020, par l'Afrique de l'Est.
Chez les consommateurs, la Chine devrait, d'ici quelques années, dépasser le Japon. "La Chine a aujourd'hui sept terminaux méthaniers, et sept autres en construction, alors qu'elle n'en avait pas il y a dix ans", souligne Jérôme Ferrier, président de l'Union française du gaz.
À moyen terme, "la baisse des prix du pétrole pourrait avoir un impact majeur sur la production de gaz et les investissements en infrastructures", prévient toutefois l'Agence internationale de l'énergie, dans un rapport publié jeudi 4 juin. À l'heure où les compagnies doivent faire des économies, "en raison de la lourdeur des investissements nécessaires et de la longue durée des projets, les projets GNL sont une cible facile", souligne-t-elle. Si, dans les deux années à venir, la poursuite des projets déjà lancés se traduira par un afflux d'offre sur le marché, au-delà, "si le faible niveau actuel des prix persiste, les marchés du GNL pourraient se tendre sensiblement di'ici 2020", estime l'organisation.
"D'après nos prévisions, le GNL va dépasser le gaz en réseau d'ici 2035", a même estimé mardi 2 juin Bob Dudley, le directeur général du géant britannique BP, lors du Congrès mondial du gaz à Paris. "Le GNL a deux grands intérêts. Il permet de transporter du gaz sur de très longues distances plutôt que de construire des tuyaux sur des dizaines de milliers de kilomètres. Second avantage, sa flexibilité en termes de destinations. Nous pouvons réorienter des navires en fonction des demandes sur l'ensemble de la planète, ce qui est impossible pour les gazoducs", explique Laurent Vivier, directeur stratégie marchés et GNL de la division gaz et électricité de Total.
Nouveaux usages dans le fret
Après l'accident de Fukushima et la mise à l'arrêt de l'ensemble du parc nucléaire japonais, de nombreuses cargaisons initialement destinées aux États-Unis ont ainsi été déviées vers le Japon. Et, à côté des traditionnels contrats d'approvisionnement de long terme indexés sur les prix du pétrole, les achats dit "spot" (au comptant), plus flexibles, mais aux cours plus volatils, se développent. La demande de GNL est aussi tirée par de nouveaux usages dans le fret, en particulier maritime, où une nouvelle directive européenne réduit drastiquement les émissions de soufre autorisées. Il commence aussi à être utilisé dans le transport routier, où il pourrait "remettre en question la domination du pétrole" d'ici 2030, selon une étude d'IHS publiée mercredi 3 juin.
Une hiérarchie bousculée
Ce marché, aujourd'hui très morcelé, va vers une intégration et une mondialisation croissante. De 12 pays producteurs de GNL, on devrait passer à 21 en 2020, et de 11 pays importateurs, à 42. De quoi bousculer la hiérarchie mondiale, aujourd'hui dominée par le Qatar côté producteurs, et le Japon, devant la Corée du Sud, côté importateurs.
Côté exportations, les acteurs à suivre sont la Russie, avec le mégaprojet Yamal LNG dans les glaces sibériennes (développé par Novatek, Total et CNPC) ; les États-Unis, où le boom du gaz de schiste conduit à reconvertir pour l'export des terminaux d'importation; et l'Australie, avec la plateforme flottante Prelude (Shell) et les complexes d'Ichthys (Total et Inpex) et Gladstone (à partir de gaz de charbon, mené par Santos, Petronas, Total et Kogas). Ils seront peut-être rejoints, à partir de 2020, par l'Afrique de l'Est.
Chez les consommateurs, la Chine devrait, d'ici quelques années, dépasser le Japon. "La Chine a aujourd'hui sept terminaux méthaniers, et sept autres en construction, alors qu'elle n'en avait pas il y a dix ans", souligne Jérôme Ferrier, président de l'Union française du gaz.
À moyen terme, "la baisse des prix du pétrole pourrait avoir un impact majeur sur la production de gaz et les investissements en infrastructures", prévient toutefois l'Agence internationale de l'énergie, dans un rapport publié jeudi 4 juin. À l'heure où les compagnies doivent faire des économies, "en raison de la lourdeur des investissements nécessaires et de la longue durée des projets, les projets GNL sont une cible facile", souligne-t-elle. Si, dans les deux années à venir, la poursuite des projets déjà lancés se traduira par un afflux d'offre sur le marché, au-delà, "si le faible niveau actuel des prix persiste, les marchés du GNL pourraient se tendre sensiblement di'ici 2020", estime l'organisation.